Sheila : «Grâce à ce nouvel album, j’ai de nouveaux amis belges !»
Ce vendredi à 21h05, France 3 diffuse «La Génération Salut les copains», un documentaire qui, à travers des archives exceptionnelles et des interviews des célébrités des années 1960 et 1970, remonte le temps.
Parmi toutes les figures emblématiques de cette époque comme Johnny, Sylvie ou Françoise, il y a évidemment Sheila. Toujours dans le coup, la chanteuse de 75 ans a enregistré un nouvel album «Venue d’ailleurs» dont les chansons sont, pour la plupart, autobiographiques.
Cultivez-vous une certaine nostalgie pour cette époque yéyé ?
Pas du tout. Je ne vis pas dans le passé mais tournée vers l’avenir. Je jetterai peut-être un œil en arrière lorsque je serai une très vieille dame, ce qui suppose de vivre encore longtemps. Je suis fière de ma vie et de ma carrière mais le principal est d’avoir toujours des rêves et des projets. Comme en général, au bout d’un certain temps, on a tendance à vous mettre au rebut, je dois trouver moi-même mes propres idées.
Comment est née l’idée des chansons de «Venue d’ailleurs» ?
Il y a quatre ans, j’ai eu envie de retravailler avec les collaborateurs que j’avais rencontrés tout au long de ma carrière. J’ai d’abord contacté les Américains, Nile Rodgers et Keith Olsen, essentiels dans ma carrière, car sans eux je n’aurais pas poursuivi l’aventure. Dès leur accord, j’ai réfléchi aux thèmes, personnels mais qui devaient concerner aussi la vie des gens en général.
Aviez-vous envie d’évoquer, les années 60 à travers la chanson «Tous yéyé» ?
Non cette chanson, composée par Maxime Legrand, est un heureux hasard provoqué par l’entremise de mon manager. Lorsque je l’ai écoutée, j’ai trouvé drôle que le regard de ce jeune garçon âgé de 25 ans, colle parfaitement à l’état d’esprit et à l’ambiance d’une époque qu’il n’a pas connue.
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Aborder ces thèmes autobiographiques vous a-t-il posé problème ?
Non pas du tout. À mon âge, ce que vont penser les gens m’est un peu égal. Ce qui m’intéresse, c’est d’évoquer des problèmes et des situations qui nous sont communs. Parler, par exemple d’un chaman, qui vous aide à mieux vous connaître et mieux connaître la planète, était important. Je crois que sans en parler ouvertement, beaucoup de gens croient, comme moi, aux âmes sœurs.
Comment les avez-vous sélectionnés ?
Ils se sont imposés naturellement. «La Rumeur» fait partie de ma vie, c’est mon histoire, je connais parfaitement le sujet qui, hélas, à travers les réseaux sociaux, reste toujours d’actualité. Les gamins n’ont pas conscience des dégâts épouvantables qu’une rumeur peut provoquer, des conséquences qui peuvent aller jusqu’à tuer. Grâce à l’amour de mes parents, j’ai pu non sans mal surmonter cette souffrance. Prévenir qu’une rumeur ne se limite pas à une mauvaise plaisanterie était important car il faut savoir qu’elle ne s’efface jamais. Je sais pertinemment que le jour où je partirai, il y aura toujours une personne pour affirmer : «J’ai très bien connu l’ami de l’ami du docteur qui l’a opérée…»
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Parler de votre fils Ludovic était fondamental ?
Je n’aurais jamais sorti cet album sans une chanson sur Ludo. Je veux qu’on arrête de raconter n’importe quoi à son sujet et qu’on respecte son décès en lui foutant la paix. Pour évoquer sa mémoire, il me fallait une chanson qui soit presque un poème. J’ai contacté Christian Siméon parce que j’avais le sentiment que seul cet auteur et metteur en scène de théâtre était capable d’écrire cette ode. Après avoir passé des après-midi entiers ensemble à nous raconter, à rire et à échanger, il m’a proposé «Cheval d’amble» qui décrit, très finement, la relation entre une mère et son garçon.
Pourquoi consacrer une chanson à l’écologie ?
Transmettre, à travers une chanson, l’urgence de sauver la planète me tenait à cœur. Les gamins d’aujourd’hui, plus sensibles à ce problème, ont réalisé que la situation était grave. Voir que l’Amazonie brûle toujours me rend hystérique. La Terre c’est notre mère, sans elle on n’est rien et je ne comprends pas l’inertie des décideurs. Il faut arrêter d’être égoïste sinon on finira tous par crever de faim.
Êtes-vous étonnée par les retours, dans l’ensemble, très positifs pour votre album ?
Comme cet album a été très compliqué à réaliser, j’en suis ravie. Après avoir testé plusieurs collaborateurs qui, en plus de me coûter un bras et ne comprenant pas ma démarche particulière et personnelle, se contentaient de me proposer des chansons sans intérêt, ce succès récompense mon entêtement à ne pas être dans la mode mais carrément dans la vie. Après une période de doute et de découragement, j’étais contente qu’Eric Azhar, un musicien d’H-Taag, un groupe qui m’accompagne sur scène, se propose de reprendre le bébé. Avec eux, j’ai réussi enfin à concrétiser l’album que j’avais en tête.
Enregistrer dans un studio à Bruxelles a-t-il influencé le résultat final ?
J’adore ce studio belge parce qu’il y règne une atmosphère particulièrement sympa. Grâce à toutes les portes qui restent ouvertes, musiciens, rappeurs, chanteurs, tout le monde se croise et se parle dans une ambiance très familiale.
Pouvez-vous préciser ce que vous appréciez en Belgique ?
Il y a un bout de temps que je n’avais pas mis les pieds en Belgique mais dans ce pays, que j’adore, on est toujours accueilli par des personnes souriantes, gentilles et chaleureuses. Je me réjouis d’y retourner le 5 novembre 2022 pour un concert au cirque Royal. Grâce à ce nouvel album, j’ai désormais de nouveaux amis belges.
Dans votre carrière, avez-vous, malgré tout, une période préférée ?
J’ai vécu tellement de périodes différentes qu’il est difficile d’en choisir une particulier. Moi, j’aime les moments où j’ai amorcé de nouveau virage. En dehors de mes débuts, je retiens la période disco, celle où j’ai collaboré avec Nile Rodgers, celle avec Yves Martin et actuellement avec H-Taag, parce que collaborer avec toutes ces personnes m’a permis d’avancer en tentant des expériences variées et inédites.
Malgré tous les coups durs, vous semblez ne nourrir aucune rancœur…
Même si j’en ressens pour certaines personnes, nourrir de la rancœur ne sert à rien. Si j’avais tenu compte de chaque trahison ou de chaque ragot malveillant ou haineux, je serais morte depuis longtemps. Les chiens aboient, la caravane passe ! Aujourd’hui, je suis contente même si cela m’a coûté une blinde, je suis arrivée à réaliser cet album qui rencontre l’adhésion des gens. Ma plus grosse angoisse était que cette démarche personnelle soit incompréhensible pour le public.
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