Vif argent : les cheveux gris sont dans le vent !

Courts ou longs façon dreadlocks, Lady Gaga, 35 ans, adore ses cheveux quand ils sont blancs... © Getty Images

À bas les diktats qui corsettent les looks ! Et les têtes. Les stars, et une noria de «silver sisters» anonymes, dont la chevelure se pimente de poivre et sel – dès l’âge de 20 ans pour certaines – ne cachent plus ce «défaut». Car ce n’en est pas un.

Le dernier Festival de Cannes a pris de nouveaux tons, dont celui de l’audace artistique et de la fronde esthétique ! Car le vent de la révolution était aussi dans les crinières argentées qui ont tranché sur le tapis rouge. Jodie Foster (58 ans) est apparue avec un carré grisonnant flattant son visage d’éternelle rebelle – qui n’a guère changé depuis «La Petite fille au bout du chemin» (1976), et Andie MacDowell (63 ans), fidèle à ses interminables boucles, les a laissé flotter au naturel. Tandis qu’à la Mostra de Venise, Jamie Lee Curtis (62 ans) a oublié sa blondeur pour une coupe brillante dynamique et qu’à New York, Sarah Jessica Parker (56 ans) a fait son shopping avec une tresse d’argent. Tendance passagère ou mode durable ?

Poivre et sel contre pression sociale

Les célébrités ont un tel charisme qu’elles portent à merveille les looks les plus inattendus. Toutefois, assumer les effets de la nature n’est pas chose aisée, surtout pour des têtes connues. Le courage, autant que l’audace, sont des qualités à cultiver. L’une des pionnières en matière de poivre et sel assumé, l’écrivaine Tatiana de Rosnay (59 ans), en sait quelque chose. «J’ai eu mon premier cheveu blanc à 20 ans (…), j’étais un peu choquée, mais mes parents m’ont fait comprendre avec humour que ça faisait partie de mon héritage génétique», confiait-elle à Paris Match. «À 30 ans, alors que j’étais une jeune maman, mes cheveux blancs se sont multipliés. On me faisait sentir que je me négligeais.» Et de faire alors des teintures-camouflages : «J’ai supporté cet esclavage social pendant dix ans. (…) Et puis, à 40 ans, j’ai dit stop ! Un jour, j’ai demandé à mon mari : «Qu’est-ce que tu dirais, toi, si j’arrêtais de les teindre ?» Il m’a répondu : «Vas-y, essaie, fais-le !» Durant cette période, j’ai dû faire preuve d’opiniâtreté pour imposer mon choix. (…) Des proches se montraient presque agressifs, comme s’ils ne supportaient pas que je m’affranchisse d’une convention sociale.»

Silver Sisters power

Mais elle tient bon. Comme confié à 50nuancesdegris.canalblog.com : «Puis, enfin, me voilà « en vraie ». Une chevelure soyeuse, saine, un beau châtain strié d’argent. Je trouve cela joli, mon homme aussi.» Et ce, malgré les regards : «Tu fais petite vieille qui essaie de s’habiller jeune !» Aujourd’hui la quinqua – qui sera une sexy «sexa» en septembre prochain, jure : «Je ne me teindrai plus jamais les cheveux. Ils sont devenus ma marque de fabrique, je porte le gris avec fierté. Ils sont longs, alors qu’on m’avait toujours affirmé qu’il fallait que les cheveux gris soient courts. Je ne suis pas d’accord ! Quand je croise une autre Silver Sister (ndr : sœur d’argent) – il y en a de plus en plus -, nous échangeons un petit sourire de connivence.

À la recherche d’exemples

Une autre élégante parisienne, la journaliste et auteure Sophie Fontanel (58 ans), efface sa chevelure noir de jais et monte au créneau en 2017 en fêtant son nouveau look et le mouvement «Going grey» (devenir gris), totalement assumé aux États-Unis, avec le roman «Une apparition» (Robert Laffont). Mais elle souligne l’absence, sur le Vieux Continent, de porte-étendards et déclare à Madame Figaro : «Sur mon compte Instagram, les commentaires sont souvent vivifiants. Parfois, rarement, insultants. Les gens se permettent de me juger physiquement, belle un jour, moche un autre. En fait, je ne suis ni belle ni moche, ce n’est pas le message. (…) Tout fonctionne par des modèles. Des références. Moi, je travaille dans la mode, je connais Sarah Harris (40 ans), rédactrice en chef mode du Vogue britannique et la styliste et mannequin Linda Rodin (73 ans). Ce sont des femmes fortes aux cheveux longs et blancs. Mon œil s’est habitué à les voir et à en reconnaître la beauté. Mais le commun des êtres humains ne sait pas. On ne lui a pas montré ces femmes. Il n’a pas d’exemple…»

Mèches rebelles

Point n’est besoin de se faire des cheveux blancs. Renforts et changements de mentalités arrivent. Notamment avec la créatrice de mode Isabel Marant (54 ans) en chignon blanc d’où s’évadent des mèches rebelles comme des ados en fugue, loin, très loin du cliché «Mamie Nova» !

Puis, merci à feue Cindy Joseph venue mettre son grain de poivre et de sel. La mannequin et blogueuse, disparue en 2018 à 67 ans, disait amusée de s’être imposée avec son 1m55 et sa crinière d’argent : «Nous sommes les femmes que nous aurions souhaité connaître si elles n’avaient pas été occupées à se teindre les cheveux !» Cindy a bien fait d’en profiter ! Elle sourirait aujourd’hui en voyant des «jeunettes» qui s’essayent également à une couleur donnant finalement beaucoup d’éclat à leur teint. Comme Kim Kardashian (40 ans) et Lady Gaga (35 ans) apparues plusieurs fois avec de spectaculaires longueurs métallisées.

Glamour et mystère

Autant de preuves illustrant combien celles qui osent le ton argenté peuvent désormais être source d’inspiration. «Les filles étaient auparavant terrifiées d’avoir les cheveux blancs ou gris qui les rangeaient dans une catégorie différente», souligne Helen Mirren (76 ans), actrice et égérie d’une grande marque de cosmétiques capillaires. «Pourquoi ne pas embrasser ce qu’on ne peut éviter ? Faites-en une chose positive, Mesdames ! Pareil pour les mecs qui commencent à grisonner. Messieurs, arrêtez de vous teindre ! C’est horrible et cela ne vous rajeunit pas !»

Iris Apfel (99 ans), architecte d’intérieur (elle a redécoré neuf fois la Maison-Blanche) et célèbre icône de mode, embraye : «Il devrait y avoir plus de mystère et de glamour. Ainsi que plus d’audace. Un jour, on m’a dit : « Tu ne seras jamais jolie. Mais tu as quelque chose de plus important, tu as du style ». Vous ne serez pas élégante tant que vous ne serez pas vous-même ! Ma plus grande réussite a été de durer longtemps. Et j’aimerais que l’on se souvienne de moi ainsi : la plus vieille adolescente du monde !» En somme, trop jeune pour être vieille !

Cet article est paru dans le Télépro du 29/07/2021.

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