Stars : «piercées» à jour !
Anneaux, diamants, barrettes : les piercings sont devenus des accessoires de mode. Beaucoup de célébrités les ont peu à peu adoptés. Sans peut-être savoir quelle est leur histoire ou leur signification…
Décorant les oreilles d’Emma Watson, celles de Scarlett Johansson ou presque toutes les parties du corps de Rihanna au gré de ses fantaisies, les piercings sont devenus aussi courants que les tatouages. Mode ou affirmation d’un mode de vie, d’un caractère trempé, d’un tempérament de rebelle prêt à se démarquer ?
Expression très personnelle
D’abord décriée, la tendance s’est en tout cas popularisée, car elle a progressivement dépassé les préjugés et les critiques. Dans les années 1990, quand des top models, dont Naomi Campbell et Christy Turlington, ont affiché un anneau au nombril, elles ont d’abord choqué avant de lancer la mode… En réalité, le piercing est une pratique séculaire. Comme l’explique dans El Païs, le «perceur» David Aznar, d’Aristocrazy, premier bijoutier à avoir proposé ce service en Espagne en 2009: «Les piercings corporels viennent de pratiques ancestrales et sont courants aujourd’hui grâce aux pionniers du body art moderne. Ce n’est plus une pratique minoritaire ou marginale, c’est une forme d’expression très personnelle qui complète la personne!» D’après l’une de ses homologues, Andrea Shaka, «actuellement, les piercings aux oreilles sont les plus demandés. Créer des designs adaptés à l’anatomie unique de chaque oreille est très en vogue. J’ai une moyenne de cinq rendez-vous par jour et on peut aller jusqu’à 20 piercings.»
Rites tribaux
Le bijou apposé sur le corps s’est donc répandu dans le monde moderne depuis une trentaine d’années. Son usage remonte pourtant à la nuit des temps. Dans l’Égypte ancienne, il aurait représenté un certain rang, dont celui du pouvoir. Dans d’autres cultures, les piercings ont longtemps indiqué le statut social de l’individu, son évolution dans la société selon son âge et son droit d’accéder à d’autres étapes de l’existence comme être prêt pour le mariage. Chez les Inuits des régions arctiques d’Amérique du Nord, le piercing a servi de rite de passage à l’âge adulte. Quant aux cultures dites tribales, les symboles représentaient – ou représentent toujours aujourd’hui – les affiliations tribales et le classement d’un être au sein de la tribu. En Afrique, percer différentes parties du corps est une tradition répandue tant chez les hommes que les femmes. Les bijoux de corps peuvent être associés au courage, à la virilité, ou remplir le rôle de talisman pour éloigner le mauvais œil. Chez les Mursis, ethnie semi-nomade vivant au sud de l’Éthiopie, les femmes portent encore des ornements labiaux : la lèvre percée est déformée par un plateau qui s’agrandit de jour en jour. En Inde, percer les oreilles ou le nez reste d’actualité et fait partie d’un look traditionnel. L’actrice Priyanka Chopra a ainsi porté un anneau de nez relié à ses cheveux avec une chaîne, lors de son mariage, en 2018, avec Nick Jonas. Ce type de bijou fait partie du trousseau de la fiancée indienne.
S’affranchir du passé
Sujet de plusieurs études scientifiques, notamment de la psychologie, le piercing peut aussi révéler les revendications ou les blessures existentielles. En Occident, les piercings ont été associés à l’irrévérence et à la rébellion, parfois politique, telle celle des hippies dans les années 1960, des punks des années 1970 et ou des ravers à la fin des nineties.
«Il s’agit de la liberté de maîtriser son propre corps et de pouvoir le décorer comme bon nous semble», explique l’Américaine Stephanie Hutter-Thomas, «perceuse» professionnelle et docteure en psychologie de l’art corporel. «Cela consiste à maintenir un sentiment d’identité». De très jeunes stars ont ainsi peut-être cherché à s’affirmer, comme Britney Spears à ses débuts, avec son piercing au ventre, ou Miley Cyrus et ses accès de révolte après des années dans la peau de la sage Miley Stewart de la série Disney Channel, «Hannah Montana» (2006-2011). Mais il est des exemples de souffrances et traumatismes plus profonds. «Certains recherchent une procédure de perçage comme une forme d’autothérapie pour évacuer le stress», ajoute Stephanie Hutter-Thomas.
Un mal pour un bien
Selon une étude publiée dans la revue scientifique BMC Psychology : «Des survivants de traumatismes se tournent vers la modification corporelle pour surmonter les expériences passées.» Exemple d’un mal exorcisé : le nouveau piercing que Demi Lovato a dévoilé sur son Instagram au sortir de sa cure de désintoxication durant laquelle elle a durement lutté pour devenir sobre, après une overdose qui aurait pu être fatale. Quant à Miley Cyrus, criblée de p’tits trous au nez, au nombril, au cartilage, au lobe des oreilles ou au tragus (petit rebord à côté de la tempe), elle a rassuré ses fans dès 2012 : «Ne vous inquiétez pas pour moi! C’est temporaire. Je peux les retirer!»
En revanche, aucune étude n’a analysé le choix de «perçage» d’autres endroits, comme celui au mamelon de Rihanna, apparu en 2008, ou de Janet Jackson qui a provoqué la stupeur au Super Bowl de 2004. Quant à Kylie Jenner, férue de mode, elle a fait rouvrir nombre de ses vieux piercings en 2019, en filmant tout pour Instagram. En 2020, Cardi B, elle, s’est offert trois piercings en une seule séance, dont deux à la poitrine et un à la lèvre.
Dans le nez
Parmi les artistes ayant influencé l’anneau de nez, Lenny Kravitz et Lisa Bonet portaient un bijou identique quand ils étaient en couple. Leur fille, Zoë Kravitz, a suivi le mouvement dès ses 12 ans, avec une infinité d’anneaux dans les oreilles et aussi au septum (cloison nasale). Sa mère Lisa lui aurait même offert l’intervention d’un perceur professionnel lors d’une fête d’anniversaire! Plus modérées, des célébrités arborent de faux piercings nasaux le temps d’une soirée, comme Katie Holmes, Gigi Hadid et Jessica Biel-Timberlake lors d’une des célèbres soirées du Met, l’année (2013) où le thème était: la punk attitude. Kim Kardashian et sa fille North West sont apparues à la fashion week de Paris avec des tenues et des piercings au nez assortis.
L’actrice Florence Pugh a, pour sa part, un vrai piercing au septum. Pour preuve, elle a filmé la douloureuse séance en 2021. Et… s’est évanouie. Mais a commenté le tout avec humour : «Quand tu veux être une adulte cool et avoir un nouveau piercing cool et que tu échoues… Mais ça en valait vraiment la peine !» Vraiment ? !
Cet article est paru dans le Télépro du 20/04/2023.
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