Raté… Et alors  ? En pleine gloire, ils ont dû affronter l’échec

En 2008, Natalie Portman a voulu mettre un pied dans les chaussures éthiques avec Té Casan. Le prix prohibitif et les problèmes de distribution ont vite eu raison de la marque... © Gettyimages

Elles ont le monde à leurs pieds. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. Aussi parfaites et triomphantes soient-elles aujourd’hui, les célébrités ont aussi essuyé des revers.

«La réussite, c’est tomber sept fois, se relever huit», affirme un proverbe. Face à l’obligation de performance de la société moderne, l’échec est souvent une honte passée sous silence. Il est pourtant nécessaire pour en apprendre davantage sur soi. Selon beaucoup de psychologues et d’entrepreneurs, il devrait même être aussi glorifié que le triomphe ! Focus sur autant de parcours semés d’embûches.

Appréciés ou moqués

Les stars ont de l’ambition. Et des rêves. Même si tous ne se sont pas réalisés. Comme pour Madonna. La chanteuse s’est entêtée, jusqu’à l’aube des années 2000, à «faire l’actrice». Mis à part «Recherche Susan désespérément» – dont le rôle était écrit sur-mesure – et «Evita» où elle chantait plus qu’elle ne jouait, ses saillies cinématographiques ne lui ont rapporté que flops au box-office et moqueries dans les médias. Mêmes mauvaises surprises pour Mariah Carey (avec le navet «Glitter»), Beyoncé («Dreamgirls», «Obsessed») ou Rihanna, peu à son avantage dans «Battleship» et tout juste crédible dans «Ocean’s 8».

Nulle n’est chanteuse en son pays

A contrario, la clef de sol n’a pas ouvert les portes de la gloire à certains comédiens. Parmi eux : Bruce Willis, Scarlett Johansson, Jada Pinkett Smith et Alyssa Milano, 48 ans. Dans les années 1990, l’actrice de «Charmed» a pourtant enregistré cinq albums. Mais c’est en Asie et notamment au Japon qu’elle a cartonné : ses disques y ont tous été Disques de Platine. «On se moque de beaucoup d’acteurs qui sortent des disques aux États-Unis. J’ai préféré aller là où j’allais être appréciée plutôt que moquée !»

La Bérézina

Sophie Marceau, maintes fois élue actrice préférée des Français (et des Belges !), icône au Japon et en Chine, star de films francophones et internationaux, a aussi connu des moments pénibles. Après ses premiers longs métrages («La Boum» et «La Boum 2» – César du Meilleur jeune espoir féminin en 1983), la belle déchante avec son unique roman («Menteuse», 1996) et ses deux essais sur vinyle. En 1981, surfant sur la «Sophiemania», François Valéry l’invite à chanter en duo «Dream in Blue», guimauve qui se vend bien, mais est descendue par la critique.

Revanche

En 1985, la comédienne fait confiance aux pointures de la chanson françaises – Étienne Roda-Gil et Franck Langolff – pour enregistrer l’album «Certitude». Elle ne chante pas très juste, mais a le mérite de ne pas avoir recours à la technique pour truquer sa voix. Bien mal lui en prend : l’album est un flop et, dès la sortie du premier titre, le bien-nommé «Bérézina», elle est la risée des médias. Le 33 tours tombe aux oubliettes. De retour au cinéma, elle cumule les succès. Et tient sa revanche, en 2014, en entonnant «La Vie en rose» (Édith Piaf) avec Liu Huan, star de la musique pop, en Chine. Cette fois, sa prestation est honorable et applaudie.

Cela dit, au cinéma aussi, il y eut des fiascos. Après un succès relatif en 2002 avec «Parlez-moi d’amour», prix de la Mise en scène à Montréal, Sophie Marceau est passée à côté des films qu’elle a réalisés : «La Disparue de Deauville» en 2007 et «Mme Mills, une voisine si parfaite» en 2018. Naufrages commerciaux et critiques vexatoires… Des incidents de parcours qui ne l’ont pas empêchée de se relever.

