Soirées « bunga-bunga »: verdict attendu dans un procès de Berlusconi pour corruption
Un tribunal de Milan doit décider mercredi si Silvio Berlusconi, l’ex-chef de gouvernement italien accusé d’avoir corrompu des témoins pour mentir sur ses sulfureuses, et tristement célèbres, soirées « bunga-bunga », est coupable ou non.
Le parquet de Milan a réclamé une peine de six ans de prison contre M. Berlusconi, 86 ans, élu sénateur en septembre, et accusé de subornation de témoin et faux témoignage dans ce procès baptisé Ruby-ter.
Sa condamnation serait embarrassante pour la majorité de droite au pouvoir, dirigée par Giorgia Meloni, et dont son parti, Forza Italia (FI) représente un élément indispensable pour gouverner.
Pour le milliardaire, qui glisse doucement vers la sortie de la vie politique italienne mais qui s’est à nouveau fait remarquer dimanche par un commentaire virulent anti-Zelensky, il s’agit là d’un énième jugement parmi les innombrables procès qu’il a affrontés ces dernières décennies, et qu’il a le plus souvent gagnés.
Le procès, Ruby-ter, l’un des volets du scandale « Rubygate » et des fameuses soirées « bunga-bunga » que Silvio Berlusconi organisait avec des jeunes femmes, rétribuées, dans sa luxueuse villa des environs de Milan (nord).
Le premier procès Ruby, plus connu comme « Rubygate », du nom de la jeune Marocaine Karima El-Mahroug, dite Ruby, a valu à M. Berlusconi une condamnation en première instance, en juin 2013, à sept ans de prison pour prostitution de mineure et abus de pouvoir.
L’ancien chef du gouvernement a toutefois été définitivement acquitté en mars 2015 par la Cour de cassation dans ce volet.
Le procès Ruby-bis concerne deux proches de Silvio Berlusconi accusés de lui avoir fourni de jeunes prostituées pour ses soirées, condamnés en appel à quatre ans et sept mois de prison pour l’un et à deux ans et dix mois pour l’autre.
Le procès Ruby-ter porte d’une manière générale sur les versements présumés effectués par Silvio Berlusconi à diverses personnes, jeunes femmes et musiciens ayant participé à ses soirées, en échange de leur silence lors des précédents procès.
« Sultan » et « concubines »…
Selon le parquet, le silence de ces jeunes femmes a coûté à Silvio Berlusconi des millions d’euros entre 2011 et 2015, dont une part importante pour la seule Ruby, mineure lorsqu’elle a participé aux fameuses soirées: argent liquide, cadeaux, voitures, mise à disposition de logements, paiement de factures et de frais médicaux.
La défense de M. Berlusconi affirme que l’argent était une indemnisation pour atteinte à la réputation des personnes impliquées dans l’affaire, et insiste sur le fait qu’il est jugé « pour le crime de générosité ».
Dans son réquisitoire en mai, la procureure Tiziana Siciliano avait décrit M. Berlusconi comme « un sultan » qui avait l’habitude « d’animer ses soirées avec un groupe de concubines, au sens d’esclaves sexuelles, qui le divertissaient contre rémunération ».
Le parquet a aussi demandé des peines d’un à six ans de prison pour les 27 autres accusés dans cette affaire, dont cinq ans pour Karima El-Mahroug.
Selon le quotidien Corriere della Sera, un agent qui représentait plusieurs de ces femmes a déclaré que plusieurs d’entre elles avaient avoué avoir été payées pour mentir sur ces soirées.
Dans deux volets séparés de ce procès, M. Berlusconi avait été acquitté en 2021 à Sienne et en 2022 à Rome de l’accusation de subornation de témoin.
Outre les dégâts politiques qu’elle pourrait causer au pouvoir en place en Italie, une condamnation serait un coup dur pour Silvio Berlusconi, même si en raison de son âge et de sa santé fragile il ne risque pas la prison.
Ce dernier a, en outre, la possibilité d’interjeter appel, de sorte que le jugement final, en cassation, ne pourrait intervenir que dans plusieurs années.
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