Affaire Skripal  : « Panique en ville ! »

Anne-Marie Duff incarne Tracy Daszkiewicz, directrice de la santé publique de Salisbury © Arte/John Huw

Mars 2018. C’est la panique en Angleterre. La cause ? L’empoisonnement de l’ex-espion russe Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia à Salisbury. Une série, menée du point de vue de héros ordinaires, revient sur l’affaire. À voir ce jeudi à 20h55 sur Arte.

Coscénariste, avec Adam Patterson, de la série (en quatre épisodes) sur l’«affaire Skripal», Declan Lawn a mené l’enquête pour en retracer l’onde de choc. Entretien.

Declan Lawn, pouvez-vous replacer cet événement dans son contexte ?

Le 4 mars 2018, Sergueï Skripal, 66 ans, ex-espion russe, et sa fille Ioulia, 33 ans, sont retrouvés sur un banc, inconscients, devant un centre commercial de Salisbury (Angleterre). Trois jours plus tard, la police révèle qu’ils ont été exposés à un agent neurotoxique hautement mortel, le Novitchok. Le 8 mars, le policier Nick Bailey est dans un état critique après avoir été exposé au poison alors que le Novitchok est identifié dans la maison de Sergueï et Ioulia. Le 30 juin, deux nouvelles victimes du poison, sans lien apparent avec les Skripal, sont admises à l’hôpital de Salisbury… C’est la panique en ville.

Pourquoi avoir choisi de vous attacher aux anonymes de cette affaire, victimes ou sauveteurs ?

Ce qui relevait au départ de l’espionnage a touché des gens ordinaires. Nous voulions raconter la manière dont les autorités locales et les habitants sont parvenus à affronter cette catastrophe. Les histoires des victimes nous ont toujours intéressés car celles-ci sont souvent oubliées. Nous tenions aussi à relater des faits avérés et non des spéculations géopolitiques. Car on ignore toujours ce qui s’est réellement passé à Salisbury.

Comment avez-vous procédé pour l’écriture ?

Quelques mois à peine après les faits, nous sommes allés rencontrer les habitants. Pendant six mois, nous avons frappé aux portes. Très vite, nous avons su qu’il y avait une histoire incroyable et inédite à raconter. Alors que Nick Bailey, le policier empoisonné, et sa femme Sarah avaient à peine témoigné trois minutes à la télévision, ils nous ont parlé pendant cinq heures. J’étais ému et stupéfait par leur histoire. Une famille qui traverse de tels événements, c’est fort et dramatique. Nous avons construit la série à partir de ces témoignages.

Votre scénario met aussi l’accent sur Tracy Daszkiewicz, la directrice de la santé publique de Salisbury. Pourquoi ?

Héroïne et professionnelle hors norme, Tracy a sauvé des vies, aidée par une équipe extraordinaire. Elle se trouvait au cœur de la gestion du drame. On aurait pu penser que les opérations seraient conduites au plus haut niveau de l’État. Ce sont en réalité des gens comme elle qui ont porté le fardeau sur leurs épaules. Ils constituent le ciment qui permet à notre société de tenir. 

Entretien : Laure Naimski

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