Ce mardi soir, à 20h50, Arte s’attaque aux «Violences sexuelles dans le sport» avec un document exceptionnel qui recueille notamment les récits d’anciens sportifs professionnels victimes d’abus.
«La première fois qu’il a abusé de moi, il m’a chuchoté à l’oreille que si j’en parlais à quelqu’un, il tuerait ma mère, mon père et mes frères. Il m’a aussi dit qu’il fallait faire ça pour devenir footballeur…» Paul Stewart fut une star du foot britannique. Il a joué en équipe nationale et dans les plus grands clubs, de Tottenham à Manchester City. C’est un grand gaillard de 56 ans, mais quand il raconte son histoire, il semble aussi fragile qu’un enfant. Paul Stewart a grandi dans une famille modeste de banlieue. Lorsqu’un entraîneur de foot l’a pris sous son aile, ses parents étaient ravis. Ils ignoraient que le jeune Paul allait subir quatre ans de viols répétés…
Paul Stewart est l’un des témoins du documentaire «Violences sexuelles dans le sport, l’enquête» diffusé mardi soir sur Arte. Mais il est loin d’être la seule victime. Rien que dans le foot anglais, les enquêteurs travaillent sur 3.000 affaires, 350 clubs et 300 suspects. En France, c’est une ancienne championne de patinage artistique, Sarah Abitbol, qui a brisé la loi du silence en début d’année. Son entraîneur l’a violée lorsqu’elle était adolescente. Un ancien rugbyman, Sébastien Boueilh, a aussi révélé avoir été violé tous les vendredis pendant cinq ans lorsqu’il se rendait à ses entraînements… Combien sont-ils à avoir subi de telles violences ? La principale étude sur le sujet a été menée en 2015 par l’Université d’Anvers. Les chercheurs ont interrogé 4.000 adultes ayant pratiqué un sport en club avant l’âge de 18 ans. 38 % déclarent y avoir subi de la violence psychologique, 14 % disent avoir connu des violences sexuelles. Un enfant sur sept subirait donc des violences sexuelles en marge du sport. Ce chiffre n’étonne pas les spécialistes, qui n’y voient qu’un secret de polichinelle.
Pourquoi le sport donne-t-il lieu à ces dérives ? D’abord parce que se crée entre l’entraîneur et l’enfant une relation faite à la fois de proximité et d’autorité. Certains coaches se positionnent même en mentors tout puissants. D’autant qu’on assiste en parallèle à une déresponsabilisation de certains parents…
Extrait d’un article paru dans Télépro du 27/08/2020