Bardot, libre et rebelle
Réalisée par Danièle et Christopher Thompson, la série «Bardot» raconte, en six épisodes, la jeunesse (de 15 à 26 ans) d’une femme libre et audacieuse.
Rencontre, à Paris, avec les réalisateurs (mère et fils) et la ravissante Julia de Nunez, interprète de l’icône mondiale du cinéma.
Danièle et Christopher Thompson, pourquoi s’intéresser à Brigitte Bardot ?
D.T. : C’est le producteur Pascal Breton (à l’origine de la série «Sous le soleil») qui nous a sollicités. On s’est demandé si on avait vraiment envie de travailler sur ce projet. Puis, en se documentant, on a vu émerger un personnage qu’on a trouvé passionnant, romanesque, porteur, dans cette France des années 1950, de nombreuses thématiques telles que la condition féminine, l’émancipation des femmes, l’avortement…
Quelles ont été vos sources de documentation ?
C.T. : Il existe d’innombrables biographies de BB, mais nous nous sommes beaucoup plongés dans les articles de la presse de l’époque, depuis les tabloïds – c’était les débuts de la presse à scandale et des paparazzis – jusqu’à la littérature de grands intellectuels comme Marguerite Duras, François Mauriac, Roland Barthes… Tout le monde écrivait sur cette femme, dans toutes les couches de la société, en France comme ailleurs.
Avez-vous découvert des choses que vous n’imaginiez pas ?
D.T. : Beaucoup. Par exemple, on ne soupçonnait pas que cette jeune fille, symbole de liberté et d’émancipation, était issue d’une famille catholique bourgeoise parisienne. Elle a grandi à une époque où même dans les «meilleures» familles, on battait les enfants ; on était élevé, quel que soit le milieu, d’une manière qui serait jugée très violente aujourd’hui. C’était révoltant pour elle.
C.T. : Elle a subi des violences toute sa vie, d’abord de ses parents, de certains hommes, certaines femmes, la société… Elle a été harcelée, «animalisée », mise en cage, alors que tout ce qu’elle désirait, c’était l’inverse. Elle s’est battue, avec ses armes, contre tout cela.
Sa carrière artistique a finalement été très courte…
C.T. : Elle avait 39 ans quand elle a choisi d’y mettre un terme pour se consacrer à la défense des droits des animaux. Et les gens ont continué à s’acharner sur le personnage, à se moquer d’elle. Personne ne mérite un tel traitement. Elle n’avait pas choisi cette vie-là, elle a choisi celle d’après. C’était aussi une manière de reprendre le contrôle de sa vie.
Elle était féministe, finalement…
D.T. : Ce n’était pas une militante, mais elle était bien plus féministe que beaucoup dans ses actions, sa manière de vivre, ses choix de vie. Elle a été à l’avant-garde de ce que les femmes avaient envie de revendiquer : la liberté de son corps, de ses actes, de ses amours… Tout cela, elle l’a incarné sans le revendiquer de manière politique.
Brigitte Bardot vous a-t-elle donné son accord pour cette production ?
D.T. : Elle est au courant de l’existence de cette série, mais ne veut être concernée en rien. Elle nous a répondu : «Je vous fais confiance, mais je ne veux rien savoir !»
Trois questions à Julia de Nunez
Danièle et Christopher Thompson ont choisi, parmi plusieurs centaines de candidatures, la jeune Julia de Nunez, 23 ans, pour incarner Brigitte Bardot. Elle avait «ce quelque chose de désarmant » qui a séduit les réalisateurs.
Connaissiez-vous Bardot ?
Comme le public. J’avais déjà vu beaucoup de ses films et je la trouvais bonne actrice malgré ce qu’on disait d’elle à l’époque. Petite, j’avais été bouleversée par elle et son jeu dans le film de Clouzot («La Vérité», 1960).
Pourquoi vous, à votre avis ? Cette série, ce n’est pas vraiment un biopic. Dans la vision que les Thompson avaient de Bardot, quelque chose a dû leur faire écho chez moi. Bardot était authentique, sincère, on ne peut pas jouer cela, on ne peut pas tricher. Je ne pouvais pas l’imiter, mais l’incarner… Et puis physiquement, je pense que je lui ressemble un peu.
Comment est votre vie aujourd’hui ?
Ce tournage a été une parenthèse dans ma vie et je suis retournée à mes cours de théâtre. J’ai vraiment envie d’avoir une base solide de comédienne. D’ailleurs j’étais censée passer en troisième, mais j’ai décidé de refaire ma deuxième année de théâtre parce que j’en avais loupé une bonne partie.
Cet article est paru dans le Télépro du 4/05/2023.
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