AAM5939, alias Rascar Capac, la momie de Tintin

La momie péruvienne est loin d’avoir livré tous ses secrets !    © Arte
Alice Kriescher Journaliste

L’archéologue Serge Lemaitre, épaulé par sa collègue Caroline Tilleux, tente de reconstituer l’histoire d’une momie précolombienne conservée à Bruxelles. 

Tintin est plongé dans un profond sommeil. À cheval sur le chambranle de la fenêtre de sa chambre, une effrayante momie tient dans sa main une mystérieuse boule de cristal et observe le plus célèbre des reporters endormi, un rictus inquiétant collé sur ce qu’il lui reste de bouche. C’est dans le treizième album des Aventures de Tintin, «Les Sept boules de cristal», publié en 1948, que les lecteurs découvrent, pour la première fois, la momie Rascar Capac ou «celui qui déchaîne le feu du ciel». Ce personnage a non seulement traumatisé Milou, mais il en fit de même pour une génération de lecteurs. Avant de naître sous le crayon d’Hergé, Rascar Capac a dû faire un long voyage. «Au milieu du XIX e siècle, le Baron Jean-Baptiste Popelaire de Terloo effectue un voyage à travers le Chili et le Pérou d’où il ramène trois momies», détaille le journaliste Pierre Ropert sur France Culture. «Il cède l’une d’entre-elles au Musée du Cinquantenaire.» Quelques années plus tard, en 1930, le musée bruxellois a pour voisin un certain Hergé. «Ce dernier a l’habitude de venir fréquenter les salles et collections», relate Sergio Purini, conservateur des collections d’Amérique aux Musées royaux d’art et d’histoire de Belgique. «C’est ainsi qu’il fait la connaissance d’une des momies péruviennes que possède le musée. Elle lui servira de source d’inspiration pour devenir l’un des personnages les plus célèbres de son œuvre, à savoir Rascar Capac, descendant d’un des grands incas et qui apporte sa malédiction sur les savants qui ont osé déranger sa tombe.»

Secrets d’Incas

Si Rascar Capac n’a plus de secrets pour les tintinophiles du monde entier, qu’en est-il de la momie d’origine ? Malheureusement, ou heureusement pour les amoureux de mystère, hormis une arthrose avérée, on n’en sait pas grand-chose. «La datation de cette momie est imprécise», confesse Sergio Purini. «En comparaison aux autres momies qui proviennent du même endroit et le type de tissu qui les emballait, nous pouvons estimer que celle qui a servi de modèle à Rascar Capac appartient à une période que l’on appelle «l’intermédiaire récent» qui se situe entre 1100 et 1450 après J.-C.»

Le documentaire «Tintin et le mystère de la momie Rascar Capac» est diffusé samedi à 22h20 sur Arte.

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