Une camarade d’université raconte Hillary Clinton à 20 ans
Plusieurs camarades d’université d’Hillary Clinton ont fait le voyage de Philadelphie pour assister à son investiture cette semaine. L’une d’elles, Nancy Wanderer, raconte comment son ancienne camarade a attrapé le virus de la politique sur le campus verdoyant de Wellesley entre 1965 et 1969.
Hillary Clinton fut élue en 1968 présidente des étudiantes de Wellesley College, prestigieuse université pour femmes située près de Boston. Depuis, elle participe régulièrement aux réunions de sa promotion, faisant de ses anciennes camarades des témoins privilégiés de la vie de celle qui espère devenir la 45e présidente des Etats-Unis.
Nancy Wanderer, 68 ans, est professeur de droit émérite à l’université du Maine, et s’est fait élire déléguée démocrate à la convention de Philadelphie.
Question: Hillary Clinton était-elle active politiquement sur le campus de Wellesley dès les premières années?
Nancy Wanderer: Jusqu’à l’Arkansas, elle est restée elle-même, elle se coiffait comme elle voulait, portait ses lunettes de vue et se faisait appeler Hillary Rodham. Mais quand Bill a été élu gouverneur (en 1978), les gens ont commencé à la critiquer de mille façons: son apparence physique, le fait qu’elle ne prenait pas le nom de son mari. Je pense donc que pour aider la carrière de son mari, elle s’est teint les cheveux en blond, elle a perdu du poids, a mis des lentilles de contact et a commencé à s’habiller de façon plus féminine.
Une fois arrivée à la Maison Blanche (en 1993), elle a repris de l’aplomb et s’est plongée dans sa mission pour réformer le système de santé, elle avait un travail à faire. Mais ils ne l’ont pas épargnée. Elle et Bill ont été attaqués dans l’affaire Whitewater, et le suicide de Vince Foster (ami et collaborateur de la Maison Blanche). C’est à ce moment-là qu’elle a commencé à se fermer et à devenir méfiante.
Depuis, elle a peur de s’ouvrir et de parler franchement. Elle a appris avec les années que ses paroles sont déformées et retournées contre elle. Son instinct est désormais de ne plus être aussi ouverte qu’avant. Et, de toute façon, c’est une introvertie.
Nancy Wanderer: Oui, très. Elle est arrivée avec un tropisme fort pour l’engagement au service des autres, en raison de son éducation protestante méthodiste. Le slogan de Wellesley est de « s’occuper des autres », et elle l’a pris à la lettre.
Elle s’est aussi beaucoup impliquée dans le combat des cinq étudiantes noires du campus, qui faisaient pression sur l’administration pour que davantage d’étudiantes issues de minorités soient admises sur le campus. A l’époque, ils répartissaient encore les chambres par couleur de peau et religion.
Sa réputation était celle d’une étudiante très sérieuse, pas sans humour, mais de quelqu’un qui n’était pas là pour faire la fête ou boire. Elle prenait son rôle de leader étudiante très au sérieux.
Question: L’année 1968 fut particulièrement violente sur certains campus du reste des Etats-Unis, en pleine guerre du Vietnam. Etait-elle parmi les plus radicaux, ou épousait-elle déjà une approche pragmatique de la politique?
Nancy Wanderer: Elle et moi avions la même philosophie politique: elle voulait rendre le monde meilleur, que ce soit Wellesley ou le monde entier. Sur le campus, elle a essayé de canaliser les plaintes des étudiantes sur le règlement trop strict, ou le cursus obligatoire.
Elle était aussi très préoccupée par les droits civiques, et elle donnait des cours à une petite fille noire à Roxbury (quartier noir de Boston). Elle ne restait pas les bras croisés à se plaindre, elle agissait.
Sur le campus, je me souviens qu’elle organisait des réunions publiques, elle donnait la parole aux gens et défendait leur liberté d’expression, tout en faisant en sorte que l’environnement reste sûr. Elle était constructive, pas destructrice. Elle n’aurait jamais organisé de manifestation où les gens auraient occupé les bureaux de l’administration ou fait des dégâts ».
Question: Comment avez-vous vu évoluer la personnalité publique d’Hillary Clinton, depuis ses années de Première dame de l’Arkansas?
Nancy Wanderer: Jusqu’à l’Arkansas, elle est restée elle-même, elle se coiffait comme elle voulait, portait ses lunettes de vue et se faisait appeler Hillary Rodham. Mais quand Bill a été élu gouverneur (en 1978), les gens ont commencé à la critiquer de mille façons: son apparence physique, le fait qu’elle ne prenait pas le nom de son mari. Je pense donc que pour aider la carrière de son mari, elle s’est teint les cheveux en blond, elle a perdu du poids, a mis des lentilles de contact et a commencé à s’habiller de façon plus féminine.
Une fois arrivée à la Maison Blanche (en 1993), elle a repris de l’aplomb et s’est plongée dans sa mission pour réformer le système de santé, elle avait un travail à faire. Mais ils ne l’ont pas épargnée. Elle et Bill ont été attaqués dans l’affaire Whitewater, et le suicide de Vince Foster (ami et collaborateur de la Maison Blanche). C’est à ce moment-là qu’elle a commencé à se fermer et à devenir méfiante.
Depuis, elle a peur de s’ouvrir et de parler franchement. Elle a appris avec les années que ses paroles sont déformées et retournées contre elle. Son instinct est désormais de ne plus être aussi ouverte qu’avant. Et, de toute façon, c’est une introvertie.
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