5 questions à Bernadette Lafont («Paulette»)

Bernadette Lafont © France 2

Ce dimanche à 21h05, France 2 programme le film «Paulette», l’avant-dernier film de l’actrice, disparue en 1993 à l’âge de 74 ans. Nous vous proposons de redécouvrir son interview au moment de la sortie en salles.

Quelle a été votre première réaction en lisant le scénario de «Paulette» ?

J’en faisais des bonds sur mon canapé ! J’ai immédiatement eu envie de faire ce film ! J’ai été séduite par le côté «comédie à l’italienne», ce parfait équilibre entre humour et social et surtout, par la fraîcheur qui se dégageait de l’écriture, ce je-ne-sais-quoi de pas convenu, pas banal. Plus tard, lorsque j’ai appris que le script avait été co-écrit par des jeunes au sein d’un atelier d’écriture, ça ne m’a pas étonnée : quelle modernité !

Était-il prévu dès le départ que vous ayez le premier rôle ?

Je crois que Jérôme Enrico avait pensé à moi, mais il fallait convaincre la production, d’autres comédiennes étaient sur les rangs. Je ne connaissais pas du tout Alain Goldman mais pour la première fois de ma vie, j’ai vaincu mon trac et pris mon téléphone pour dire mon envie et mon enthousiasme. Il a été très charmant mais j’ai attendu longtemps la réponse. Un jour, j’ai eu un coup de fil me convoquant dans les bureaux de Légende. Je me doutais que c’était pour me donner un rôle, mais était-ce Paulette ou l’une des copines ?? Who knows !

Pourtant, au début du film, Paulette est raciste, méchante, au bord de la clochardisation… Ça ne vous a pas fait peur d’incarner une teigne pareille ?

Au contraire ! C’est le côté joyeusement amoral du personnage qui m’a séduite ! Et même si le film est une fable, les Paulette, ça existe dans la société actuelle… Pour prendre sa défense je dirais que Paulette est une femme abîmée par la vie, mais dont la force vitale est intacte. Sa combativité et son courage font qu’elle mérite que les choses s’arrangent pour elle, même si tout cela n’est pas très légal !

Le tournage a-t-il été difficile ?

Oui et non. J’ai adoré faire ce film, mais j’ai quand même mis deux mois à quitter le personnage. Au delà des scènes de bagarres, très physique, il m’a fallu apprendre à tout « lâcher », au sens propre comme au figuré.

Sur le fond, le film est sombre. Pensez-vous, vous aussi, que la société abandonne ses personnes âgées ?

Je ne suis évidemment pas dans la même situation matérielle que Paulette… Mais je pense qu’au-delà des milieux sociaux, il y a une constante quand on vieillit : un sentiment d’inutilité et même parfois d’abandon. Pour une comédienne de mon âge, avoir un premier rôle dans un tel film, c’est un cadeau inespéré ! Si Paulette peut faire passer le message : « Ne nous laissez pas tomber, on peut encore servir » ce serait déjà bien ! (rires)

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