«Rassam-Berri-Bouquet» : un clan si cinématographique !
Suivre la vie de feu le producteur Claude Berri, de ses liens avec la famille Rassam (son épouse, ses beaux-frères), de Thomas Langmann, son fils, et de l’actrice Carole Bouquet revient à voir un film fascinant et déchirant.
De mémoire de cinéphile, le 7e art français n’avait jamais eu et n’aura peut-être plus jamais pareille monarchie artistique. Comme le conte «La Saga Rassam-Berri, le cinéma dans les veines», dimanche à 22h40, sur France 2, le parcours de cette famille a tout d’une superproduction. Avec ses triomphes, ses amours. Et d’inimaginables tragédies.
Se faire peur
L’aventure commence quand l’acteur Claude Berri Langmann (1934-2009) choisit de réaliser et de produire des films. Il devient «le nabab» du milieu grâce à un goût très sûr.
Son palmarès est époustouflant ! Il a, entre autres, tourné «Tchao Pantin», «Jean de Florette», et financé «L’Amant», «Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre», «Bienvenue chez les Ch’tis».
«Il aimait convaincre, mais ne prenait pas de gants», raconte son ami Serge Toubiana au Monde. «Il n’avait ni tabous, ni masque. Il rebondissait toujours.»
En épousant Anne-Marie Rassam à la fin des années 1960, Claude croise les frères de celle-ci, Paul et Jean-Pierre Rassam. Et trouve en eux des alter ego. Le plus exalté est Jean-Pierre qui va notamment produire «La Grande bouffe» (1973). «Il avait beaucoup d’insolence, de charme, d’humour et de violence», dit Paul.
Le clan Berri-Rassam se forme. Selon leur homologue Alain Terzian : «Ces amoureux fous du cinéma avaient la passion de la création et la passion de se faire peur.»
Théâtre de larmes
Les risques du métier n’empêchent pas la vie de famille. Claude a trois fils dont l’acteur Julien Rassam («La Reine Margot») et le producteur Thomas Langmann («Mesrine», «The Artist»). Jean-Pierre rencontre l’actrice Carole Bouquet en 1978 : ils ont ensemble Dimitri Rassam qui suit aujourd’hui les traces paternelles («Le Petit Prince», «Les Trois Mousquetaires» version 2023).
Mais ces bonheurs côtoient des drames que le meilleur des scénaristes n’aurait pu imaginer. Anne-Marie Rassam, maniaco-dépressive, se suicide en 1997. Son fils Julien Rassam fait de même en 2002. «Il y avait, chaque jour, une difficulté», confie Thomas Langmann à Libération. «Ma famille était un théâtre à ciel ouvert.»
Le vague à l’âme saisit aussi Jean-Pierre. Après des déconvenues dans le métier qui briseront son amitié avec Claude Berri, il meurt épuisé par sa propre incandescence en 1985.
Force et génie
Les récentes confidences de Carole Bouquet à Variety traduisent l’ampleur de la tragédie : «Je l’ai cru invincible, Rassam. C’était un phénix. S’il avait continué de se droguer, je n’aurais pas fait un enfant avec lui. J’ai vraiment cru qu’on avait la vie devant nous. Je n’ai pas vu qu’il était en danger. Je n’ai vu que la force, le génie, la beauté. (…) Il était déjà ruiné. Je n’en savais rien. Il ne se ménageait pas, prenait du Gardenal pour se protéger des dégâts de l’héroïne. Mais après ces excès, le corps réclame sa dette.»
La star ne regrette rien. «J’étais éblouie. Mes années avec lui ont changé ma vie. Des années extraordinaires que je souhaite à tout être humain.» Et certainement à son fils Dimitri, 41 ans, marié depuis 2019 à Charlotte Casiraghi, elle aussi issue d’un arbre généalogique souvent battu par les vents.
Cet article est paru dans le Télépro du 25/5/2023
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