[RONQUIÈRES 2018] Laurent Lamarca : « De la générosité et de la collectivité manquaient dans la musique ! »

[RONQUIÈRES 2018] Laurent Lamarca : « De la générosité et de la collectivité manquaient dans la musique ! »

Le week-end du 4 et 5 août, nous étions au Ronquières Festival pour rencontrer le Français Laurent Lamarca, un artiste complet puisqu’il est auteur, compositeur, interprète et musicien. Avec toujours cette volonté de vouloir partager avec le public, nous avons rencontré un chanteur généreux et ambitieux. Une personne simple qui tente de rappeler l’essence même de la musique, comme par exemple communiquer, inspirer, détendre et divertir…

Depuis la sortie de ton album « Comme un aimant », c’est l’un de tes premiers concerts en Belgique, ici au Ronquières festival, comment as-tu trouvé le public belge ?

Très accueillant. Il y avait pas mal de gens qui connaissaient et qui chantaient les paroles, j’ai été un peu surpris parce que ce n’est que la deuxième fois que je joue ici. Je pense que c’est un public assez chaleureux et festif, mais cela je m’y attendais car on parle souvent du public belge. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre et puis au final, il y avait plein de personnes pour moi donc j’étais hyper content.

Pour un peu te situer dans le monde de la musique, on a envie de te comparer à des groupes comme Boulvard des Airs, Suarez ou encore Fréro Delavega… Se trompe-t-on si l’on dit que vous avez des styles très proches ?

Non, absolument pas ! Je suis carrément dans cette veine-là. C’est surtout cet album qui est dans ce style-là. J’ai quand même fait beaucoup de choses différentes en musique, j’ai fait du punk pendant dix ans, j’ai fait de l’électro… Là je fais du folk. Le dernier album que j’ai sorti est vraiment dans cette famille et je m’en réjouis parce que quand j’ai vu arriver les Fréro Delavega ou Boulvard des Airs, j’ai été surpris de voir quelque chose de très généreux et un peu collectif. Des valeurs qui manquaient un petit peu sur la scène de la musique et dans la variété ces dernières années où c’était un peu trop froid à mon goût.

On a l’impression qu’avec ces autres artistes là, vous formez comme un collectif défendant un mouvement très humaniste dans la chanson…

Je suis assez d’accord. Surtout que je devenu vraiment très pote avec les Fréro (Jérémy Frérot et Florian Delavega), je continue à bosser avec eux d’ailleurs. Par contre, Boulvard des Airs, je ne les connais pas du tout, je ne les ai jamais rencontrés, mais j’aimerais bien que cela se fasse. Dans tous les cas, quand j’ai commencé à travailler avec les Fréro, on s’est dit que l’on avait envie de faire en sorte que quand les gens viennent nous voir en concert, ils aient l’impression que l’on est une immense bande de potes qui passe un bon moment pour ces personnes se sentent mieux !

En avril, tu as sorti « Comme un aimant », ton deuxième album. Qu’est-ce qui le différencie du premier ?

Pas mal de choses (rire) ! Déjà dans mon premier album, « Nouvelle fraîche » (2013) j’ai un peu mis bout à bout les chansons que j’avais sous la main à ce moment-là. Le deuxième album est un disque que j’ai beaucoup plus réfléchi avec un concept, avec l’idée de partir d’un point A en allant jusqu’à un point B, trouver un sens et un fil conducteur dans tout cela.

Dans tes deux opus, il y a une chanson qui illustre le titre du disque. Pourquoi ces deux noms d’album ?

J’aime l’idée de mettre en avant une chanson dans l’album, un titre qui ne sera pas forcément un single. Cela permet de mettre en avant une autre chanson. Dans mes deux albums, il y avait une chanson qui cristallisait ce que je voulais dire globalement dans le disque. Autant dans « Nouvelle Fraîche », c’est la première chanson, le point de départ. Il y avait une idée de montrer la page blanche et tout ce que j’allais écrire. Dans le cas de mon deuxième album, c’est plutôt la finalité, c’est dire je veux arriver à vivre d’une telle manière, comme un aimant, c’est-à-dire essayer d’être la meilleure personne possible pour que le bonheur puisse s’accrocher autour de nous. Peut-être que dans mon prochain album il n’y aura pas cela. J’ai déjà une idée d’album et a priori, le titre ne portera pas le nom d’une chanson !

Que ce soit dans tes propres textes ou dans ceux que tu écris pour d’autres artistes, ceux-ci sont souvent très philosophiques et positifs. Ton vécu semble prendre y une place importante…

Je n’arrive pas trop à expliquer pourquoi c’est comme cela. Il est vrai que je suis assez attiré par la philosophie, une philosophie accessible à tous. Ce que j’aime là-dedans, c’est de pouvoir vulgariser des choses qui pourraient nous aider à vivre. Pendant longtemps, j’ai voulu changer le monde qui m’entourait parce que je n’étais pas forcément en accord, j’étais assez « contestataire ». En revanche, ces derniers temps, j’essaye de changer ma façon de voir le monde. Je trouve cette démarche plus facile. Lorsqu’il y a quelque chose qui nous dérange, faire bouger les choses autour de nous, c’est plus difficile que de changer notre manière de penser.

Il y a quelques mois tu as sorti ton single « Le Vol des cygnes » qui respire un vent frais et estival, pourtant c’est maintenant qu’on l’entend. Finalement, ne serait-ce pas un son fait pour l’été ?

