Shah Rukh Khan: coqueluche indienne et roi de Bollywood
Shah Rukh Khan est la star la plus populaire de Bollywood et, à 57 ans, son plus grand sex-symbol. Son large répertoire sur grand écran allant de la romance au film d’action a fait de lui l’incarnation cinématographique d’une Inde en pleine mutation.
« King Khan » – dont le surnom reflète des décennies de règne sur le box-office – est une figure unificatrice rare à travers les multiples failles géographiques, linguistiques et religieuses de l’Inde.
La sortie de son dernier long-métrage, « Pathaan », a été un événement national, faisant fi des appels au boycott lancés par les partisans de la ligne dure de l’hindouisme et attirant des foules en délire dans les salles obscures.
Les admirateurs de Shah Rukh Khan se rendent régulièrement en pèlerinage aux portes de son manoir de Mumbai et attendent toute la journée pour apercevoir brièvement celui qui se complaît dans son statut d’icône publique.
« Je suis très heureux d’être une star. Je ne m’en lasserai jamais », déclarait M. Khan en 2013 dans une interview à l’AFP.
« J’aime la quantité de gens qui m’aiment, les foules qui se rassemblent, les controverses, les responsabilités que j’ai, le succès et même l’échec. C’est une vie passionnante. »
Khan est né dans une famille musulmane de New Delhi et n’est pas issu d’une dynastie d’acteurs établie.
Ses rôles à la télévision au début des années 1980 ont mis en évidence son charisme naturel, mais il lui a fallu plusieurs années pour percer au cinéma, où il a risqué d’être cantonné à des rôles de méchants après son incarnation captivante d’un harceleur obsédé dans « Darr ».
Mais le plus grand blockbuster indien de 1995 l’a catapulté au rang de célébrité internationale et a trouvé un écho dans les profonds changements sociaux en cours dans son pays.
Dans le film « Dilwale Dulhania Le Jayenge », M. Khan joue le rôle d’un Londonien qui tombe amoureux d’une autre Indienne de la diaspora alors qu’il fait du tourisme en Europe.
Ils décident de se marier, contre la volonté de son père, qui l’a promise en mariage à un autre homme en Inde.
Il est sorti au cours d’une décennie marquée par la libéralisation de l’économie du pays et de sa classe moyenne urbaine, les jeunes hommes et les jeunes femmes jouissant d’un style de vie plus riche que celui de leurs parents tout en s’opposant à leurs règles.
Le film reste l’un des plus populaires de Bollywood, et il a été projeté dans un cinéma de Mumbai tous les jours – à l’exception d’une interruption liée au Covid – pendant les 27 ans qui ont suivi sa sortie.
« L’Inde du bien-être »
La critique de cinéma Namrata Joshi a écrit que Khan était le fer de lance d’un nouveau type de « héros familial romantique » dans le cinéma indien, remplaçant les archétypes du jeune homme en colère qui correspondaient à l’humeur nationale anxieuse des décennies précédentes.
« Beaucoup voient SRK incarner… l’esprit de l’Inde post-libéralisation, du bien-être, ambitieuse et affirmée », a-t-elle noté.
Au fil du temps, l’autodérision pratiquée par M. Khan et son physique avantageux lui ont permis de devenir la coqueluche des Indiens.
Le livre « Desperately Seeking Shah Rukh », publié en 2021, traite des désirs intimes des femmes indiennes modernes à travers leur passion partagée pour l’acteur et la masculinité sensible qu’il représentait.
Aucun film de son vaste répertoire n’a autant contribué à renforcer cette image que le film « Dil Se… » de 1998, dans lequel M. Khan part sur la piste d’une femme mystérieuse à travers les paysages naturels les plus spectaculaires de l’Inde.
Aujourd’hui, ses chorégraphies éblouissantes sont restées gravées dans les mémoires, en particulier la sérénade de M. Khan accompagné de dizaines de danseurs au sommet d’un train à vapeur en mouvement.
« Tellement d’amour »
Le visage de Shah Rukh Khan sur les affiches de films est devenu un sésame ouvrant les portes du succès commercial et une série de triomphes au cours des deux décennies suivantes l’ont rendu fabuleusement riche.
Ses actifs comprennent l’équipe de cricket Kolkata Knight Riders dans la très lucrative Indian Premier League (IPL), et une société de production de films.
Mais ces dernières années ont été marquées par une série de revers personnels et professionnels, dont l’arrestation de son fils en 2021 dans une affaire de drogue qui a ensuite été abandonnée.
M. Khan, comme d’autres stars du cinéma issues de la minorité musulmane de l’Inde, est de plus en plus la cible des critiques des nationalistes hindous.
« Pathaan », un thriller d’action dans lequel il incarne un agent secret après cinq ans d’absence sur le grand écran, était le dernier de plusieurs films très attendus de Bollywood soumis à une campagne de boycott.
Finalement, l’aura de M. Khan en tant que star a triomphé de ses détracteurs, et les ventes de billets pour « Pathaan » ont battu le record du box-office indien pour un jour de sortie.
M. Khan s’est ensuite montré très élogieux à l’égard des fans qui ont fait du film un succès.
« Il y a tellement d’amour de tous les côtés », s’est-il réjoui, « et nous ne pourrons jamais montrer assez de gratitude ».
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