Taylor Swift, cible de théories du complot avant la présidentielle américaine
Alors que sa popularité atteint de nouveaux sommets aux Etats-Unis, la chanteuse Taylor Swift fait l’objet des théories complotistes les plus folles sur les réseaux sociaux.
La dernière en date : elle serait un pion du Pentagone, recrutée par le Parti démocrate pour influencer les résultats de l’élection présidentielle de 2024.
Le présentateur Jesse Watters de la chaîne préférée des conservateurs américains, Fox News, a repris cette semaine à l’antenne des théories farfelues –d’abord publiées sur les réseaux sociaux par des commentateurs de droite– insinuant que la superstar travaillerait pour le gouvernement de Joe Biden — admettant en même temps qu’il ne disposait « évidemment d’aucune preuve » à l’appui.
« Vous-êtes vous déjà demandé pourquoi Taylor Swift est présente partout? Il y a quatre ans, l’unité des opérations psychologiques du Pentagone a évoqué l’idée de l’utiliser comme ressource lors d’une conférence de l’Otan », a lancé Jesse Watters, montrant des images d’un sommet de l’agence américaine sur la cybersécurité et la désinformation datant de 2019.
Mais la vidéo ne montre aucun lien entre la chanteuse et le Pentagone ou toute autre agence gouvernementale. Il s’agit en réalité d’une présentation par une chercheuse n’ayant aucune affiliation avec l’Otan, et citant Taylor Swift comme simple exemple de personnalités influentes sur internet.
Jesse Watters avait aussi mentionné à l’antenne le pic de fréquentation de la plateforme Vote.org après une publication sur Instagram de la chanteuse invitant ses quelque 270 millions d’abonnés à s’inscrire sur les listes électorales, un signe selon lui que « quelqu’un » l’aurait influencée depuis la Maison Blanche.
Contactée par l’AFP, l’attachée de presse de Taylor Swift a renvoyé vers un message posté mardi sur X par Andrea Hailey, présidente de Vote.org.
« Notre collaboration avec Taylor Swift existe pour aider tous les Américains à se rendre aux urnes », explique Andrea Hailey. « Ce n’est aucunement une opération du Pentagone ».
Fox News n’a pas souhaité commenter davantage auprès de l’AFP.
Ce ciblage de conspirationnistes sur la chanteuse ne risque que d’augmenter à l’approche des élections, estiment des experts.
Une popularité qui dérange
Au sommet de sa popularité et sacrée personnalité de l’année par le magazine Time, l’artiste de 34 ans a battu tous les records avec sa tournée « Eras Tour » en 2023, sa vie privée faisant aussi l’objet de toutes les attentions, surtout depuis le début de sa relation très médiatisée avec la star du football américain Travis Kelce.
Les attaques personnelles ont suivi. Des commentateurs d’extrême droite l’accusent de faire de la magie noire à ses concerts et la figure conservatrice Charlie Kirk se demande même sur son podcast si « elle est encore fertile. »
« Non seulement Swift est, de sa PROPRE ADMISSION, une sorcière satanique, elle est aussi un OUTIL DU PENTAGONE pour influencer le vote de MILLIERS de jeunes électeurs », a récemment publié un compte promouvant des théories conspirationnistes du mouvement QAnon sur X.
Pour Swapnil Rai, professeure à l’université du Michigan, « le discours est excessivement genré car il est bien plus simple d’attacher ce genre de théories bizarres à une femme ».
« MAGA » contre « Swifties »
En décembre, la commentatrice d’extrême droite, Laura Loomer, avait aussi décrit la présidentielle de 2024 comme un face-à-face entre « MAGA et Swifties », opposant ainsi Trumpistes et fans de la chanteuse.
Si Taylor Swift n’est pas un pion du Pentagone, son soutien électoral n’en est pas moins au cœur de toutes les convoitises avant l’élection.
« Personne n’a plus de poids, en matière de soutien électoral que Swift », estime David Jackson, professeur à l’université de Bowling Green State.
Taylor Swift, de nature discrète sur ses convictions politiques, avait ouvertement soutenu Joe Biden face à Donald Trump en 2020, accusant le républicain d’avoir « attisé les flammes du suprématisme blanc et du racisme pendant tout (son) mandat ».
Par le passé, l’artiste a milité pour les droits des personnes LGBT+ et s’est opposée à la décision de la Cour suprême de supprimer la garantie constitutionnelle du droit à avorter.
Le Parti républicain « est inquiet de sa capacité à raviver l’intérêt des jeunes pour le processus électoral », estime Johanna Blakley, de l’université de Californie du Sud.
« L’accuser d’être un pion de l’Etat est un effort malhonnête dans le but d’ébranler un potentiel futur soutien de l’artiste pour Joe Biden », conclut-elle.
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