«Adamo est un être unique !»
Patrick Jeudy, le réalisateur de nombreux documentaires sur Marilyn Monroe, JFK, de Gaulle ou Poulidor, consacre un portrait riche et complet à cet artiste tant apprécié : «Adamo, ma vie la vraie», à voir ce vendredi à 20h50 sur La Une.
La Une passe une soirée intime avec Adamo, qui fêtera ses 79 ans le 1er novembre.
Patrick Jeudy, c’est la première fois que vous tournez un documentaire sur un chanteur. Pourquoi ?
Je suis un grand fan d’Adamo ! J’ai dit oui tout de suite lorsqu’on m’a proposé de réaliser son portrait ! Quinze jours après, je rencontrais Salvatore. Et j’ai pu me rendre compte que j’avais, malgré tout, quelques lacunes sur certaines de ses périodes artistiques.
Votre film montre en effet qu’Adamo a aussi écrit et chanté des chansons engagées à partir des années 1970…
On peut voir qu’il a un vrai regret à propos de ces créations. Alors que beaucoup de ses homologues se piquaient de faire des tubes engagés, on avait l’air de ne s’intéresser à Salvatore que pour ses hits fleur bleue ! C’est dommage car ces créations oubliées ou inconnues du grand public sont toujours de beaux objets, elles sortent de ses tripes. D’ailleurs, lorsqu’on observe toute sa discographie, on trouve des perles à chaque période de sa carrière. Et dans son grenier, Adamo a une cantine bourrée de cassettes d’airs inédits !
Il vous a aussi ouvert la chambre où naissent ses nouvelles chansons, où il compose, la plupart du temps la nuit !
Le fan que je suis en a été honoré et émerveillé. Il pianote, il enregistre sur un petit appareil les nouvelles mélodies qui lui viennent à l’esprit. Cela a été un grand moment de voir ça. J’ai aussi filmé d’autres séances où on le voit écrire et s’occuper des arrangements. Mais je n’ai pas pu tout inclure. L’important, pour moi, a aussi été de montrer des archives, celles des débuts et celles des triomphes. Mais notons qu’aujourd’hui, Adamo est au courant de tout, il écoute toutes les musiques, même du rap ! Il se renouvelle sans cesse. Et est toujours là, malgré les changements des générations.
Comment l’expliquer ?
Le jeune public l’a notamment connu grâce à la version d’Arno des «Filles du bord de mer». En fait, les Flamands ont toujours été très présents dans la carrière de Salvatore. C’est grâce à eux qu’il a eu ses premiers succès, après quelques premiers 45 tours passé inaperçus. Il a appris le néerlandais et a toujours été proche de la Flandre. Et vice-versa.
Justement, quelle est la part de belgitude en lui ?
Je lui ai carrément demandé s’il se sentait belge ou sicilien, il m’a répondu belge. Adamo ne renie en rien ses racines siciliennes, il parle régulièrement de son père et de sa mère qui ont tant compté pour lui. Mais c’est une question de reconnaissance et de gratitude : la Belgique a d’abord accueilli son père, venu travailler dans les mines car il ne trouvait plus de travail dans son pays, puis toute sa famille. Et c’est ici que Salvatore a fait sa carrière, même si, bien sûr, elle est devenue ensuite internationale.
De quelle façon le définiriez-vous ?
C’est un être unique ! Populaire auprès des citoyens belges. Au cours des trois ans de préparation du film durant lesquels nous nous sommes vus souvent, je n’ai jamais été déçu. C’est un homme sensible, affable, respectueux. Et il n’a jamais cédé aux sirènes du succès et à leur cortège d’excès. Alors que certains de ses homologues des années 1960 se sont mis en danger, lui a toujours résisté. Les groupies ne lui ont pas tourné la tête non plus. Mais il connaît et reconnaît encore aujourd’hui ses fans qui le suivent de concert en concert et viennent lui dire bonjour après le spectacle. Adamo est comme ses chansons. Chez lui, tout vient du cœur et parle au cœur !
Cet article est paru dans le Télépro du 20/10/2022
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