Arte Belgique ne sera-t-elle plus qu’une coquille vide ?

Arte Belgique ne sera-t-elle plus qu’une coquille vide ?
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

En perdant 2/3 de sa dotation, la fenêtre culturelle belge d’Arte se résume à sa plus simple expression : juste une enseigne. La place de la culture sur la RTBF fait débat.

Depuis le 1er janvier dernier, seul «Quai des Belges» reste programmé et représente, quelque part, la conscience d’Arte Belgique. La dernière de «Cinquante degrés nord» a été diffusée le 26 décembre dernier, mettant fin à plus de 8 ans de magazine culturel quotidien en prime time.

Une simple porte d’entrée vers le Plat pays ?

Le budget alloué à Arte Belgique n’est désormais plus que de 1 million d’euros (au lieu de 2,7 millions).

Il nous revient qu’avec ce montant, l’avenir de la fenêtre belge de la chaîne franco-allemande n’est pas florissant. Actuellement en sursis jusque fin 2015, «Quai des Belges» et «Vlaamse Kaai» pourraient changer de formule, mais surtout, à l’avenir, la chaîne colorée «noir-jaune-rouge» ne serait plus qu’un prétexte pour qu’Arte soit diffusée en Belgique.

La RTBF ne respecte pas ses premiers engagements

Selon nos informations, du million d’euros, la plus grosse partie servirait essentiellement à respecter les accords passés jadis entre la RTBF et Arte. En 1993, la RTBF devient le premier partenaire associé (en dehors du binôme franco-allemand) de la chaîne européenne.

Rappelons qu’Arte signifie «Association Relative à la Télévision Européenne», et est basée à Strasbourg, avec un financement à parité égale de la France et l’Allemagne.

Au départ, la RTBF devait produire une cinquantaine d’heures de programmes belges pour Arte, réaliser plusieurs «Théma» et fournir des images pour les JT. Déjà en proie à des lourdes économies, à l’époque, la télévision belge n’a jamais su tenir ses engagements. Ils seront assouplis quelques années plus tard.

Question de droit

Mais ce partenariat ouvrait surtout l’accès au câble à la 7e chaîne française. On se souvient de la création, en parallèle, du canal Arte 21 qui rassemblait l’offre culturelle de la RTBF sur une seule chaîne, avec le relais d’Arte à 19 heures. La Trois avant l’heure…

Depuis, les accords ont évolué, et la création d’Arte Belgique, en 2006, a eu pour effet d’offrir le «must carry» à Arte, comme toutes les autres chaînes de service public, en Belgique. Cela signifie qu’un opérateur est dans l’obligation de proposer la chaîne dans son offre. Mieux : celle-ci est même très bien classée sur la numérotation des décodeurs, souvent mieux qu’AB3.

La RTBF dément

Le service minimum avec un budget réduit, dès cette année, permettrait de conserver cet avantage. 80 % de la somme servirait à financer les coproductions avec la chaîne franco-allemande. Les 20 % restants seraient le véritable solde pour la grille d’Arte Belgique. Bref, pas grand-chose. La forme de «Quai des Belges» est d’ailleurs en réflexion…

Du côté de la RTBF, on n’est pas tout à fait d’accord avec ces affirmations et ces chiffres. «Si en effet, « Quai des Belges » va évoluer, pour le reste, le tableau n’est pas aussi sombre que « certains » veulent le laisser croire», précise-t-on au Boulevard Reyers.

Un nouveau magazine ?

Quant au magazine culturel qui devrait prendre la succession de «Cinquante degrés nord», dans un format hebdomadaire, il est bien à l’ordre du jour. «Des pourparlers avec des partenaires potentiels, vont démarrer au mois de janvier», expliquait Jean-Paul Philippot, avant la trêve des confiseurs.

Sa mise à l’antenne pourrait avoir lieu dans les prochaines semaines, si le dossier avance assez vite. Mais aucune date butoir n’est avancée.

La belgitude d’ARTE semble de plus en plus n’être qu’une coquille vide. Au grand dam de sa directrice, Carine Bratzlavsky, qui est difficilement joignable depuis la mi-décembre…

Pierre Bertinchamps

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