William Leymergie, emblématique lève-tôt de Télématin depuis plus de 30 ans

William Leymergie, emblématique lève-tôt de Télématin depuis plus de 30 ans
AFP

« Quand je me considérerai comme fripé et que je n’arriverai plus ici avec la joie au bide, j’arrêterai », prévenait en 2015, dans une interview à l’AFP, William Leymergie, qui quitte France 2 après plus de 30 ans de Télématin.

Il était, avec les tartines et le café, un incontournable du petit-déjeuner : William Leymergie, 70 ans, a incarné pendant trois décennies l’émission matinale alliant infos et chroniques, en animateur emblématique d’un programme qui fait la course en tête.

« Ça peut être dans deux ans comme dans cinq ans », prévenait ce père et grand-père de trois petits-enfants. « Dans dix ans, il y a longtemps que je serai en train d’arroser mes jonquilles ».

Son premier souvenir de télévision remonte à ses 14 ans. Il est en pension à La Rochelle. « Je regardais les matchs de rugby dans la rue, devant le magasin qui vendait des télés », avait raconté le producteur et animateur de Télématin à l’occasion des 30 ans de l’émission.

Depuis, les téléviseurs ont envahi toutes les pièces de la maison et William Leymergie, cheveux en arrière et dents du bonheur, s’est invité chaque matin dans le salon et la chambre des Français.

« Les gens me reçoivent chez eux à l’heure où ils sont en caleçon, en chemise de nuit. Je suis devenu un intime, un vieil ami de la famille », s’amusait celui qui cumule depuis 1985 des matins à se lever à 05H00 pour prendre l’antenne à 06H30. Il a juste quitté l’émission 4 ans pour co-présenter le JT de 13H00.

– « Exigeant » et parfois « rude » –

Fan de théâtre, l’animateur est un professionnel « très exigeant », « parfois un peu rude », malgré un sens de l’humour certain, expliquent ses collaborateurs. Lui se qualifie d' »ambianceur » et se compare à l’ancien entraîneur de l’AJ Auxerre, Guy Roux, « coach paternaliste ».

La méthode fonctionnait : malgré une baisse d’audience ces dernières années, Télématin est restée leader incontesté de la tranche du matin, du lundi au samedi.

A la mi-mai 2017, l’émission, mélange d’informations et de magazines, a réuni plus d’un million de téléspectateurs en moyenne, soit 27,6% de part d’audience, selon la chaîne.

« Il a un sens inné du public, de ce qui intéresse les gens », avait souligné Patrice Romedenne, présentateur de la revue de presse de Télématin.

En coulisses et en plateau, William Leymergie régnait sur une troupe d’une cinquantaine de personnes. « C’est le chef d’orchestre. Il est au four et au moulin, attentif à tout. Il peut répondre à un technicien tout en vous écoutant », expliquait le chroniqueur Grégoire Tournon.

« Il se permet beaucoup de choses. Il est un peu avec son équipe comme avec un cheptel, avec un côté mâle dominant, cassant », confie un technicien qui a travaillé pour Télématin pendant cinq ans.

« Mais il est intouchable à France 2. A lui tout seul, c’est un État dans l’État », ajoute-t-il.

En 2007, William Leymergie avait été mis à pied deux semaines à la suite d’une vive altercation avec l’un de ses chroniqueurs.

Luc Deléglise, délégué syndical central CGT à France Télévisions, épinglait un « comportement parfois limite » et des « remarques désobligeantes » de la part de l’animateur envers son équipe.

Ce dernier concédait ne pas avoir peur d’être franc mais, ajoute-t-il, « j’ai appris qu’on obtient plus avec la rondeur qu’en étant cash ».

Ses chroniqueurs, eux, rejetaient tout abus de pouvoir et préfèrent souligner son sens de l’humour.

« Il n’a jamais cherché à être à la mode, donc il est tranquille, il ne sera jamais démodé », analysait Nathanaël de Rincquesen, présentateur des journaux de Télématin.

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