Alexandra Lamy : «Devenir une battante !»
Avec «Touchées» (ce mercredi à 20h30 sur RTL-TVI), l’actrice, héroïne de comédies comme de drames, se lance dans la réalisation. Avec un récit magistral et impressionnant.
Dans «Touchées», téléfilm inspiré de la BD éponyme de Quentin Zuttion, Alexandra Lamy (50 ans) relate le combat de femmes victimes de violences pour réapprendre à vivre, à s’aimer, à aimer.
Vous vous êtes entourée de comédiennes que vous connaissez bien, dont votre amie Mélanie Doutey et… votre fille, Chloé Jouannet !
Mais je les ai dirigées comme n’importe quelle autre actrice ! Mélanie est magnifique dans le registre du drame. Je la remercie de ne pas avoir hésité à se montrer fatiguée, avec des cernes, pour incarner Lucie, une mère divorcée, apeurée et défaite. Quant à Chloé, elle a été géniale. Bien que ce soit ma fille, si elle n’avait pas été à la hauteur, je ne lui aurais pas donné le rôle. Pas de cadeau ! Mais Chloé est très bosseuse – comme son père et moi ! – et le sujet la touchait. Elle est très engagée pour la cause des femmes.
Sa colère à l’écran est impressionnante…
Chloé était à fond dans son rôle. Elle a réussi à aller chercher la blessure de son héroïne, Tamara, abusée par son frère, et a eu la force d’en faire une battante. Durant le cours d’escrime thérapeutique, on peut sentir toute sa souffrance et sa rage dans sa façon de manier l’épée ! Elle extériorise l’agressivité que son personnage a encaissée !
Andréa Bescond (actrice abusée dans son enfance et coréalisatrice du film autobiographique «Les Chatouilles») fait partie du casting. Était-ce intentionnel de lui confier le rôle de la psy ?
J’ai pensé à elle tout de suite. Andréa est déjà, en quelque sorte, une thérapeute puisqu’elle connaît hélas ce que peut ressentir une fille agressée. Cette actrice parle très bien de ce problème, cela m’a permis d’avoir des dialogues ni trop verbeux ni trop longs entre la psy et ses patientes. J’ai aussi demandé au maître d’armes d’escrime thérapeutique de jouer son propre rôle car il n’y avait pas mieux placé que lui pour montrer comment accueillir et soigner des victimes brisées.
Votre fiction est pleine d’authenticité !
Le plus étonnant a été l’acteur Jean Fornerod, interprète du terrible mari de Mélanie Doutey. C’est quelqu’un de très gentil et engagé, lui aussi, aux côtés de son épouse, pour la cause féminine. Quand il s’est découvert en bourreau à l’écran, ça a été un grand choc !
Lors de leur réunion thérapeutique, vos héroïnes se présentent comme des résilientes. Peut-on vraiment guérir de ce genre de blessure ?
J’ai eu envie de montrer que l’on pouvait en tout cas s’extraire du statut de victime pour commencer à se reconstruire. Mais certaines, bien sûr, ne pourront pas tout oublier. D’autres restent dans le déni pour se protéger, comme Tamara, persuadée que son frère l’a touchée parce qu’il l’aime ! Mais grâce à la psychologue, elle réalise enfin que cette agression n’est pas normale et punissable !
Cet article est paru dans le Télépro du 17/2/2022
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