Bernard Farcy : «Tout s’est enchaîné»

Bernard Farcy © Corbis via Getty Images
Nicole Real Journaliste

Dans «Meurtres à Honfleur», ce jeudi à 20h30 sur La Une, un ancien flic enquête sur un meurtre évoquant la légende d’Arlequin. Et c’est l’inoubliable interprète du commissaire Gibert dans la saga « Taxi » qui mène la danse.

Quand un corps est retrouvé dans le petit port honfleurais, Paul Mesnil, policier devenu restaurateur, va reprendre du service. Son interprète, Bernard Farcy (75 ans), est aussi le coscénariste de ce nouvel épisode de « Meurtres à… ».

Comment avez-vous eu l’idée de ce scénario ?

Grâce à un ami d’enfance qui possède une maison dans la région, je connais très bien Honfleur. À la tombée du jour, on y ressent une atmosphère énigmatique, genre Agatha Christie, qui s’épaissit avec la brume. Mon ami m’a suggéré d’en tirer une histoire. J’ai écrit un synopsis et tout s’est enchaîné.

La légende d’Arlequin existe-t-elle vraiment ?

Oui, nous l’avons choisie parce qu’elle est jolie et théâtrale. Cette légende, très commedia dell’arte, est aussi cinématographique et très imagée.

Vous êtes-vous inspiré de votre propre personnalité pour définir le profil de votre personnage ?

Un petit peu. En tant que coscénariste, plus ou moins consciemment, je suppose qu’on se réfère toujours à soi et son vécu. Pour interpréter un personnage, une partie est inspirée par ce qui a été imaginé par l’auteur et l’autre par ce que le comédien invente avec ses propres références.

Quel souvenir gardez-vous du rôle du commissaire Gibert ?

La saga « Taxi », énorme succès populaire aux 30 millions de spectateurs, m’a laissé, évidemment, un très bon souvenir. Gibert est un personnage poétiquement infantile, qui s’exaspère comme un enfant. Au sein d’une équipe dont les membres se complétaient très bien, il était celui toujours à côté de la plaque.

En 2005, dans le téléfilm « Le Grand Charles », vous incarniez le général de Gaulle. Comment avez-vous appréhendé ce rôle ?

Au départ, je croyais ne l’incarner que de loin, juste une silhouette avec un képi et les bras levés. Mais ce film évoquait une grande partie de sa vie. La confiance que m’ont manifestée le producteur et le réalisateur m’a convaincu que j’avais la carrure pour le jouer.

Quelle image gardiez-vous du général ?

Je me rappelle, à 4 ans, avoir vu sa silhouette en voiture dans les rues de Lyon. Plus tard, je me suis passionné pour ses conférences de presse parce que qu’il nous offrait un numéro d’acteur exceptionnel, avec une saisissante profondeur. Je n’ai jamais cherché à l’imiter, plutôt à l’interpréter. Je voulais rester dans une illusion convaincante et non un copier-coller. Au cinéma ce qui compte, ce n’est pas ce qui est vrai, mais ce qui est vraisemblable.

Dans votre carrière, qui a vous donné votre première chance ?

Dominique Besnehard qui, à l’époque plus important directeur de casting de Paris, est venu me voir dans un tout petit théâtre de Montparnasse. J’ignorais son statut, mais il m’a proposé de faire du cinéma. Grâce à lui, j’ai décroché un rôle dans le film de Jean-Jacques Beineix « La Lune dans le caniveau » (1983), avec Gérard Depardieu et Nastassja Kinsky. À Rome, dans les studios de Cinecittà, j’ai croisé De Niro, Fellini, Sergio Leone et même Anthony Quinn. Le tournage a été un rêve éveillé.

Avez-vous vécu la carrière de vos rêves ?

Je n’avais pas envie de vivre une carrière mais, comme un marin qui part sur l’eau, une aventure humaine passionnante. Tout ce qui m’est arrivé relève d’un enchaînement avec des rôles plus ou moins intéressants, décrochés plus ou moins facilement, mais j’ai toujours relativement bien vécu de ce métier sans avoir à exercer d’autres activités. J’ai surtout eu le bonheur de rencontrer des personnes comme Johnny Hallyday, Alain Delon, Belmondo ou Nathalie Baye, que je n’aurais jamais imaginé connaître.

Quel est le rôle dont vous êtes le plus fier ?

Très certainement de Gaulle car c’est le plus complet, le plus vaste et le plus riche. Il m’a permis d’incarner différentes facettes d’un individu hors norme. Malheureusement, je n’ai pas eu souvent l’opportunité de jouer ce genre de personnage à la Shakespeare. « Taxi » m’a permis d’acquérir une petite notoriété, ce qui est valorisant.

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