Quand les stars se font tailler des costumes…

Dans le film "Haute Couture", l’actrice Nathalie Baye (73 ans) donne la réplique à la jeune Lyna Khoudri © UGC

Tirées à quatre épingles sur les tapis rouges et à l’écran, les célébrités doivent une grande part de leur élégance à des couturiers connus et des assistants «de l’ombre».

«Un beau vêtement se distingue par le plus petit des détails : boutonnières cousues main, emmanchures sur mesure et construction entièrement ajustée», explique au Daily Mail Carl Emery, couturier londonien qui habille businessmen, artistes et sportifs britanniques. «Nous rencontrons un client durant 30 à 60 minutes, dans nos salles, son bureau ou son domicile, et choisissons les tissus, doublures, boutons et garnitures. Puis, nous discutons de la meilleure coupe et des couleurs. Ensuite, six semaines sont nécessaires pour réaliser le patron, couper et coudre la création avant l’essayage et les ajustements.» Mais le point le plus important, pour un habit de ville ou de fiction, est d’être en harmonie avec la personnalité de la star…

Ni faux pas ni faux pli

À l’ère des images en haute définition, aucun faux pli n’est permis, surtout quand les célébrités font face à une meute de caméras et d’appareils photo. C’est la raison pour laquelle les ajustements de dernière minute sont essentiels. Et stressants. Wendi Williams-Stern, couturière de Timothée Chalamet, Oprah Winfrey et Mandy Moore, doit avoir des mains de «chirurgienne» qui ne tremblent pas ! «Durant des cérémonies, presque tout est ajusté jusqu’à la dernière seconde. Lorsque mon client ou ma cliente n’apprécie pas toutes les options du designer, il faut intervenir tout de suite», confie-t-elle au Guardian. Wendi retouche ses créations ou celles d’éminents homologues, dont le smoking blanc Berluti dans lequel Chalamet a fait sensation aux Oscars 2018.

Au petit coin si besoin est…

Mario Gonzales, parrain de la couture hollywoodienne, a aussi un carnet de rendez-vous fourni. On y trouve Glenn Close, Nicole Kidman – «C’est une cliente régulière» -, Colin Firth pour qui il a peaufiné la collection de costumes dessinés par Tom Ford pour «A Single Man», George Clooney, Amy Adams. Et Reese Witherspoon : à sa demande, il a entièrement rafraîchi une robe Dior perlée de 1955 !

Christy Rilling, icône de la mode attitrée de Michelle Obama, qui a travaillé sur presque tous les looks de l’ex-First Lady depuis 2007, ouvre des ateliers «pop-up» non loin des loges de stars. Une idée qui lui a été très utile lors de la soirée Vanity Fair 2017 où un changement de garde-robe tardif l’a amenée à revoir totalement la robe que l’actrice Brie Larson devait arborer. En quelques heures, elle a été ajustée pour la star et déposée à temps dans sa chambre d’hôtel.

Les lieux où s’opèrent les retouches sont souvent prestigieux, parfois moins… Comme le décrit Carl Emery : «Je suis intervenu dans des endroits très glamour, des palais, les suites des plus grands palaces, mais aussi dans les toilettes d’une station-service d’autoroute ! Il faut suivre les clients qui ont des horaires chargés !»

Plusieurs couches d’indices

Dans l’univers de la fiction, la rigueur est également de mise. Ainsi que l’esprit de groupe et la créativité. La costumière oscarisée Edith Head confie au Hollywood Reporter : «Mon métier consiste à créer l’illusion, à construire l’identité visuelle d’un personnage, de la page de scénario à la représentation réelle. Il nous faut nous attacher aux détails : comme à la ville, quand vous regardez quelqu’un et sa tenue, vous savez quel travail il fait, quelles sont ses intentions, de quelle catégorie sociale il est issu…»

Les habits doivent aussi suivre l’évolution d’un protagoniste. Pour le rôle de Natalie Portman dans «Black Swan», Amy Westcott a dû prévoir des changements de couleurs. Au début du récit, Nina, l’héroïne, est naïve, peu sûre d’elle et porte des teintes blanches et rosées. Quand elle commence à s’imposer, ses habits se composent de nuances de gris, plus sérieuses. Quand l’aplomb du cygne noir l’habite enfin, ses vêtements s’obscurcissent.

Façonner un personnage

Pour «The Irishman» (2019), le designer Sandy Powell a reçu des consignes pointues du cinéaste Martin Scorsese : «Les héros ne sont pas des gangsters tape-à l’œil, pas ceux que nous avons l’habitude de voir. Ils doivent être plus mystérieux et moins intimidants !» Sur le tournage de «Joker» (2019), le créateur Mark Bridges a dû proposer une garde-robe aussi complexe que le personnage, comme il le détaille au Hollywood Reporter : «J’ai essayé de brosser un tableau au fur et à mesure que nous en apprenions sur la vie de cet homme. Mes choix sont inspirés de ses émotions et de sa situation financière.»

«Notre mission consiste à lire le script, à l’interpréter, à servir le scénario et la vision du réalisateur», conclut le créateur de costumes oscarisé Julian Day. «Je travaille en collaboration avec le cinéaste et les acteurs, jusqu’à ce que les idées soient validées. Quand les comédiens viennent à l’essayage et qu’ils disent : « Je comprends mieux mon rôle maintenant ! », c’est le moment le plus fabuleux pour les responsables des costumes !»

Cet article est paru dans le Télépro du 18/11/2021.

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