«West Side Story» : l’envers du décor
Dans les coulisses, l’autre histoire du film aux dix Oscars. La Trois rediffuse le film-culte, ce mercredi à 20h45, suivi d’un documentaire sur la musique à 23h10.
Auréolé d’une pellicule de film dorée, le lion de la Metro-Goldwyn-Mayer rugit. La bande-annonce du film commence. Trois mots apparaissent : «WEST SIDE STORY». Les trompettes sonnent, les tambours tonnent. Rythmées par une musique endiablée, les images se succèdent, haletantes : New York vue de haut, les rues d’un quartier pauvre, le West Side. Deux bandes de jeunes : les Jets (Jamaïcains) et les Sharks (Américains). La musique est partout, obsédante, exaltante, émouvante. Un cri retentit. C’est fini. Une petite minute à peine et la bande-annonce vous laisse sans voix, submergé par l’énergie et l’émotion qui en émanent.
En 1961, le film réalisé par Robert Wise et Jerome Robbins marque l’histoire du cinéma, avec pour seule vedette confirmée à l’affiche, la magnifique Natalie Wood. Porté par l’enthousiasme des acteurs et des mélodies comme «America», «Maria» ou «Tonight» signées Leonard Bernstein, le tournage de cette histoire de Roméo (Tony) et Juliette (Maria) des temps modernes, sous forme de comédie musicale dramatique, a aussi sa propre histoire.
Elvis dit non
Le film doit se trouver une personnalité propre, différente de la comédie musicale à succès de 1957 dont il s’inspire. Il la marque dès le début avec ces fameux premiers plans du survol à la verticale de New York. Jamais ce procédé n’avait été utilisé.
Autre défi : celui de la distribution. Il faut des danseurs, acteurs, chanteurs. Pourtant, à l’exception de George Chakiris (Oscar du Meilleur second rôle), aucun des artistes de la comédie musicale n’est repris. Elvis Presley est pressenti pour tenir le rôle de Tony, le héros du film. La réponse de son manager est négative : en six mois (durée prévue pour le tournage), le King peut tourner cinq films… L’aspect chant est résolu d’une manière radicale : les deux acteurs principaux sont doublés.
Un quartier loué
Avec un budget total évalué à 6 millions de dollars, ce ne sont pas les cachets des acteurs qui coûtent le plus aux producteurs. L’essentiel du film a été tourné en studio : cinquante décors différents ont été construits. Il a aussi fallu louer des rues du West Side pendant cinq semaines.
Pour rester dans les clous financiers, la production n’a eu d’autre solution que de congédier Jerome Robbins, responsable des chorégraphies : il faisait refaire certaines scènes jusqu’à dix fois !
Rivalités et amitiés
Alors qu’un remake de la comédie musicale a été mis en scène par des Belges (et encensé) en février dernier à Broadway, un autre remake, du film cette fois, est attendu en 2021. Très attendu même : il est signé Steven Spielberg. Une des particularités : Oscar du Meilleur second rôle féminin en 1962, Rita Moreno y reprendra du service, dans un autre rôle bien sûr.
À cette (double) occasion, George Chakiris est revenu récemment sur «son» tournage du «West Side Story» originel. Dans une interview accordée au magazine Entertainment Weekly, il revient notamment sur la rivalité entretenue par la production entre membres des deux bandes rivales. Histoire de maintenir la tension, ils ne pouvaient se fréquenter ni sur le plateau ni en dehors. Les jeunes gens y allaient également du leur en installant une banderole «les Sharks puent» ou en portant un même bracelet pour tous les membres d’un gang…
De ce rôle qui marqua sa carrière, il retient aussi les amitiés entretenues après le tournage, la douleur ressentie au décès de Natalie Wood en 1981, mais aussi le plaisir ressenti en devenant le parrain de la fille de Rita Moreno. «West Side Story» est décidément bien plus qu’une histoire d’amour au cinéma.
Cet article est paru dans le magazine Télépro du 17/12/2020
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