«Black Mirror» : de l’autre côté du miroir
Alors que la saison 6 de «Black Mirror» cartonne sur Netflix, France 2 prévoit une soirée spéciale avec la diffusion de six épisodes.
Il est audacieux de résumer «Black Mirror». La série est une anthologie, ce qui signifie que chaque épisode déroule sa propre histoire, un casting différent et un univers unique en lien avec les nouvelles technologies.
Influence et danger
En six saisons, «Black Mirror» a développé plus de vingt-huit récits dystopiques sur l’usage de la technologie et l’influence des écrans sur l’homme. Son créateur, Charlie Brooker, décrit ainsi, avec un humour grinçant, le monde de demain. Certains épisodes s’ancrent durablement dans les esprits. Notamment «Chute libre» (saison 3, épisode 1, diffusé ce lundi à 22.40), qui dépeint une société régie par la popularité personnelle, où chaque personne cote les autres de 0 à 5. Les mieux notés ont accès à de meilleurs services. «Black Mirror» dénonçait ainsi dès 2016 les prémices du système de crédit social en Chine, généralisé en 2020.
Charlie Brooker confie que les réseaux l’ont beaucoup inspiré pour cet épisode. «Chacun y joue un rôle, qui s’inspire grossièrement de qui vous êtes réellement, dans le seul but d’obtenir de l’influence et de marquer des points sur un plateau. Les êtres humains ont toujours prétendu être plus heureux qu’ils ne le sont vraiment ou plus talentueux. Mais maintenant, tout ça est codifié : il y a un nombre de « likes » impliqué et chacun dispose d’outils qui permettent d’optimiser son image ou d’y poser un filtre.»
Interactif
En 2018, «Black Mirror» se montrait innovant en proposant un épisode interactif, tel un jeu vidéo à choix multiples. Netflix est alors la première plateforme de streaming à proposer ce type de contenu, où l’abonné est maître des événements. «Bandersnatch» raconte l’histoire d’un jeune programmeur qui adapte un roman fantastique en jeu vidéo. Il commence peu à peu à douter de la réalité et se retrouve coincé dans un labyrinthe hallucinant… Cet épisode spécial propose plusieurs dénouements et dénonce le fait que nous sommes constamment influençables, dénués de tout sens critique.
Saison 6
Fraîchement débarquée sur Netflix, la sixième saison du show a reçu de nombreuses critiques positives. Mais si elle s’amuse à critiquer Netflix avec l’épisode «Streamberry», elle déçoit par son détachement du monde high-tech. En effet, trois épisodes sur cinq n’en font pas mention. Un tournant que le créateur Charlie Brooker s’est empressé de nuancer : «C’est clairement un choix assumé. J’étais tout à fait conscient du risque que, pour le public, « Black Mirror » ne devienne la série « la technologie c’est mal ». J’ai toujours trouvé ça frustrant, parce qu’elle ne dit pas que la technologie est négative, elle dit que les gens sont tarés.»
Cet article est paru dans le Télépro du 29/6/2023
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