Bientôt de la publicité en écran partagé sur France Télévisions

Les coupures publicitaires seront plus nombreuses, mais moins brutales
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

Le service public français s’aligne sur d’autres opérateurs européens (comme la RTBF) en proposant bientôt des spots par le principe de l’écran partagé pour le sport.

Il est bien loin le temps ou le PAF (Paysage audiovisuel français) s’était mis à «l’heure de France Télévisions». C’était en 2010, et avec la suppression de la publicité après 20h sur le service public français, les programmes de la soirée commençaient à 20h35. Dix ans plus tard, avec un démarrage du prime-time vers 21h10, l’échec de la réforme voulue par Nicolas Sarkozy est cuisant.

C’est aussi un échec au niveau commercial et publicitaire. En supprimant la publicité en soirée sur les chaînes publiques, le législateur français voulait aussi donner un coup de pouces aux chaînes privées en enlevant un acteur de poids du marché publicitaire à une heure de grande écoute. Pour compenser la perte du côté de France Télé, comme en Espagne, les opérateurs téléphoniques devaient être mis à contribution. Le tableau semblait idyllique, la réalité est toute autre…

Dix ans plus tard, les objectifs sont loin d’être atteints. Le marché de la pub télé est en berne et les caisses de France Télévisions sentent la différence, d’autant que l’audiovisuel public doit participer à l’effort de réduction des dépenses qui va se traduire par la suppression de France Ô et de France 4.

Pour joindre les deux bouts, France Télévisions doit donc avoir recours aux vieilles recettes : l’offensive publicitaire et commerciale. Malgré une nouvelle demande de retour en arrière pour remettre de la pub après 20h, la nouvelle loi française sur l’audiovisuel, discutée en novembre, ne devrait pas le permettre. Mais France Télé pourrait obtenir la possibilité d’avoir recours à l’écran partagé.

Une pratique qui vient des Etats-Unis (le «Split screen») et qui consiste à scinder l’écran en deux parties. L’une avec le programme télé, l’autre une page de pub. Rien de bien neuf pour les téléspectateurs belges puisque la RTBF y a recours, par exemple, sur la F1 ou le cyclisme. Et juste avant le journal télévisé, le décompte, c’est aussi de l’écran partagé.

Les chaînes françaises y auront droit, et pour France Télévisions, l’écran partagé dans les retransmissions sportives permettrait de réduire la note toujours plus élevée des droits. À titre d’exemple, les J.O. de Paris en 2024 devraient coûter jusqu’à 130 millions d’euros à France 2 et France 3 (1/3 du budget de la RTBF !). Si pour le principe de la nouvelle pratique publicitaire, les choses semblent pliées, FTV plaide pour que l’écran partagé (uniquement sur le sport) soit également autorisé après 20h. Le ministre de la Culture, Franck Riester n’est pas très chaud à l’idée.

À noter que depuis la rentrée, les jeux télévisés des chaînes publiques sont coupés par de la pub. Un premier pas avant d’autres programmes ?

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