Sigourney Weaver, la pionnière
En incarnant des femmes indépendantes, battantes et résilientes, l’actrice de 74 ans a pris des risques et inspire encore les jeunes générations. Ce mercredi à 23h, Arte lui consacre un documentaire : «Sigourney Weaver – Héroïne de style».
«J’essaie toujours d’aborder des registres différents pour continuer à avancer», dit Sigourney Weaver à propos de sa carrière. «C’est le secret de la réussite pour moi. Je suis très enthousiasmée par des projets singuliers.» Un besoin de différence peut-être inconsciemment né de ses difficultés de débutante. Bien que passionnée et enfant de la balle avec une mère britannique comédienne (Elizabeth Inglis) et un père patron de la chaîne de télé NBC, la star a entendu ses profs de théâtre lui dire qu’elle ne percerait jamais…
«Un physique compliqué»
C’est compter sans le caractère borné de Susan Alexandra, son vrai prénom, qui passe au-delà des critiques. «La vie vous dit vite dans ce métier si vous pouvez y arriver ou non», confie-t-elle à Entertainment Weekly. «J’ai secrètement décidé que je créerais mon répertoire de scène à Broadway, puis que je passerais progressivement des petits aux grands rôles au grand écran. J’ai trouvé cela amusant et enrichissant !»
Sigourney, qui a choisi un autre prénom dès ses 14 ans car elle ne supportait pas que ses camarades la surnomment Susie, avait déjà dû encaisser les remarques de sa mère. «J’ai perdu confiance à 8 ans quand elle m’a dit : « Tu as un physique compliqué. » J’ai pensé : « Si ma mère ne pense pas que je suis jolie, personne ne le pensera ».»
Fous et audacieux
La future actrice souffre de sa grande taille : 1,82 m à 18 ans. «Je n’avais pas le look idéal, je n’étais pas le fantasme du producteur moyen !» Mais elle positive : «J’ai senti que ça m’épargnerait de travailler avec des gens conventionnels ! Les cinéastes qui voudraient de moi seraient un peu fous et audacieux.»
Et en effet, après un premier rôle sous la houlette de Woody Allen dans «Annie Hall», elle reçoit une proposition innovante de Ridley Scott : interpréter le lieutenant Ellen Ripley face à un monstre dans un film de science-fiction, «Alien, le huitième passager» en 1979. «J’ai adoré le projet parce qu’il n’y avait pas d’idées préconçues et que le rôle avait été écrit pour un homme !», se souvient-elle dans le Guardian.
Elle est emballée par cette héroïne courageuse qui n’a pas peur de s’abîmer. «La science-fiction est souvent sous-évaluée, mais crée de bons rôles qui reflètent le pouvoir des femmes. Ce style de cinéma nous rend plus puissantes à l’écran que nous ne le sommes dans le monde !»
Être anormale
Sigourney Weaver prouve toutefois qu’elle a du charme et de l’humour dans les cultissimes «Ghostbusters» et «Working Girl». Aujourd’hui, les jeunes actrices la citent en exemple. Charlize Theron, dans «Mad Max : Fury Road», et Jennifer Lawrence, dans «Hunger Games», disent avoir repoussé leurs limites en s’inspirant de Ripley. L’actrice s’en réjouit : «J’en suis flattée. Je me sens chanceuse d’avoir pu la jouer.»
Et de conclure : «J’ai toujours été attirée par les femmes qui ne se sentent pas à l’aise ou sont isolées. Parce que j’étais une ado maladroite, j’adore envoyer le message que les filles peuvent avoir des formes, des tailles et des sentiments différents. C’est normal d’être anormale !»
Cet article est paru dans le Télépro du 30/5/2024
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