C’était un peu compliqué car les labels voulaient sortir un truc et puis une sortie, ça prend du temps. Mais au final, c’était plutôt chouette parce que ce single est sorti en janvier et il a fait son bout de chemin en France très vite ! Ensuite, il est arrivé en Belgique et du coup il a eu une exposition assez forte sur l’été. Pour tout te dire, c’est le premier morceau de l’automne, je me suis un peu inspiré de la migration. C’est une chanson qui se déroule juste après l’été, juste après l’adolescence. Il y a un peu une ambiance juvénile, elle symbolise un peu le fait de partir de chez soi, partir du foyer…

Ce single passe en boucle dans nos radios belges, qu’est-ce que ça te fait de savoir que tu es écouté dans d’autres pays que la France ?

Il y a une certaine satisfaction. J’ai enregistré l’album en espérant que les gens l’aiment. C’est intéressant de voir l’enthousiaste des personnes quand je le chante sur scène, de voir que le public qui chante du début à la fin, c’est reposant pour la voix (rire) !

Tu écris et composes pour d’autres artistes, qu’est-ce que ça te fait de confier tes œuvres à d’autres personnes ?

Je n’écris pas vraiment des chansons pour une personne en particulier. C’est juste parfois, je rencontre des gens, on me demande des chansons. Je les donne ou pas, parfois, ils n’en veulent pas. Ce qui est réellement compliqué, c’est de faire le choix entre la garder pour soi ou la donner. Là-dedans, l’intérêt c’est que la chanson soit belle. Un titre peut extrêmement changer d’un chanteur à l’autre par rapport à plein de choses comme la voix. Par exemple, « Le Cœur éléphant », c’était à la base une chanson pour mon album et quand je l’ai donné aux Fréro, elle est devenue mieux. Après, je n’ai aucun de mal à me détacher de mes compositions, « Le Cœur éléphant » ce n’est plus ma chanson.

Peux-tu nous citer des titres connus sur lesquels tu as travaillé ?

Bien-sûr, il y a « Botero » pour Joyce Jonathan, « Maman est en bad » pour Rose, « Manger du sable » pour Luce… Et puis là, il y en a d’autres, mais je ne peux pas en parler parce qu’elles ne sont pas encore sorties (rire).

Que penses-tu de l’arrêt du duo et du début de carrière solo de Jeremy Frérot ?

J’ai été très triste de les voir s’arrêter parce que j’étais vraiment amoureux de ce duo. Surtout que j’ai fait plein de premières parties, je montais avec eux sur scène en fin de concert. Ils m’ont vraiment fait rentrer dans leur famille. Je pense que c’était quand même le bon moment pour s’arrêter parce qu’ils étaient arrivés au bout de quelque chose. C’est assez chouette de voir Jérémy Frérot commencer à s’assumer en solo. Je pense qu’ils ont fait le bon choix. Et puis on ne sait pas ce que l’avenir nous réserve de toute manière…

Tu as baigné dans la musique durant ton enfance puis tu as côtoyé énormément d’artistes depuis le début de ta carrière, qu’as-tu appris de toutes ces rencontres ?

J’ai appris quelque chose qui est cool : en musique, personne ne sait rien du tout ! Personne ne sait écrire une belle chanson, personne ne sait à quel moment il faut la sortir, personne sait ce qu’est une belle chanson et ce qu’est une chanson qui va être aimée ou pas ! Ce qui est génial dans ce métier, c’est qu’il y a une sorte de remise en question permanente. On a l’impression que quand on pense avoir une bonne recette, elle ne marche déjà plus. La remise en question perpétuelle, je trouve que c’est une bonne école de la vie !

As-tu le désir (comme plusieurs chanteurs le font) de te réinventer au fur et à mesure que tu évolues dans ta carrière d’artiste ?

Toujours, un album c’est toujours de la réinvention ! Le prochain album, je suis déjà en train de travailler dessus et je pars dans quelque chose de totalement différent. Après, on ne fait pas la musique que l’on aime, on fait la musique que l’on est donc on ne choisit pas toujours. D’ailleurs pour l’instant j’écoute beaucoup Lomepal, Damso et Orelsan du coup je pense que ce sont des styles assez éloignés de ma musique (rire). C’est pour m’influencer d’autres manières pour faire autre chose comme dans le phrasé, par exemple. Radiohead est un de mes groupes préférés, je trouve que c’est un groupe merveilleux parce qu’ils se réinventent, ils ne sont jamais restés dans le confort. J’ai besoin de cela aussi.

Pourtant, tu sembles ne pas vouloir quitter ta guitare (elle est même sur la cover de ton disque), comment fait-on pour évoluer musicalement tout en conservant son style ?

Ce n’est pas vraiment une question que je me pose. Je cherche plus à être sincère, c’est la quête de la liberté. Essayer d’être libre, ce n’est pas toujours simple. Je pense que je peux exploiter un peu tous les styles sans nécessairement me trahir. On peut rester dans un style commun, propre à soi, quand on est vraiment sincère.

Pourrais-tu laisser de côté cet instrument dans un prochain album ?

Totalement, oui ! Déjà je joue beaucoup de guitare électrique. Mais pour l’instant, je trouve vraiment mon compte avec la guitare folk, je pense que je ne la lâcherais pas tout de suite même s’il est possible qu’un jour cette guitare fasse une petite pause…

Tu seras au Botanique à Bruxelles le 17 octobre, à quoi doit-on s’attendre ?

Il y a un fil conducteur dans le spectacle, j’ai envie de raconter la manière dont j’ai écrit mes chansons. L’idée c’est que toutes les quatre chansons, je raconte un peu l’histoire du titre avec des espèces de sketches. Il y a aussi une bonne partie du show qui est assez participative, où je vais inviter les gens à monter sur scène pour jouer avec nous. Ce sera dans ces idées-là.

Entretien : Olivier DESMET

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