«Apocalypse» : une histoire de la guerre en couleur
Ce dimanche à 20h50, La Une diffuse deux nouveaux épisodes d’«Apocalypse», «Hitler attaque à l’ouest». La réalisatrice Isabelle Clarke et le documentariste et auteur Daniel Costelle, créateurs de cette série audacieuse, se confient en exclusivité.
Ils racontent l’histoire, avec un ton, un son qui colle au plus près de la réalité et des images colorisées, créant la polémique chez les historiens. Mais ils font confiance à leur «patte». Daniel Costelle (84 ans) et sa compagne Isabelle Clarke (60 ans) sont les créateurs de la série «Apocalypse» qui relate les grands événements de la guerre, de 1914 (Première Guerre mondiale) à 1991 (guerre froide), soit vingt-sept films en huit séries. Cette semaine, La Une diffuse «Hitler attaque à l’ouest», en deux volets.
Pourquoi revenir sur la figure d’Hitler ?
Daniel Costelle : Ce sujet reste encore énigmatique : plus on avance, plus on en apprend et… plus le mystère s’épaissit. Nous voulions montrer comment ce petit salaud d’activiste a pris le pouvoir dans un pays qui était alors la troisième puissance industrielle du monde, après les États-Unis et l’Angleterre !
Ces deux volets inédits sont-ils plus intenses que les précédents ?
D. C : Oui ! Voilà notre gageure : creuser plus loin. Cette fois, nous nous sommes positionnés du point de vue allemand.
Isabelle Clarke : Le portrait est très intime. Les images amènent une nouvelle lecture. La défaite des Alliés est vue différemment. On a toujours pensé qu’à cette époque, les Français avaient eu des accès de désespoir, mais en réalité, les hommes étaient pleins de bravoure. Les Belges ont aussi beaucoup lutté – nous aimerions leur consacrer un chapitre entier.
La collecte de films inédits tournés jadis est-elle toujours aussi passionnante ?
D.C. : Absolument ! Car des individus lambdas ont constitué d’incroyables fonds d’archives. Ces documents amateurs révèlent la barbarie du quotidien. Et cette fois, nous avons obtenu l’autorisation de l’Imperial War Museum de remettre en couleurs des captations jusque-là laissées en noir et blanc.
I.C. : On a ainsi découvert la vie d’une famille française dont le père, photographe, a gravé le quotidien. Originaires de Gisors (Normandie), ils se filment lors de leur départ, durant leur exode et à leur retour chez eux. Le plus touchant est la communion de leur fille dans l’église locale, juste avant le départ : elle est en aube et porte un cierge. Plus tard, ils retrouveront cette même église en ruine…
Au-delà des images de figures connues, est-ce là, le but ultime de votre série ?
I.C. : Oui, c’est la justification de notre œuvre ! Nous sommes des «étonnés» permanents grâce à ces trouvailles ! Nous avons sous les yeux l’optimisme à toute épreuve de simples citoyens persuadés que cela ne durerait pas. Leurs films sont des végétaux de la grande Histoire qui poussent et reviennent à la surface et enrichissent davantage nos connaissances. De plus, aucun d’eux n’a été protégé par un musée.
D.C. : C’est pour nous une immense fierté, une surprise et une joie perpétuelles !
Vous travaillez aussi avec des historiens…
Nous lisons d’abord le maximum de documents sur le sujet, visionnons les films. Puis interviennent les éminents Ivan Cadeau – officier du Service historique de l’armée française – et George-Henri Soutou, membre de l’Académie des sciences morales et politiques. Nous leur soumettons nos textes. Nous n’inventons rien ! Il n’y a ni extrapolation, ni parti pris.
Quels retours avez-vous du public ?
D.C. : De nombreux jeunes sont friands de notre travail de remise en couleur. La semaine dernière, nous avons reçu un courriel d’un pompier de Dallas, ancien marine. Il qualifie «Apocalypse» de chef-d’œuvre inouï. Notre but est atteint : ne pas faire tout ce travail juste pour une élite !
Cet article est paru dans le Télépro du 6/5/2021
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