Sarah Bernhardt super-star

Sarah Bernhardt © Arte/Bibliothèque Nationale de France

«Plutôt mourir que de ne pas devenir la plus grande actrice du monde». La pionnière du show-business (1844-1923) n’est pas loin d’avoir réalisé son rêve !

Un siècle après sa disparition, le monde se rappelle des frasques de celle pour qui Jean Cocteau inventa l’expression «monstre sacré». Mais aussi de son incroyable talent, qu’Arte (dimanche, 17.50) nous fait redécouvrir grâce à de rares enregistrements qui montrent que Sarah Bernhardt était une pionnière du star-system.

Actrice sociétaire éclair

Henriette Rosine Bernard serait née le 22 octobre 1844 (rien n’est sûr, son acte de naissance ayant disparu dans un incendie) d’une courtisane néerlandaise et d’un père inconnu. Délaissée par sa mère, la fillette est envoyée dans un couvent, où elle découvre sa vocation : le théâtre. Elle entre au Conservatoire d’Art dramatique de Paris, puis en 1862 à la Comédie-Française. La jeune fille ne fait pas long feu au sein de la Maison de Molière. En 1866, elle est mise à la porte pour avoir giflé l’une des sociétaires.

Actrice vedette

Qu’importe. La même année, elle signe un contrat avec le théâtre de l’Odéon. Ses premières prestations ne font pas grande impression. Jusqu’à son triomphe dans le drame «Ruy Blas» de Victor Hugo, qui la surnomme «la voix d’or». Un rôle qui lui fait retrouver sa place à la Comédie-Française. Sa drôle d’allure et sa voix chantante séduisent la foule, qui se presse pour la voir interpréter les plus grands classiques. En 1880, elle démissionne pour créer sa propre compagnie. Première femme à effectuer une tournée sur les cinq continents, elle déclenche l’hystérie partout où elle passe.

Actrice travestie

De retour dans la capitale française, elle prend en 1893 la direction du théâtre de la Renaissance, puis de celui des Nations en 1898, qu’elle rebaptise à son nom. Elle écrit des pièces tout en continuant à jouer celles des autres, se travestissant volontiers en jeune homme malgré ses cinquante printemps. C’est ainsi qu’elle interprète le Lorenzo d’Alfred de Musset, l’Hamlet de Shakespeare ou le duc de Reichstadt dans «L’Aiglon» qu’Edmond Rostand écrit pour elle.

Actrice scandaleuse

Brillante sur scène, Sarah l’est aussi pour entretenir sa réputation. Celle que l’on surnomme «la Scandaleuse», et qui ferait aujourd’hui la une des magazines people, vend ses faveurs pour des sommes colossales, aurait eu mille amants (parmi lesquels figureraient Napoléon III et le prince de Galles Edward VII), affirme dormir dans un cercueil pour mieux mourir sur scène – ce qu’elle faisait comme personne -, fait partie des premières à s’essayer à la chirurgie esthétique et s’entoure d’une étonnante ménagerie : guépard, caméléon, singe, tortue recouverte de joyaux, boa et surtout Ali Gaga, un alligator nourri au champagne…

Actrice assise

Rien ne semble pouvoir arrêter «la Divine». Pas même la tuberculose osseuse qui s’est développée dans son genou. En 1915, elle se blesse sur scène. La douleur est trop forte, elle choisit une solution radicale : l’amputation. Elle ne peut plus se tenir debout ? Qu’à cela ne tienne, elle jouera assise !

Elle rend même visite aux soldats du front sur une chaise à porteurs, la belle refusant de s’affubler d’une jambe de bois. Témoin privilégiée des débuts du cinéma, l’actrice se lance dans le 7e art. Et c’est durant le tournage de «La Voyante», scénarisé par Sacha Guitry, qu’elle tire sa révérence le 26 mars 1923, victime d’une insuffisance rénale aiguë.

Star d’un dernier show, son cercueil est suivi par des centaines de milliers de personnes jusqu’au cimetière du Père-Lachaise.

Cet article est paru dans le Télépro du 13/4/2023

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