Quand Mireille Darc affrontait les machos !
Dès ses débuts, la star s’est imposée dans un cercle de «durs de durs». Sa longue silhouette s’est faufilée avec grâce parmi les Gabin, Blier et autre Ventura. Une performance saluée ce vendredi à 21h10 sur France 3 dans «Un jour, un destin – Mireille Darc et ses tontons flingueurs».
Bien avant de séduire Pierre Richard dans «Le Grand Blond avec une chaussure noire» (1972) en portant une robe au dos plongeant, Mireille Aigroz – devenue Darc «parce que ça claque !» – a été l’égérie de Georges Lautner et de sa bande de potes. Des gars qui, pourtant, avaient plus l’habitude de mettre des «bourre-pifs» que de faire le baise-main.
Culot monstre
Décidée à conquérir Paris, l’actrice vient de tourner ses premiers films, dont «Pouic-Pouic» avec de Funès, quand elle rencontre Lautner en 1963. Il est en plein montage de ses «Tontons flingueurs», mais lève les yeux vers cette blonde à l’allure très moderne. «J’avais devant moi un homme ouvert, irradiant la sympathie», écrit-elle dans son autobiographie. Naît alors entre eux une amitié amoureuse. Le cinéaste l’adore : «Elle était libérée, audacieuse, marrante !» La voilà engagée pour jouer dans «Les Barbouzes», en 1964, avec Lino Ventura, Bernard Blier et Francis Blanche. Entre deux prises, l’intrépide mange, boit et rit de bon cœur avec eux. «C’était quand même de sacrés misogynes !», avoue Mireille. Ça ne lui fait pas peur. Comme l’a dit son ami, l’auteur Lionel Duroy, à France 2 : «Elle restait avec eux au café, ça ne se faisait pas à l’époque ! Elle avait un culot monstre. Toute la clique l’a protégée.»
Attention à tes miches !
La star connaît les limites. Et les codes : «Ils m’amusaient et je les amusais. Pour m’en sortir avec eux, il ne fallait pas trop la ramener, être irréprochable. J’arrivais à l’heure, je connaissais mon texte par cœur, car ils ne supportaient pas l’amateurisme ! Elle tourne aussi avec Philippe Noiret et le mythique Jean Gabin, autre bourru, dans «Monsieur» (1964) : «J’étais impressionnée. Il se marrait et disait : «Gare tes miches, la môme !», parce que j’en faisais sans doute un peu beaucoup…» Une anecdote d’autant plus amusante que Gabin et Cie préféraient généralement l’entre-soi, autour de repas pantagruéliques. «Oh, c’était quelque chose !», raconte «Le Tatoué». «Blier mangeait beaucoup, les mâchoires de Lino faisaient «Clac, clac» ! On n’osait pas l’approcher !»
Sans rancune
Mireille, elle, fréquentera à nouveau Lino Ventura de près pour «Ne nous fâchons pas» (1966) où Georges Lautner les filme dans une scène d’amour. Le Grisbi, grand pudique, restera habillé. Seule l’actrice s’effeuillera. Mais garde de lui un bon souvenir : «Ça a été un grand frère, extrêmement tendre et gentil avec moi.» Et d’être aussi amie avec le dialoguiste Michel Audiard qui aime son côté intello et l’emmène voir des matches de boxe ! «La Grande Sauterelle», ainsi surnommée après un autre film avec Lautner, n’en voudra pas à ce dernier quand il lui préférera une nouvelle égérie, Miou-Miou. «Georges avait construit une famille de cœur et j’en faisais partie», conclut-elle. «Il ne m’a jamais demandé d’être à l’écran autre chose que ce que j’étais. Et je l’en remercie.»
Cet article est paru dans le Télépro du 2/11/2023
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