Adrien Joveneau pour les 25 ans du «Beau Vélo de RAVeL» : «À l’époque, on nous voyait comme les babas cool de la RTBF !»
Depuis 25 ans, l’animateur de VivaCité donne des coups de pédales pour faire découvrir nos richesses et notre terroir, autour du réseau RAVeL.
25e édition, on vous sent ému…
Oui, je suis très ému… Plus le temps passe, et plus on accorde de la valeur aux choses importantes. C’est la même chose avec mes enfants quand il se passe quelque chose d’important dans leur vie. Le 25e anniversaire de mon émission, je n’arrive pas à me retenir. C’est le cœur qui parle. En un quart de siècle, on a résisté, on a eu des tempêtes, des moments difficiles… et nous sommes toujours là.
Imaginiez-vous un tel engouement, il y a 25 ans ?
Non. Nous n’étions même pas certains de faire une 2e saison. Ma direction m’a laissé faire parce que j’ai insisté et insisté encore. J’avais eu le feu vert pour une saison.
Combien de personnes avaient répondu présent ?
Pour la première émission, nous étions une soixantaine. Le directeur de la station m’avait dit que si j’arrivais à avoir 1.000 personnes pour la dernière de la saison, on resigne. Je vois encore les images à Eghezée où on était 1.000 ! La direction a cédé… À chaque étape, ça grimpait par palier. À l’époque, on nous voyait comme des babas cool, et ça a évolué, on nous a taxés de bobos. Aujourd’hui, le vélo, c’est branché quand on voit la communication de nos partenaires.
C’est le «Beau Vélo» qui a fait accélérer le développement du réseau RAVeL ?
Modestement, je vais dire que «oui» ! Quand on va dans une commune, les autorités font pression sur le politique pour que le circuit RAVeL soit prêt ou réparé. C’est une toile d’araignée qui s’étend grâce à ça. Le programme aide le réseaux RAVeL, le réseau nous aide, c’est un effet d’emballement de l’un vers l’autre.
C’est comme le Tour de France, on se bat pour vous avoir ?
Je ne m’impose nulle part. Comme dans ma vie privée, je n’y vais jamais si je ne suis pas invité. Dans le sens, où je ne m’impose pas quand on ne m’attend pas. On fait notre tour en fonction des demandes des communes. Et chaque année, la demande augmente. C’est donc parfois difficile de contenter tout le monde, d’autant qu’on essaie d’avoir un équilibre ville/campagne, difficulté du parcours,…
Il y a eu des refus ?
Non, puisqu’on ne demande jamais. Cette année, il y a des nouveautés surprenantes comme Auderghem, qui a posé sa candidature. Parfois, si on ne sait pas répondre tout de suite, la commune doit patienter un an ou deux.
Est-ce que vous êtes à l’origine du retour de Marie-Pierre Mouligneau ?
Marie-Pierre est une amie de très longue date, au-delà d’être une collègue. Et je trouvais que ce qui lui était arrivé était injuste (son éviction de l’antenne en 2019 – NDLR). La direction actuelle estime qu’il n’y a pas de raisons que Marie-Pierre ne revienne pas à l’antenne. On ne va pas épiloguer sur le passé… Marie-Pierre est une personnalité de la RTBF. Elle a du charisme et elle n’a jamais démérité. Elle est populaire : partout où elle va, le public, la reconnaît… Son retour pour les 25 ans du «Beau vélo», pour moi, c’est vraiment un cadeau. Ce n’est pas un one shot. L’idée est qu’elle prenne sa place dans le programme et qu’elle s’y installe. Ce ne sera pas juste une apparition, elle va s’impliquer vraiment tant à la radio, qu’à la télé.
En 25 ans, qu’est-ce qui a évolué ?
Ce qui me réjouit, c’est de voir les mentalités qui changent. Beaucoup de jeunes familles n’ont même plus de voitures. Ils se déplacent autrement. Pas seulement à vélo mais avec des voitures partagées et de la mobilité douce. C’est génial. Je ne suis pas contre le vélo électrique. C’est même très bien, et ça permet à chacun de faire des balades.
Vous n’y avez encore succombé ?
Non, je reste encore un peu distant… (rires). Un jour j’y passerai, mais tant que je peux rester avec un vélo musculaire, j’y resterai.
Comment est né «Le Beau vélo» ?
Avant le «Beau Vélo», nous avions fait une série avec Marie-Pierre qui s’appelait «Les Rayons de l’été». C’était déjà une émission à vélo… J’aime bien le vélo, j’aime bien la radio, en dehors des sentiers battus où on sort des studios, aller à la rencontre des gens, faire des sortes de chasses aux trésors. La résultante de toutes ces passions s’est traduite dans «Le Beau Vélo de RAVeL»
La Flandre n’a jamais copié le concept ?
Non. Nous avions essayé, et on a fait des étapes en Flandre et j’aimerais y retourner en 2024. C’est très difficile de créer des émissions en coproduction RTBF-VRT. En plus, il y a tellement de partenaires impliqués, que ça rend la tache encore plus difficile.
Quel est l’avenir du «Beau Vélo» ? Vous avez déjà 63 ans…
Je n’ai pas envie d’arrêter. C’est vrai que j’approche de la ligne d’arrivée théorique. Dans ma tête, je n’ai aucune envie que ça s’arrête, et tant que la direction me laisse faire, je continuerai… On verra bien.
Entretien : Pierre Bertinchamps
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