Sur les trottoirs d’Hollywood, les acteurs déversent leur colère contre les studios

Fran Drescher (c,g), présidente du syndicat des acteurs SAG-AFTRA, et Duncan Crabtree-Ireland (c,d), directeur exécutif national, lors d'une manifestation devant l'immeuble de Netflix, le 14 juillet 2023 à Los Angeles © AFP VALERIE MACON

Des klaxons en signe de soutien, une poignée de stars sur les trottoirs et beaucoup de colère contre Bob Iger, le patron de Disney: la grève historique des acteurs d’Hollywood a commencé avec détermination vendredi devant les studios de Los Angeles.

Devant Netflix, Warner, Paramount et autres studios, plusieurs centaines d’acteurs sont venus grossir les rangs des scénaristes de télévision et de cinéma, qui arpentent les trottoirs bordés de palmiers depuis plus de deux mois déjà.

L’industrie cinématographique américaine n’avait plus connu un tel double mouvement social depuis 1960.

« Pas de contrats? Pas d’acteurs! Pas de salaires? Pas de scénar’! », scandent les membres des deux syndicats qui fédèrent les plumes et les visages du petit et grand écran.

Dans la chaleur de l’été, chacun s’hydrate pour rester motivé.

« C’est une merveilleuse célébration des travailleurs. C’est plus qu’une grève de l’industrie du divertissement, c’est l’ensemble des travailleurs, dans tout le pays et dans le monde entier », s’enthousiasme l’une des actrices de « Titanic », Frances Fisher, alors que les employés de l’hôtellerie ont également effectué plusieurs débrayages à Los Angeles depuis début juillet.

« Tout le monde est debout », explique à l’AFP la septuagénaire, devant l’arche d’entrée des studios Paramount.

Porte-voix

Pour les scénaristes, l’entrée dans la bataille des acteurs constitue un porte-voix essentiel.

Meryl Streep, Colin Farrell, Ben Stiller ou Jennifer Lawrence se sont déjà publiquement montrés favorables à une grève ces dernières semaines et si des stars de ce calibre se montrent devant les studios ces prochains jours, le mouvement va prendre une toute autre ampleur.

Vendredi déjà, des visages connus comme Allison Janney (« The West Wing »), Mandy Moore (« This is Us ») et Ben Schwartz (« Sonic le film ») sont apparus sur les piquets de grève à Los Angeles. A New York, Jason Sudeikis (« Ted Lasso ») et Susan Sarandon (« Thelma et Louise ») ont participé aux manifestations.

« C’est historique », se réjouit Zev Frank, 36 ans, scénariste de la série « Patriot ». « Les voir se manifester ainsi, en grand nombre, c’est différent aujourd’hui. C’est électrique. »

« Nous faisons partie d’une industrie où tant de gens sont dans la lumière, alors ce petit coup de com supplémentaire va être utile », renchérit Tien Tran, 36 ans, vedette de la sitcom « How I Met Your Father ».

Comme les scénaristes, les acteurs réclament une revalorisation de leur rémunération, en berne à l’ère du streaming. Ils souhaitent également obtenir des garanties concernant l’usage de l’intelligence artificielle (IA), pour empêcher cette dernière de générer des scripts ou de cloner leur voix et image.

Bob Iger, conspué

Jeudi, le patron de Disney, Bob Iger, a fustigé leurs exigences « irréalistes ».

De quoi concentrer la colère de nombreux manifestants rencontrés par l’AFP, qui conspuent le dirigeant.

« Ce type dit que nous demandons des choses irréalistes ? Vous vous moquez de moi ? », s’indigne Shawn Richardz, une actrice qui a joué dans les séries « Treme » et « Nip/Tuck ». « Il est en train de remeubler sa maison pour 5 millions de dollars, et ces gens n’ont même pas d’assurance maladie. (…) C’est irrespectueux et dégueulasse. »

Pour E.J Arriola, les propos du patron de Disney sont « un excellent exemple de l’état d’esprit des personnes au sommet » de la pyramide hollywoodienne.

« Nous les artistes, nous sommes là depuis si longtemps et il ne semble pas y avoir de respect », ajoute cet acteur quadragénaire.

Devant Netflix, Fran Drescher, présidente du puissant syndicat des acteurs SAG-AFTRA, a été acclamée par la foule. La star de la série des années 90 « Une nounou d’enfer » a livré un discours particulièrement flamboyant jeudi pour annoncer la grève.

« Si nous ne nous levons pas maintenant (…)nous risquons tous d’être remplacés par des machines et des grandes entreprises qui se préoccupent plus de Wall Street que de vous et de votre famille », avait-elle lancé, en insistant sur la portée « historique » du moment.

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