Alexandre Cressiot («Les Cleaners» sur AB3) : «Le ménage peut devenir un jeu !»

Alexandre est tombé sous le charme de la Belgique ! © Prod.
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

La téléréalité d’AB3 pose ses seaux et ses torchons à Mons, ce jeudi soir, à 20h15. Rencontre avec un expert du ménage.

Du haut de ses 2m05, Alexandre Cressiot ne craint pas la crasse. La propreté, ça le connaît (c’est un ancien restaurateur), et c’est presque une passion. Et si on lui parle de sa taille et du mal de dos, il réplique par une gestion sportive du ménage. Avec Leslie, il a débarqué à Mons pour venir en aide à Audeline, dont la maman a développé le syndrome de Diogène.

Qu’est-ce que le syndrome de Diogène ?

C’est une pathologie diagnostiquée en 1973 aux États-Unis où une gériatre s’est aperçue qu’il y avait beaucoup de collections en tous genres. Et ça va des pièces de monnaies, jusqu’aux poubelles. C’est une personne qui conserve chez elles ses déchets mais qui les rangent de manière très méthodique. À terme, elle se coupe socialement du monde extérieur voire de ses proches et sa famille. Souvent, ce syndrome est lié à une très forte dépression. Au-delà de ça, on est dans de la compulsion, c’est-à-dire que dehors, elle va fouiller une poubelle et ramener deux ou trois choses qui lui plaisent. C’est un oubli total de soi…

Même si vous l’aidez, ça ne va rien changer…

Oui, s’il n’y a pas un suivi par la suite, et qu’il n’y a pas un travail de fait pour la soigner, en même pas deux mois, on recommence. Audeline n’est pas atteinte du syndrome, c’était sa maman qui vivait dans la maison.

C’est une tâche plus difficile de vider une maison avec autant de choses à jeter ?

Audeline était prête à faire le pas. Effectivement, quand les «Cleaners» arrivent quelque part, il faut psychologiquement être prêt à voir des choses disparaître. On ne jette pas tout. On donne, on recycle, on trie, on offre une seconde vie, etc… On nous demande de désencombrer, alors, on désencombre ! À Mons, il n’y avait pas grand-chose à garder, mais tout était dans un mauvais état…

En Belgique, on vous a parlé de «torchons», «lavettes»,…

La lavette, je connais. Je l’utilisais en cuisine. Ce qui m’a un peu plus perturbé, ce sont les septante et les nonante. (ndlr : Alexandre ne savait pas qu’un torchon en Belgique, c’est une serpillère en France, et pas un essuie de cuisine) Je n’étais jamais venu en Belgique, et j’ai adoré. J’ai prévu de revenir avec ma compagne faire du tourisme. C’est beau, chez vous ! Je vous avoue que je suis reparti de Mons en pleurant comme une madeleine. Les Belges sont super-accueillants. Je me suis senti bien tout de suite avec les gens qui étaient autour de nous.

Comment expliquez-vous que des personnes aient tant de problème à faire leur ménage ?

Je prône le non-jugement. Je ne supporte pas l’injustice, et les gens qui se permettent de porter un jugement. Qui sont les gens qui se permettent de juger des personnes dépressives ou qui, sur un moment, ont lâché prise ? J’ai vu passer des trucs sur Twitter qui étaient parfois limites. Les personnes chez qui nous allons ne doivent pas être prises pour ce qu’elles ne sont pas, c’est-à-dire des personnes sales, qui ne s’occupent pas de leurs enfants, négligées, etc… Ce n’est pas ça l’esprit «Cleaners». On arrive chez quelqu’un qui a une situation compliquée – qui peut arriver à tout le monde – et on essaie de les comprendre pour les aider.

Comment vous êtes-vous retrouvé dans les «Cleaners» ?

J’ai été mannequin-comédien. J’ai tourné dans des pubs, notamment une avec Tony Parker pour Bouygues Télécom en 2004. J’avais déjà fait pas mal de choses et j’ai vu un casting passer où on cherchait des maniaques du ménage. On m’a demandé une petite vidéo de présentation qui a été soumise à TF1 ? Et voilà…

Qu’est-ce qui fait que vous aimez le ménage ?

J’ai toujours été un peu maniaque. Dans ma chambre d’ado, je nettoyais mes mangas. Tout y était bien plié et bien rangé. En 1997, la cuisine est arrivée dans ma vie, et j’ai dû apprendre les processus d’hygiène HACCP (ndlr : pour Hazard Analysis Critical Control Point qui est une méthode de maîtrise préventive visant à garantir la sécurité alimentaire des consommateurs). Ça m’a passionné, et j’ai amplifié le tout professionnellement. J’ai appliqué ma «maniaquerie» dans mes cuisines. C’était parfois ch… pour certains collaborateurs, mais ça devenait une habitude et mes équipes ont pris le pli.

Contrôleur du protocole HACCP, ça ne vous intéressait pas ?

Je suis formateur-consultant en hygiène dans la restauration, mais je pourrais le faire, en effet. J’ai une grande taille, et vingt-quatre ans de cuisine ça use quand on est très grand… J’ai passé un master, et j’ai changé de métier.

Quels conseils donneriez-vous aux grands qui peinent à faire le ménage à cause de leur taille ?

Les bons gestes et les postures, c’est hyper-important de les appliquer au quotidien. Quand on est grand, encore plus. Je ne l’ai pas fait pendant vingt ans en cuisine, ça m’a valu un dos en carton. Alors qu’on nous apprend bien les bons gestes, comme de se baisser en pliant les genoux et pas en pliant le corps en deux. Il faut garder le dos droit… Pour le ménage, je recommande le sportnage qui allie le sport au ménage. Quand je fais les poussières, je me mets en position de squat, et je nettoie ce que je peux nettoyer. Si je ne sais rester que 5 secondes, je me relève, je fais autre chose, et je reviens. Ça peut devenir un jeu, le ménage ! On rend sa maison saine et on fait de l’activité physique. Tout ça, je l’ai élaboré durant le covid, j’en ai fait un livre «Ne jetez plus l’éponge !» (Editions Leduc S.) où je donne des astuces, et j’en sais quelque chose, je fais 2m05, et j’ai été opéré trois fois du dos…

Entretien : Pierre Bertinchamps

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