«Apocalypse» : l’enfer «remis en couleur»

«Nous sommes des journalistes du passé. On montre les événements !» Ainsi se définissent les époux Costelle-Clarke, créateurs d’«Apocalypse» © Isopix

Créée en 2009, la série documentaire historique «Apocalypse» – dont La Une diffuse, dimanche, les deux nouveaux épisodes, est le fruit d’un long travail de fourmi. Ce dimanche à 20h50, La Une propose «Apocalypse, le crépuscule d’Hitler».

Réalisé par Daniel Costelle et Isabelle Clarke, couple en studio comme à la ville, «Apocalypse» suscite l’intérêt dans plus de 165 pays. Pareil succès est dû à des centaines d’heures de recherches et de montage pour chaque épisode, ainsi qu’à une présentation soignée qui n’a recours ni à d’anciennes interviews ni à des reconstitutions jouées par des comédiens.

Outre le talent des deux créateurs formés aux arts cinématographiques, des historiens apportent leur expertise, puis des techniciens restaurent son et images des archives dont 50 % sont des trésors inédits.

À la guerre comme à la guerre

«Nous sommes des étonnés permanents !», nous confient Costelle et Clarke, ravis de leur collecte de films amateurs. «Des individus lambda ont constitué d’incroyables fonds d’archives. Aucune d’elles n’a été protégée par un musée, ça resurgit, çà et là, enrichissant nos connaissances et celles du public. Ces films sont des végétaux de la grande Histoire qui reviennent à la surface.»

Le duo se tourne vers des historiens, recoupe leurs avis «afin de ne rien inventer, rien extrapoler» et colorise les images noir et blanc, exercice qu’il a baptisé «remise en couleur». Car celle-ci permet de plonger un public jeune au cœur d’événements essentiels à la mémoire collective, même si certaines scènes sont violentes.

«Pour moi, la guerre est la guerre. Il faut la traiter comme une maladie épouvantable de l’humanité», explique Daniel Costelle aux Inrockuptibles. «Nous sommes des journalistes du passé. On montre les événements ! C’est à ça que nous servons, à dire attention !»

Isabelle Clarke ajoute que leurs équipes se renseignent sur chaque plan pour savoir quel temps il faisait, de quelle teinte étaient les uniformes des uns et des autres, et font valider ce travail par un spécialiste si besoin est.

Le plus réaliste possible

Ces séquences dépoussiérées, revivifiées, instaurent ainsi davantage de proximité avec les spectateurs. «Ils ne savent pas comment ça s’est passé, eh bien on leur montre le mieux possible, le plus réaliste possible, le sang est vraiment rouge, les flammes sont rouges, les morts ne se relèvent pas !», note Daniel Costelle dans Ouest France.

L’acteur Mathieu Kassovitz, qui prête sa voix off à chaque documentaire, après concertation avec les créateurs, embraye dans le Parisien : «Si les cameramen d’alors avaient eu la couleur, pourquoi ne l’auraient-ils pas utilisée ? C’est bien d’avoir le film d’époque dans son contexte et la technologie d’aujourd’hui pour montrer ce que les gens voyaient jadis de leurs propres yeux !»

Hymne à l’être humain

Mais ce supplément de réalisme apporte aussi de l’émotion positive et met à l’honneur le quotidien durant ces moments sombres. Un ingrédient sur lequel Isabelle Clarke et son mari souhaitent aussi se focaliser. «Au milieu de cette sauvagerie, on arrive à donner un hymne à l’être humain, à la camaraderie, au courage et à la joie de vivre !», précisent-ils sur France Télévisions qui coproduit leurs œuvres.

«Les documents d’amateur montrent aussi cela : les gens vivent une vie normale, avec leurs joies, leurs soucis… tandis que la planète vit des heures dangereuses.» Entre ténèbres et lumière. 

Cet article est paru dans le Télépro du 17/11/2022

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