Catastrophe à Bruxelles

Pour en revenir à la musique, l’incursion dans le monde du disque de Stéphanie de Monaco lui restera aussi en travers de la gorge. Son single «Ouragan» (écrit pour Jeanne Mas qui l’a refusé) reste quatre mois au Top 50, dont dix semaines à la première place. Malgré cela, la profession ricane de ses prétentions et attribue son succès à la fascination du public pour son statut de princesse. En 1991, elle choisit de donner un concert au Cirque Royal de Bruxelles, le public belge étant réputé pour son accueil enthousiaste. La soirée est pathétique : seuls s’y bousculent quelques fans et de gentilles mamies armées de Polaroid, surtout venues voir la fille de Grace et Rainier de Monaco. Le lendemain, les journaux publient des comptes-rendus goguenards. Le fait que la Princesse ait choisi notre capitale pour tourner deux clips («Flash», de la place Poelaert jusqu’à celle de la Monnaie, et «Fleurs du mal», dans un tram de la ligne 92) ne lui vaut aucune indulgence.

Prétentions et souffrances

Si les espoirs musicaux de la Princesse étaient sincères, d’autres amateurs ont tâté la mélodie de façon plus présomptueuse. Pour s’y casser les dents. Et la voix ! Le journaliste Christophe Hondelatte décrète, en 2011, qu’il est artiste, sort un album, s’offre un concert à l’Alhambra (Paris) et y présente son titre «Dr House», hommage à la série homonyme. Hondelatte a signé les paroles chantonnées d’une voix nasillarde et moquées par ses pairs, entre stupéfaction et désolation. Blessé par cet échec, il déclare forfait. Canal+ fera écouter le titre à Hugh Laurie (alias Dr House, acteur et très bon musicien). Avec un air consterné, il dira : «Il y a beaucoup de passion dans sa musique, mais il faut qu’il persévère».

Déconfitures en série

L’entreprenariat titille aussi les stars. En 2010, Kim Kardashian propose ses Famous Cupcakes saveur Va-Va-Vanilla, tout en glaçage rose. Ils ne plairont ni aux papilles des fans, ni à leur porte-monnaie : 15 e pièce. La liqueur Qream de Pharrell Williams lui laissera un goût amer en 2011. Il la destine aux «femmes belles, indépendantes et sophistiquées». Qui la dédaignent. La star attribue cette déconfiture à son partenaire marketing. Hulk Hogan n’a guère fait fortune avec sa «Pastamania», pas plus de Steven Spielberg et sa chaîne de restos «Dive !», équipée de gadgets sur le thème de la plongée sous-marine, mais peu réputée pour la qualité de ses mets.

Savoir se prendre une veste

Les exemples de désillusions au rayon mode ont rattrapé Natalie Portman qui rêvait de chaussures véganes en 2008 («Té Casan») ou Mandy Moore et sa collection fugace de fringues «Mblem», en 2005. De son côté, Blake Lively a reconnu son échec avec sincérité. En 2014, elle lançait, sans succès, «Preserve», mensuel numérique, site de commerce et blog de produits artisanaux. La psychologue Megan McArdle (auteure de «The Up Side of Down – Pourquoi bien échouer est la clé du succès»), l’a d’ailleurs félicitée dans Elle USA : «Le fait qu’elle admette ce faux pas est la preuve que même une célébrité peut échouer avec sérénité. Et nous aussi. Les gens taisent leurs échecs. Voilà l’erreur ! Il faut en parler pour guérir de la honte. Blake a eu le courage d’oser entreprendre, de faire de son mieux et de reconnaître que l’échec en est parfois le prix !»

«L’échec mène à la réussite !»

«On vit dans une société de l’ultra performance : ceux qui réussissent sont nos héros, ceux qui échouent, les maillons faibles. Pourtant, d’illustres entrepreneurs ont connu de gros échecs avant d’être les Mark Zuckerberg et Steve Jobs que nous connaissons», dit Arnaud Granata, parti à la rencontre de PDG pour écrire son livre «Le Pouvoir de l’échec». «Famille, école ou médias ont une vision très dure de l’échec», dit-il au journal québécois Les Affaires. «La culture de l’essai-erreur devrait pourtant être intégrée dans la vie personnelle et le travail : si ça ne fonctionne pas, ce n’est pas grave, c’est dans ces moments-là que naissent des idées. Ce qui est rassurant, c’est de voir quelqu’un qui s’est repris. (…) Une fois le choc passé, l’échec digéré, c’est là qu’il faut rebondir. (…) Aujourd’hui, les nouveaux héros sont les entrepreneurs et il faut aborder le succès de ces gens-là d’une autre façon, en montrant leur vulnérabilité.»

Cet article est paru dans le Télépro du 29 avril 2021.

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