Steven Spielberg : l’enfance d’un passionné de ciné 

Steven Spielberg sur le plateau de tournagede «The Fabelmans» © Universal Pictures - 2022 - Storyteller Distribution Co., LLC. All rights reserved.

Dans «The Fabelmans» (ce dimanche à 21h05 sur France 2), chargé en émotion, amour, rires, larmes et rêves d’enfance, le cinéaste livre un récit semi-autobiographique, inspiré de sa famille.

«Toutes les familles heureuses se ressemblent, mais chaque famille malheureuse l’est à sa façon», écrivait Léon Tolstoï («Anna Karénine», 1877). Steven Spielberg (78 ans) exprime le même message avec doigté et pudeur dans son œuvre la plus personnelle, «The Fabelmans», sortie en 2022 et diffusée dimanche soir sur France 2.

Trente ans de travail

Le père d’«E.T.» a mis trente ans avant de pouvoir mettre en scène sa vie de môme épris précocement du 7e art après avoir accompagné ses parents au cinéma. Il décrit aussi son enfance et son adolescence solitaires durant lesquelles il dut faire face à l’antisémitisme, à ses angoisses irraisonnées, à ses camarades de classe moqueurs qui le considéraient comme un geek de l’époque, et surtout à l’obligation tacite de porter un lourd secret.

Tout son cœur

«Chacun de mes films est personnel», confie le réalisateur. «J’y laisse toujours quelque chose de moi-même.» Avec «The Fabelmans», qui aurait pu s’intituler «The Spielbergs», Steven n’a jamais autant donné de sa personne depuis la bouleversante «Liste de Schindler» (1993).

L’envie de raconter son vécu lui est venue en se demandant : «Quelle était la seule histoire que je n’avais pas racontée et qui me ferait enrager si je ne la racontais pas ? La même réponse revenait : mes années de 7 à 18 ans.» Ce qui a sans doute fait peur au cinéaste est l’authenticité de la fiction car, cette fois, il n’y a ni dinosaures ni créatures surnaturelles. Juste lui face à ses parents, Leah et Arnold, et ses sœurs, Anne, Sue et Nancy. «On voyait qu’il mettait tout son cœur à l’épreuve afin que les gens puissent le voir pour la première fois», se souvient Kristie Macosko Krieger, sa fidèle assistante.

Connecté aux siens

L’artiste a choisi le jeune Gabriel LaBelle pour être Sammy, prénom derrière lequel se cache le vrai petit Steven. Lorsque décors et costumes ont été en place, Spielberg a été projeté dans son passé : «Il y a eu des moments où je devais quitter le plateau !» Le jeune Gabriel s’émeut de cette ambiance intense : «J’ai demandéà Steve « Es-tu nerveux ?’’, il m’a répondu : « J’ai pleuré en écrivant le script.’’» Et a ajouté avoir presque oublié où il était, car son père était mort deux ans avant le tournage et sa mère cinq ans auparavant. « Il faisait donc son deuil et était connecté aux siens d’une façon totalement inédite.»

Maman infidèle

Les prises de vues ont été un fardeau, et un cadeau, pour le réalisateur car le récit met au jour une confidence que lui a un jour faite sa mère : elle avait été infidèle à son père. Ce secret a autant scellé qu’alourdi la relation fusionnelle entre Spielberg et la figure maternelle, grande pianiste ayant renoncé à sa carrière pour élever ses enfants, comme beaucoup de femmes des années 1950.

Thérapie à 40 millions $

Ses parents ont divorcé quand il avait 19 ans et se sont réconciliés sur le tard. Dans l’intervalle, père et fils se sont brouillés, puis se sont, eux aussi, rabibochés. Voilà pourquoi le surdoué de la pellicule a tenu à aborder dans le scénario les traumatismes familiaux et l’importance du pardon.

Après le clap de fin, Steven Spielberg a reconnu s’être senti apaisé : «Ce fut un immense privilège cathartique ! Une thérapie à 40 millions de dollars.» Mais un message d’espoir pour toutes les familles en difficulté.

Cet article est paru dans le Télépro du 2/1/2025

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