Axel Hirsoux : «Je ne ferai plus de télécrochet !» (interview)

Axel Hirsoux : «Je ne ferai plus de télécrochet !» (interview)

Deux mois après le Concours Eurovision, notre représentant sort son premier single, «Bellissimo». Loin du style de «Mother» qu’il avait défendu à Copenhague, il s’agit d’un titre pop, plus à son image. Télépro revient sur son parcours…

Que retenez-vous de votre participation au Concours Eurovision de la Chanson ?

Quinze jours de travail intensif, beaucoup de fatigue, mais une expérience professionnelle unique, et la plus belle que j’ai vécue jusque-là… Je voulais chanter sur la scène de l’Eurovision depuis des années, bien avant «The Voice». Je suis très content de ce que j’ai donné. Si c’était à refaire, je n’hésiterais pas. Peut-être pas de la même manière, mais je le refais.

Surpris par votre classement ?

S’il n’ y avait eu que le public, je crois que j’aurais terminé 11e. J’ai été mieux perçu par les téléspectateurs que par les professionnels. Je savais avant de partir que j’avais un «après» qui m’attendait. J’y allais l’esprit tranquille, même si j’aurais adoré aller en finale.

La VRT était déçue du résultat ?

Le soir de la sélection nationale à Anvers, on me voyait aller en finale. On m’a expliqué qu’après ma prestation en demi-finale, les bookmakers s’étaient emballés et m’avaient fait remonter dans leur classement de la finale. Tout était fait pour qu’on y croit. En conclusion, les bookmakers de l’Eurovision ne sont pas une science exacte. J’en suis la preuve.

Vous croyez à la «théorie des votes de complaisance» qui empoisonne l’Eurovision ?

Je me trouvais dans une demi-finale où seuls les Pays-Bas étaient en lice parmi nos voisins, et donc ce serait difficile d’avoir beaucoup de points de pays proches. Maintenant, dans certaines régions, les chanteurs sont connus des pays qui votent. Est-ce politique ou pas ? Je ne saurais pas me prononcer. Pour moi, les chansons qui sont passées en finale méritaient d’y être. Si j’avais été juge, le programme de la finale aurait été assez proche.

Que pensez-vous de la victoire de Conchita Wurst ?

Le message sur le respect de la tolérance que fait passer le personnage est récompensé, et c’est une bonne chose. C’est un peu dommage que ce ne soit pas Tom Neuwirth (ndlr : le vrai nom de Conchita Wurst) qui ait gagné. C’est la preuve qu’aujourd’hui, il faut des artifices pour y arriver. Je peux comprendre que certaines personnes soient un peu moins euphoriques, mais nous sommes en 2014, il est temps que les choses évoluent. La chanson est ce qu’elle est. Et le coté James Bond des années septante, j’adore le style !

Vous auriez pu ajouter des artifices dans votre prestation ?

Non, parce que justement j’y suis allé en étant moi, et ma chanson avait toute une atmosphère autour de la sincérité. Conchita Wurst, c’est une drag queen et la femme à barbe, mais ce n’est pas que «ça». C’est quelqu’un de très doux et de très calme. Tom Neuwirth a dû avoir beaucoup de courage pour créer Conchita, et il l’assume très bien. Je serais incapable de le faire. J’ai préféré la carte de l’émotion, et je crois que ça s’est vu le soir de la demi-finale.

«Bellissimo» est assez loin de ce que vous avez présenté à Copenhague…

Je ne voulais pas m’enfermer dans le chanteur d’opéra «créé» pour l’Eurovision. Je ne suis pas un ténor, et l’étiquette «Pavarotti» ne me va pas ! Après l’Eurovision, je souhaitais quelque chose de totalement à l’opposé. «Bellissimo» est plus pop rock, dans un style variétés et commercial. En effet, le public ne m’attendait pas dans ce registre, mais c’est aussi un titre très vocal malgré tout. Les gens m’ont apprécié pour ma voix jusqu’ici, et c’est ce qui est aussi mis en avant. J’ai des goûts musicaux très éclectiques, et mon album le sera aussi. Je suis touche-à-tout et j’ai envie de surprendre..

Votre parcours médiatique se poursuit ?

Je viens de faire une tournée avec musiciens qui passe de ville en ville en Flandre, et je vais faire quelques émissions pour la promo de «Bellissimo» dont un jeu musical à la télé qui est annoncé pour la rentrée. Il y a plus de possibilités de faire des télés en Flandre qu’en Wallonie, où il manque des programmes de variétés. C’est un peu dommage.

L’engouement du public est toujours là ?

Je ne me sens pas moins porté, au contraire, les gens sont en attente parce que j’ai dû arrêter de chanter juste après l’Eurovision. J’ai eu des problèmes vocaux qui m’ont fait annuler tout ce qui était prévu. Je ne m’y suis remis que début juillet. Il y a toujours autant de fans qui m’interpellent sur les réseaux sociaux, et on me reconnaît dans la rue. Bien sûr, c’est moins intense qu’au mois de mai.

Des problèmes graves ?

Si je continuais à chanter, à ce moment-là, j’aurais dû arrêter définitivement. Entre le moment où je remporte l’«Eurosong» et l’Eurovision, j’ai fait une promotion intensive. D’une part, la Belgique était le dernier pays à désigner son candidat. Et d’autre part, tant au nord, qu’au sud du pays, on m’a beaucoup sollicité. C’est quelque chose qui n’était jamais arrivé avant, j’ai dû gérer la promo dans tout le pays avec un emballement identique. J’ai beaucoup parlé, j’ai eu des cours d’anglais pour partir au Danemark, les répétitions sur place où il faut chanter 6 ou 7 fois en 20 minutes… Tout cela, je l’ai un peu payé quand je suis rentré. Je n’alignais plus deux notes.

«Bellisimo», c’est l’apéro pour l’album qui va suivre ?

C’est le premier extrait, fruit d’une collaboration avec Universal Music. Je ne suis plus le candidat belge à l’Eurovision, je suis un artiste qui sort une chanson. L’album est prévu pour la fin du mois d’octobre, avec des titres en anglais et en français. J’ai le libre choix des chansons que je vais interpréter, si je n’aime pas le titre proposé, c’est «non». Il n’y a pas d’obligation, c’est une liberté extraordinaire.

Avez-vous envie d’écrire vos propres chansons ?

C’est dans les projets. Il n’est pas impossible que je me mette à écrire, mais pas à composer. Ce n’est pas trop mon truc même si j’ai étudié la musique et le solfège. Écrire un texte et le faire corriger par un auteur, me plairait. Chanter ses mots, avec son vécu, peut apporter une dimension toute autre à une chanson.

Il se murmure des changements au sein de «The Voice Belgique». Avez-vous été contacté ?

Pas du tout ! Je n’aurais aucune légitimité à me retrouver coach dans le programme, par contre assistant-coach, je ne dirais pas non… (Rires)

Vous avez fait une croix sur les télécrochets ?

On m’offre une carrière d’artiste, je ne vois pas pourquoi je referais ce type de concours. Des gens m’avaient conseillé de participer à «Rising Star» sur RTL-TVI, j’ai refusé. Je viens de faire l’Eurovision et j’ai signé dans une maison de disques, quel serait mon intérêt à continuer sur cette voie-là ? Je dois faire ma route en tant que chanteur maintenant. Mais j’encourage les gens à le faire, en se mettant bien dans l’esprit que l’après émission ne se construit pas tout seul.

Entretien : Pierre Bertinchamps

> Le single «Bellissimo» est disponible sur les plateformes légales de téléchargement

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