Richard Gere, le retour du charme zen

L'acteur américain Richard Gere arrive pour la projection du film "Oh Canada", le 17 mai 2024 au 77e Festival de Cannes

Prince charmant d’Hollywood des années 80 et 90 devenu discret au cinéma, Richard Gere fait son retour sur les tapis rouges en présentant vendredi à Cannes « Oh, Canada » de Paul Schrader, en lice pour la Palme d’or.

L’acteur qui a toujours gardé une distance avec son métier, privilégiant sa foi bouddhiste et la cause tibétaine, retrouve le réalisateur d' »American Gigolo » (1980), film qui l’a propulsé sex symbol.

A 74 ans, il tient le rôle crépusculaire d’un opposant à la guerre du Vietnam qui a fui les Etats-Unis et qui, en fin de vie, se confie à un jeune journaliste.

Outre Schrader, le comédien, qui a débuté au théâtre, a tourné avec les plus grands cinéastes: Richard Brooks (« A la recherche de M. Goodbar), Terrence Malick (« Les Moissons du ciel »), Coppola (« Cotton Club »), Lumet ou Altman.

Après « American Gigolo » et « Officier et Gentleman » (1982), c’est « Pretty woman » (1990), un film où il s’engage à reculons, qui le range définitivement dans la catégorie des grands séducteurs du cinéma.

Conte de fées

Toujours la même élégance et ce sourire plissé énigmatique, il y campe un milliardaire qui s’éprend d’une jeune prostituée (Julia Roberts). Enorme succès au box office pour ce couple de conte de fées.

Mais « l’homme le plus sexy du monde », dixit le magazine People en 1999, a connu une carrière à éclipses.

Au fil des années, l’acteur, converti au bouddhisme à 25 ans, se passionne plutôt pour la méditation -au moins une heure par jour-, devient un proche du Dalaï-Lama et milite activement pour les droits du Tibet.

Il décroche un Golden Globe pour « Chicago » (2002) mais reste snobé par les Oscars, qui l’excluent même en 1993 pour un discours anti-Chine.

« Je me moque d’être un acteur. C’est un très beau métier mais seulement un métier », balayait-il. « C’est le bouddhisme qui m’a ouvert le coeur… »

Né le 29 août 1949 à Philadelphie dans une famille méthodiste modeste, fils d’un fermier devenu représentant en assurances, Richard Gere est le deuxième d’une fratrie de cinq enfants.

Mélomane (il joue de la trompette, de la guitare et du piano), il entame des études de philosophie avant de bifurquer vers le théâtre. Il joue Danny Zuko dans « Grease » à Londres et à Broadway.

Si John Travolta est choisi pour l’adaptation de la comédie musicale, c’est lui qui décroche « American Gigolo », rôle initialement dévolu à… Travolta.

Proverbes bouddhistes

Il est dès lors l’un des acteurs en vue d’Hollywood. Au début des années 1990, son mariage avec la top modèle Cindy Crawford attire paparazzi et rumeurs sur la réalité de leur couple. Agacés, les époux se paient une pleine page de Time pour clamer leur amour. Mais divorcent en 1994.

Richard Gere se remarie avec l’actrice Carey Lowell, bouddhiste comme lui et mère de son premier enfant, Homer.

Puis avec l’activiste espagnole Alejandra Silva, de 33 ans sa cadette et mère de ses deux autres fils.

Tenant désormais les tabloïds à distance et vivant en pleine nature, il réserve ses interventions publiques à ses engagements. Très tôt impliqué dans la lutte anti-sida, il cofonde par ailleurs en 1987 la Tibet House à New York puis crée la Gere Foundation, toujours en faveur du Tibet.

Ses charges contre Pékin -il appelle au boycott des JO de 2008- contribuent à l’éloigner d’Hollywood, à l’heure où le marché chinois est devenu un Eldorado pour les studios américains.

« Il y a des films dans lesquels je ne peux pas jouer car les Chinois diront +pas avec lui+ », lâche-t-il en 2017 au Hollywood Reporter.

Pas de quoi démoraliser l’acteur zen, très détaché du cinéma et qui adore émailler ses interviews de proverbes bouddhistes.

« Lorsque le démon de l’amour de soi vous tient », mettait-il ainsi en garde en 2012 dans Le Figaro, « les autres démons font la queue à la porte, la gueule ouverte ».

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