Stress et paillettes : quand le trac rend malade !
Devant la caméra ou sur scène, elles semblent si sûres d’elles. En coulisses, c’est différent. De très nombreuses célébrités souffrent de palpitations, vertiges, impression d’étouffer, maux de ventre. Jusqu’à en vomir ou à vouloir fuir !
Si vous êtes comédien ou danseur amateur, ou si devoir faire un discours en public vous terrifie, vous n’êtes pas seuls. Les plus grandes stars souffrent de cette réaction… naturelle ! «Le trac est une angoisse par anticipation», dit le médecin homéopathe Daniel Scimeca. Le psychologue du sport Paul Dennis, de l’Université de Toronto, embraye : «Les personnalités y voient une menace pour leur bien-être personnel, leur ego. Elles ne veulent pas faire d’erreur et toutes ces pensées génèrent des symptômes handicapants.» Bienvenue au royaume des tremblements, mains moites, langues enflées, pleurs incontrôlables, difficultés respiratoires et gorge qui se serre.
Haut-le-cœur à Bruxelles
Comme Rod Stewart, Justin Bieber ou Andrea Bocelli, la belle Adele, 34 ans, est une grande «traqueuse» dont la timidité l’amène jusqu’à la nausée. Ou plus. «J’ai peur du public», reconnaît-elle dans The Sun. «Je souffre de crises de panique et de nuits blanches. Avant d’entrer sur scène, je vomis plusieurs fois. Lors d’un concert à Amsterdam, j’étais si nerveuse que je me suis échappée par la sortie de secours pour soulager mes haut-le-cœur. Une fois à Bruxelles, c’est arrivé pendant que je chantais !» Son compatriote, l’acteur britannique Bill Nighy («Love Actually»), 72 ans, également comédien au théâtre, confie : «Pour moi, jouer une pièce, c’est accepter d’être malade pendant quelques mois. Je me dis alors : « Soit tu te bats, soit tu t’en vas ! »»
Menace imminente
Linda Brennan, thérapeute et professeure de prise de parole de l’American Academy of Dramatic Arts, qui enseigna à Michael Douglas et Anne Hathaway, a confessé huit acteurs : «Une star célèbre m’a révélé que, sur une série télé, elle avait des sacs vomitoires à toutes les entrées et sorties. Elle tournait sa scène, puis allait se soulager !» Et de souligner dans The Observer : «Dans certains cas, c’est épouvantable. Le médecin d’un acteur lui a dit qu’il devait arrêter de jouer car son cœur risquait de ne plus supporter le stress. Les sentiments de honte, d’humiliation ou la peur de commettre des erreurs ont parfois des conséquences assez graves.» En 2016, Hugh Grant, 61 ans, expliquait au Hollywood Reporter : «Je suis si anxieux sur certains plateaux que je vis comme sous la menace imminente d’un attentat. Cela peut m’arriver trois ou quatre fois par film.»
Un paquet de nerfs
Il faut donc que tout ce petit monde trouve des solutions ! Médicales ou personnelles. Emma Watson a compris, lors d’une thérapie, que son trac était lié au fait d’avoir été trop souvent admirée ou moquée après avoir joué Hermione dans les «Harry Potter». Elle a décidé de montrer à ceux qui l’avaient dénigrée qu’ils avaient tort, cela l’a rendue plus forte.
Rihanna, elle, suce des pastilles, fait des selfies humoristiques et, même si elle est consciente de cette mauvaise habitude, boit une gorgée d’eau mêlée à une goutte d’alcool : «Je la sirote très lentement dans ma loge en attendant le moment fatidique.»
Devenir une autre
Pour échapper à leur stress, certains ont recours à une sorte de dépersonnalisation, comme Jennifer Lawrence (31 ans), qui a accueilli son premier enfant en février dernier. «Je trouve une certaine paix en pensant à « moi en public » comme si c’était un avatar qui allait assurer le job à ma place !»
Pour «sortir d’elle-même», Carly Simon, chanteuse renommée et multirécompensée, emploie des trucs plus glauques : serrer ses poings jusqu’à ce que ses ongles s’enfoncent dans sa paume pour détourner son attention du trac !
Souffrir quand même
Mais alors, pourquoi tant d’artistes poursuivent-ils un métier susceptible de grandement les indisposer ? «Le trac donne une sensibilité accrue aux détails et à la concentration !», explique la thérapeute Cinzia Roccaforte. «Si vous n’avez pas de papillons dans l’estomac, vous n’êtes pas performant. Lorsque cette peur est transformée en énergie, l’acteur ou le musicien devient excellent ! Soudain, il y trouve un soulagement !»
Vanessa Paradis, confrontée au théâtre pour la première fois en 2021, approuve : «Je ne veux pas amoindrir la performance des acteurs au cinéma, mais ils jouent de petits bouts de scène. Contrairement au théâtre où il faut être au top du début à la fin. Cette émotion continue est bouleversante. Elle vous mène, vous malmène et ça vous fait du bien. (…) C’est dur, mais magnifique !»
Et Louane de conclure dans La Voix du Nord, après avoir attendu avec impatience la fin du confinement : «J’avais très peur. Et en même temps hâte de retrouver le public. C’est à la fois horrible et génial !»
Cet article est paru dans le Télépro du 26/05/2022.
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