Alix Poisson («Germinal») : «J’ai été traversée par l’expérience physique et sensorielle du vrai courage»

L’actrice de 52 ans dit avoir été très marquée par son rôle de la Maheude, l’héroïque «gueule noire» de Zola © France 2/Banijay/Sarah Alcalay
Nicole Real Journaliste

C’est l’événement de l’automne sur France 2 : la minisérie en six épisodes «Germinal», nouvelle adaptation audacieuse et moderne du célèbre roman d’Émile Zola, à découvrir dès ce mercredi à 21h05.

Rencontre avec Alix Poisson qui incarne la Maheude.

Quelle a été votre réaction quand on vous a proposé ce rôle ?

C’était l’été, je l’ai appris par mon agent. Cette nouvelle adaptation de «Germinal» était un projet très ambitieux et audacieux. J’étais en vacances et j’avais prévu de lire deux épisodes du scénario par jour. Il était si brillant que j’ai tout lu d’une traite ! Ma rencontre avec le réalisateur (ndlr : David Hourrègue, «Skam») a renforcé mon envie de jouer absolument ce rôle.

Quel souvenir gardiez-vous du roman de Zola ?

Quel que soit l’âge où on les découvre, ces classiques des grands auteurs marquent à tout jamais. J’ai lu une première fois «Germinal» en secondaire. Grâce à un formidable prof de français, j’ai pris conscience de son importance. Lorsque je l’ai relu pour la série, j’ai été frappée par le nombre étonnant de problématiques soulevées et toujours d’une grande actualité. Cette forte résonance m’a secouée. Elle était une raison de plus pour tourner cette série aujourd’hui.

Quel regard portez-vous sur la Maheude, votre personnage ?

Dans le roman, elle est déjà très forte et complexe. Le roman contient des scènes inouïes que j’avais oubliées. Cette femme est bouleversante de générosité. Cette guerrière pacifique n’hésite pas à œuvrer pour les générations futures. C’était un rôle magnifique à incarner. Au début, elle n’a pas le recul mental pour s’interroger sur le monde et elle quémande de la nourriture, mais toujours avec dignité. Il y a encore tant de gens qui ne mangent pas à leur faim…

Face aux événements, comment évolue-t-elle ?

La Maheude passe du stade presque binaire du «manger et protéger» à l’éveil d’une conscience sur une vie meilleure. Elle ressent, d’une façon plus instinctive que cérébrale, que si le combat est mené jusqu’au bout, il ne servira à rien dans l’immédiat mais il aidera les générations futures. Elle est prête à tous les sacrifices et, à la fin, ça la rend un peu mystique. Elle figure parmi ces héros de l’ombre, animés par un courage incroyable, qui, sans qu’on le sache, participent à notre histoire à tous. Son destin est fou : elle sait qu’elle va tout perdre, et elle y va quand même !

Vous semblez marquée par ce rôle…

C’était une chance de l’interpréter. Ce n’est pas tous les jours qu’on vous propose un tel rôle. En général, j’essaie de choisir des projets de qualité. Ici, j’ai été étonnée de ressentir des émotions que, d’habitude, je ne perçois qu’au théâtre. La Maheude figure en bonne place dans ma galerie intérieure. En l’incarnant, j’ai été traversée par des émotions fortes, notamment l’expérience physique et sensorielle du vrai courage.

Cet article est paru dans le Télépro du 21/10/2021

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