Ben Kingsley : «Gandhi ? Le rôle d’une vie !»

«Gandhi est complexe. Pour lui donner corps, il me fallait le remplir de force.», explique l'acteur © 1982/Carolina Bank/National Film Development

Incarner le Mahatma Gandhi, il y a pile quarante ans, a été, pour l’acteur Sir Ben Kingsley (78 ans), une épreuve. Et une chance ! Le film est à (re)voir ce lundi soir à 20h50 sur Arte.

Avec ses huit Oscars, dont celui du Meilleur acteur, 400.000 figurants et une préparation minutieuse en amont : l’œuvre de Sir Richard Attenborough consacrée à Gandhi fête ses 40 ans. Elle relate la vie d’un jeune avocat formé en Grande-Bretagne et devenu le père de l’Inde moderne après un long combat pour l’indépendance de cette nation.

Une si lourde mission

«Je suis fier de ce film», dit aujourd’hui le comédien Ben Kingsley, 78 ans. «J’espère que j’y serai toujours associé. Il m’a donné mon premier rôle principal. J’étais entouré de gens passionnés dont des Indiens désireux que ce récit soit raconté correctement et magnifiquement !»

Cette «mission» effraye d’abord l’artiste. Le réalisateur insiste, persuadé que seul Kingsley peut jouer le Mahatma (Grande âme). «La ressemblance physique était un préalable», dit-il. «Je pensais à Ben depuis que je l’avais vu. Personne ne m’avait frappé autant que lui !» L’intéressé accepte à la faveur d’un signe : «J’étais au théâtre de la Royal Shakespeare Company et je lisais des livres en coulisse pour oublier mon trac. Je suis tombé sur une biographie de Gandhi. Les anges me guidaient…»

Défi physique et spirituel

«Gandhi est complexe. Pour lui donner corps, il me fallait le remplir de force.» L’acteur visionne des documentaires, lit vingt-huit publications, visite les ruelles de Delhi avec des membres de la religion sikh, se met au yoga et maigrit beaucoup, au point d’inquiéter ses proches. «Je devais apprendre son langage corporel et le ressentir, comprendre sa haine pour l’Empire britannique, sa colère et son indignation face à la manière dont ses compatriotes étaient traités. Et comment il les a transformées si intelligemment en non-violence. Je devais trouver sa foi inébranlable dans le pouvoir de la vérité.» Kingsley a d’autres atouts : il est de descendance indienne. Fils d’un médecin indien et d’une mère juive russe – il a pour vrai nom Krishna Pandit Bhanji – il porte en lui la souffrance des peuples opprimés et a connu le racisme à l’école.

Porté par la foule

Cela touche les figurants en Inde : «Mon grand-père est issu du Gujarat, le même État que Gandhi. Quand ils l’ont su, aussi lointain soit-il, cela a soulagé leur cœur, ils ont été très accueillants. Pour ma première scène, j’ai dû m’adresser à 20.000 personnes. Toutes applaudissaient, m’encourageaient. Quelle belle énergie !» Le plus grandiose est à venir. Pour recréer les funérailles de Gandhi – assassiné en 1948 – le réalisateur pose un mannequin de cire dans le cercueil ouvert. Cela se voit trop à l’écran. L’acteur s’allonge alors durant les neuf heures de prises de vue du cortège funéraire. «Les gens m’ont regardé, scandant et chantant. C’était extraordinaire. Des femmes de l’ashram (ndlr : lieu de retraite) de Gandhi ont chanté son hymne préféré et m’ont porté !» Le comédien reste marqué par ce voyage au bout de lui-même : «Gandhi est en moi. Sa sagesse m’habite.»

Cet article est paru dans le Télépro du 11/08/2022.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici