Avec «Patients» (La Une), Grand Corps Malade veut changer notre regard sur les handicapés
Ce lundi à 20.25, La Une diffuse «Patients», premier long métrage de Grand Corps Malade. À l’occasion de la sortie du film en 2017, le célèbre slameur se confiait à Télépro.
S’inspirant de son best-seller “Patients”, où il racontait comment un accident avait failli le paralyser pour toujours, Fabien Marsaud, alias Grand Corps Malade (du fait de son handicap et de sa grande taille, 1m 94), propose un film rare et puissant, coréalisé avec Mehdi Idir.
Comment avez-vous trouvé l’excellent Pablo Pauly qui interprète Ben, rôle principal faisant allusion à vos propres mésaventures ?
Il a gagné sa place durant le long casting. Nous avions pour but de n’employer aucune tête d’affiche. Pablo nous a épatés. Sa formation, à Paris et Londres, est prestigieuse et classique, mais ne l’a pas empêché de garder sa sensibilité et sa simplicité. Ce passionné est capable de se donner sans compter. Pablo a dépassé nos espérances durant la séquence où il se lâche sur ses sentiments et se confie à Samir, un pote d’infortune. Les larmes lui sont venues immédiatement, l’équipe a été prise à la gorge.
De quelle façon avez-vous préparé vos comédiens ?
Ils ont passé un mois au centre pour accidentés. On les a mis en fauteuil roulant. Ils ont rencontré de vrais patients et un ancien kiné. Il est devenu leur coach et a été le garant de tous les bons gestes. Je leur ai moi-même expliqué la situation, car tous n’étaient pas forcément renseignés sur les souffrances des tétraplégiques.
Le tournage a eu lieu dans le centre où vous avez effectué votre propre rééducation. Un choix cathartique ?
Non, pas plus que symbolique, d’ailleurs. Mais esthétique. Les couloirs y sont interminables, comme dans un labyrinthe. Ce lieu a du caractère et représente bien le long parcours que doivent suivre les personnes accidentées.
Le film est saupoudré d’un humour très beau et singulier, celui des handicapés. Est-ce une carapace pour eux ?
Cela nous sert à nous protéger, désamorcer le drame, sortir la tête de l’eau dans un quotidien très compliqué. De toute situation sombre naît un rire nécessaire à la survie. Il est très franc et très trash. Je tenais à le retranscrire au mieux.
À l’issue de votre convalescence, vous avez été le seul à être quasi guéri. Nourrissez-vous une certaine culpabilité ?
Oui, quel sentiment bizarre de se relever, d’être le seul au centre à être debout ! Difficile de gagner pareille bataille : on n’ose pas trop en parler avec ses potes en galère. Mais mon film a ce double but de divertissement et de vocation pédagogique. C’était important pour moi de poser un regard précis et réaliste sur cet univers. Au sortir du film, tout (télé)spectateur regardera forcément un handicapé d’un autre œil.
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