Anne Coesens («Pandore») : «Entre droiture et émotion»
Tel est l’un des thèmes centraux de la nouvelle série belge «Pandore» où le suspense, coécrit par l’actrice Anne Coesens, règne dans chacun des dix épisodes. À découvrir ce dimanche à 20h55 sur La Une.
À Bruxelles, à deux mois des élections, la campagne est perturbée par une accusation de corruption. Survient alors une agression tragique qui provoque la collision de quatre personnages confrontés à leur conscience : un politicien, une activiste, une journaliste et une juge d’instruction incarnée par Anne Coesens, également coscénariste de ce récit passionnant.
D’où vient l’envie de brasser des sujets aussi riches dans une même série ?
Quand on a commencé à l’écrire, avec Savina Dellicour et Vania Leturcq, c’était la période de #MeeToo, Trump, le Brexit, Erdogan, Bolsonaro, les fake news. Nous nous sommes nourries de livres et de podcasts pour cette actualité interpellante. En mettant cela en commun, nous avons créé la base de notre récit dans une arène politique, médiatique et judiciaire. Nous nous sommes aussi inspirées d’un roman, «L’Intérêt de l’enfant», de Ian McEwan, où l’auteur mêle les émotions d’une juge pour enfants et sa conscience face à un choix difficile. On s’est ainsi interrogées sur la frontière très poreuse entre les sentiments et les obligations professionnelles. Et comment cela pouvait se répercuter sur la vie des gens.
Au final, c’est plus un thriller émotionnel qu’une série politique…
Nous avons en effet choisi de nous focaliser sur les enjeux humains. Le personnage de Claire, la juge, est d’emblée confrontée à un dilemme cornélien : trahir sa droiture ou trahir son père. Elle reste droite, mais culpabilise puisque cela va avoir de tragiques conséquences sur sa vie familiale.
C’est vous qui incarnez cette juge. Avez-vous souhaité ce rôle dès le début ?
Oui. D’autres personnages étaient définis dès le départ comme le rôle de Ludivine, tenu par Salomé Richard. Nous l’avons invitée à donner son avis de jeune femme afin d’être proche des ressentis de sa génération. Nous avons aussi demandé les conseils de juges, de journalistes et d’activistes par souci d’authenticité.
Dès le premier épisode survient une agression sur une jeune femme. Votre avis sur cette violence «moderne», qu’on filme et poste immédiatement sur le Web ?
Vaste et délicat débat ! Nous avons longtemps débattu avant d’inclure cette séquence. Mais nous ne pouvions pas faire l’économie de cette violence, car elle existe. Et il était essentiel et évident de se placer du point de vue de la victime. Puis de se demander pourquoi des jeunes hommes peuvent avoir un comportement pareil. Car les violences sexistes et sexuelles doivent devenir un débat sociétal et politique.
Cet article est paru dans le Télépro du 10/2/2022
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