Sur les traces de Pierre Richard

Vendredi à 20h30 avec le documentaire «À la recherche de Pierre Richard», La Trois retrace la brillante carrière de l’acteur burlesque de 89 ans, Pierre Richard, dans un documentaire dédié à cet éternel distrait du cinéma français.

Il est le point commun entre François Perrin, Pierre Renaud et François Pignon. Depuis plus d’un demi-siècle, l’ex-grand blond – l’âge a eu raison de sa blondeur – a traversé une cinquantaine de films, alternant les succès, tels «La Chèvre» ou «Les Compères», et les écarts inattendus, comme «Jeanne du Barry», le film de Maïwenn où il incarne le duc de Richelieu. Pourtant, le comédien aguerri a souvent tenté de prendre le contrepied de son image d’éternel étourdi…

Enfance sur les planches

Depuis toujours, Pierre-Richard Defays, de son vrai nom, se passionne pour la comédie. Né le 16 août 1934 à Valenciennes dans une famille mi-bourgeoise, mi-immigrée (son grand-père maternel est italien), il grandit sans son père et cherche un équilibre. Les études ne l’intéressent pas. Il préfère s’enfermer dans les salles de cinéma. En 1953, le jeune homme s’installe donc à Paris pour suivre des cours de théâtre. Après quelques débuts prometteurs sur scène, il intègre la troupe Maurice Béjart où il révèle sa fibre comique et son sens de la gestuelle. Il écrit aussi ses premiers sketches avec un certain Victor Lanoux, futur Louis La Brocante, qui façonnent un peu plus son personnage d’original distrait et qu’il présente, notamment, en première partie de Georges Brassens.

Le maladroit

En 1967, il décroche enfin son premier rôle dans «Alexandre le bienheureux», au côté de Philippe Noiret. Très vite, les succès s’enchaînent : il triomphe en violoniste lunaire dans «Le Grand Blond avec une chaussure noire» (1972). Sa surprise devant la robe échancrée de Mireille Darc, sa partenaire de jeu, est réelle. Cette dernière ne l’ayant pas mis au fait de sa tenue mémorable… Deux ans plus tard, il tourne une suite.

Parallèlement, il se lance dans la réalisation. La figure du gaffeur devient sa marque de fabrique : «Le Distrait» (1970), «Les Malheurs d’Alfred» (1972), «Je ne sais rien mais je dirai tout» (1973) et «Je suis timide mais je me soigne» (1978) n’en sont que des exemples.

Les années 1970 marquent aussi sa collaboration fructueuse avec Francis Veber. Après «Le Jouet» (1976), il tourne trois autres films : «La Chèvre» (1981), «Les Compères» (1983) et «Les Fugitifs» (1986). «C’était une période formidable. On était très liés, on travaillait, on produisait ensemble !», confie-t-il à Télérama. Son comparse Gérard Depardieu en garde un moins bon souvenir. C’est que… «Gégé» voulait le rôle de Perrin. Qui, au départ, devait revenir à Jacques Villeret !

Je suis distrait mais je me soigne

Quelques caprices plus tard – Pierre Richard ayant lui-même refusé le rôle de Charles Duchemin, fils de Louis de Funès dans «L’Aile ou la cuisse» (finalement interprété par l’excellent Coluche) -, le grand blond se frotte au drame. Mais ni sa redingote noire et barbe brune dans «Mangeclous» (1988), ni sa dégaine d’auto-stoppeur insupportable dans «Bienvenue à bord !» (1989) n’ont convaincu le public.

Déçu, l’acteur lève sa chaussure noire, sans pour autant délaisser le cinéma. En 2016, il reçoit un César d’honneur pour l’ensemble de sa carrière. Cette année, on a pu le voir jouer le druide Panoramix dans «Astérix et Obélix : l’Empire du Milieu», de Guillaume Canet, et fouler les marches du Festival de Cannes au bras de Johnny Depp.

Du haut de ses 89 ans, il vient de sortir son nouveau livre, «Souvenirs d’un distrait». Son but ultime ? «Prouver qu’il n’en est pas un !» 

Cet article est paru dans le Télépro du 7/12/2023