Albert Dupontel : «On devient tous fous !»

«Les cons, c’est vous, c’est moi, c’est tout le monde...», assène Alain Dupontel (ici avec Virginie Efira) © France 2/Gaumont/Manchester Films/Stadenn Prod

Honoré par sept César, dont celui du Meilleur film et du Meilleur scénario, «Adieu les cons» est une merveille de dérision et de poésie à ne pas rater. À voir ce dimanche à 21h10 sur France 2.

Atteinte d’un mal incurable, Suze (Virginie Efira) veut retrouver le fils qu’elle a dû abandonner à la naissance. Dans sa quête, elle croise des êtres qui luttent eux aussi contre le désespoir avec force et fantaisie. Rencontre avec le réalisateur et acteur, Albert Dupontel.

Votre film ne voit pas les technologies modernes d’un bon œil !

Le plus jeune des héros est un geek qui excelle dans la sphère 2.0. C’est même son refuge. Mais en tombant amoureux, il se rend compte qu’il ne sait pas dire «Je t’aime» et qu’être un crack en informatique n’est ni une qualité humaine ni une réussite sociale.

Hélas, nous sommes contraints de passer par les machines…

Oui et ça nous rend tous fous ! Mon film est une fable inspirée par «Brazil» qui préfigure la société actuelle où l’on est constamment fliqué. Cette dystopie n’est pas sombre, il y a beaucoup à en apprendre. Personnellement, je n’ai pas de bons rapports avec la technologie. Elle me surveille. Elle nous surveille tous avec ses algorithmes. Ce n’est pas normal.

Suze représente-t-elle ces gens dont la vie est entravée par la modernité ?

Absolument ! Cette femme est victime d’une administration totalement numérisée et aveugle, incapable de l’aider. Et surtout de la rassurer. Le récit montre que le monde moderne met beaucoup de gens sur la touche. Vous savez, je suis d’origine modeste et toute personne en difficulté qui se retrouve sur le carreau me touche…

Pourtant, vous injectez dans le parcours des personnages une magnifique poésie. Est-ce difficile de l’opposer au désespoir ?

On peut tous essayer de trouver un peu de légèreté. Mes héros sont malgré tout pleins de vie ! Le docteur Lint (Jacky Berroyer) souffre d’Alzheimer, mais aime l’existence et réussit à retrouver son épouse. Quant à Monsieur Blin (Nicolas Marié), l’employé aveugle, son quotidien est soudain embelli par la gentillesse de Suze qui lui redonne du courage.

Pour revenir au titre de votre œuvre, qui sont les… cons ?

C’est vous, c’est moi, c’est tout le monde. Nous sommes décontenancés, maladroits. Mais à notre décharge, chacun est confronté à une société étrange où rien n’est harmonieux. Ça change tout le temps et l’on n’a pas d’autre choix que de s’adapter comme on peut.

Cet article est paru dans le Télépro du 8/9/2022

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