Rencontre : Marc Ysaye nous parle de sa «Route du Blues»
Le patron de Classic 21, qui est aussi notre chroniqueur musical hebdomadaire, présente son nouveau bébé : une triple compilation de blues éditée en collaboration avec Télépro.
Tout juste de retour de Memphis après avoir sillonné à nouveau les légendaires «roads» américaines, Marc Ysaye nous présente le coffret 3 CD «La Route du Blues» qui paraît ces jours-ci chez tous les bons disquaires. Déjà un magnifique cadeau à placer bientôt sous le sapin !
Entretien : Philippe Jacquemin
Comment est né ce projet de compilation blues ?
Il y avait d’abord ces voyages à moto répondant à mon envie d’emmener nos auditeurs dans des destinations un peu lointaines. Cela a commencé avec la Corse que nous avons parcourue deux fois. Je me suis alors dit : «C’est super, mais il faudrait franchir un pas vers la « Route du Blues »». C’est quelque chose que je voulais faire depuis longtemps. Dès qu’on en a eu l’occasion, c’était parti ! Et ça a été un succès incroyable : un voyage en Californie sold out en 36 heures, l’année dernière ! On en a ensuite fait un autre qui vient de s’achever avec autant de succès. Et puis, dans la foulée, il y a eu cette compilation…
Embarquer des «bikers» dans cette aventure a dû demander une fameuse organisation…
Sur la « Route du Blues », nous étions à peu près 110 personnes, soit une soixantaine de motos – qui emmènent souvent des couples -, des motards en solo et quelques personnes qui ont suivi en voiture. C’est vrai que c’est une fameuse organisation, mais nous travaillons avec des sous-traitants.
Cette triple compilation est-elle l’aboutissement de ce périple ?
Une continuité, en tout cas. Le blues reste une musique extrêmement vivante même si elle n’est plus sous le feu de l’actualité. C’est une musique qui est plus que centenaire maintenant, mais qui continue de bénéficier d’un succès d’estime de la part des auditeurs belges. Il était logique de se dire «pourquoi pas faire une compilation» étant donné que nous en avions déjà fait plusieurs avec Classic 21, sous l’appellation «Classic Rock». Au départ, je voulais faire une simple compil’, puis on est passé à une double, puis à une triple tant la matière était riche. Par ailleurs, il est plus «simple» – même si c’est toujours compliqué ! -, d’obtenir des droits sur des morceaux enregistrés il y a 40 ou 60 ans. Bien plus que ça ne l’est pour Muse… (rires). Je suis excessivement heureux que nous ayons pu obtenir les droits, par exemple, pour BB King, Elvis Presley, Jefferson Airplane, Chicken Shack, Eric Clapton…
«Nous sommes partis d’une centaine de titres»
Comment s’est déroulée la sélection de la cinquantaine de morceaux ? Qui préside au choix ?
Nous fonctionnons avec un collaborateur qui coordonne nos compilations depuis très longtemps – déjà même du temps de Radio 21 – et qui s’appelle Philippe Leclé. C’est lui qui a le boulot ingrat de devoir «cleaner», c’est-à-dire obtenir les droits des morceaux envisagés. Philippe passe son temps à envoyer des e-mails auxquels la plupart des gens ne répondent pas parce que les artistes sont morts ou que leurs ayant-droits sont injoignables… En général, quand nous demandons les droits pour trois morceaux, l’un d’eux est accepté. Nous sommes partis d’une centaine de titres, une liste établie avec Philippe qui est un fin connaisseur de musique, et nous avons envoyé nos requêtes. En définitive, il y a eu cette compilation de 50 morceaux et artistes dont certains m’apportent une joie infinie : Stevie Ray Vaughan, Johnny Guitar Watson, The Band, Bob Dylan… Il y a même ZZ top ! Il faut surtout imaginer que cette obtention de droits est difficile, surtout pour un petit territoire comme le nôtre.
Finalement, comme vous écrivez dans le livret, c’est l’accomplissement d’un «rêve de longue date»…
Je fais partie de cette génération arrivée dans la musique en plein boum du blues. On est en 67-68 et, moi, j’ai 13-14 ans et je découvre avec bonheur tous les groupes qui seront mes idoles et qui pratiquent le blues : Deep Purple, Led Zeppelin… Très tôt, j’ai nourri ce rêve d’aller au fameux cross-road de Clarksdale, l’intersection de la Route 49 et de la 61, où Robert Johnson a vendu son âme au diable contre la recette du blues… Je me suis rendu compte qu’énormément d’auditeurs de Classic 21 caressaient le même rêve et c’était très émouvant de s’y retrouver dans le réel. Car il ne faut jamais oublier ces paroles de Muddy Waters : «The Blues had a baby and they called it rock and roll». Tout est là : le rock est l’enfant direct du blues !
«Trois mêmes passions : la radio, la moto et le blues»
Est-ce que l’élément supplémentaire était la moto ? Sont-ils indissociables ?
Non. (Rires) On peut aimer le blues et ne pas faire de moto. Celle-ci était un élément en plus car je suis motard et Classic 21 est «la» chaîne des sports moteurs en radio. Même si j’ai pratiqué beaucoup la moto et maintenant moins, j’ai été très heureux de proposer ces voyages. Maintenant, tout le monde n’est pas obligé de nous suivre sur deux roues, les autos sont les bienvenues, mais disons que la légende est un peu plus nourrie si on fait ces périples à moto. Au final, il y a une chose formidable que j’ai remarquée, c’est que tous les participants qui se sont retrouvés avec nous à Zaventem sont des auditeurs qui écoutent tous la même radio, aiment tous la moto et… le blues !
Terminons par une question difficile : si vous deviez établir un top 3 dans la sélection des titres de la compilation, quel serait-il ?
Waouh ! (Rires) Méchante question ! Je ne sais dans quel ordre mais je crois que je mettrais en tout cas Robert Johnson, c’est une évidence. Nous avons obtenu les droits de «Love in Vain», qui a été enregistré dans les années 30 ! Je mettrais aussi Eric Clapton, dont je suis un immense fan ! Et puis, après, il y a tellement de belles choses… Peut-être Stevie Ray Vaughan, qui reste quand même un des plus grands guitaristes de l’histoire du blues !
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