Premiers débats attendus au procès à New York du meurtre de Jam Master Jay, figure du hip-hop

Le cercueil du rappeur Jam Master Jay, lors de ses funérailles à New York, le 5 novembre 2002 © AFP/Archives HENNY RAY ABRAMS

Le procès du meurtre, il y a plus de 20 ans à New York, de Jam Master Jay, pionnier du hip-hop et cofondateur du légendaire trio Run-DMC, doit entrer dans le vif du sujet lundi avec les premières plaidoiries de l’accusation et de la défense.

La mort de Jam Master Jay, tué par balles le 30 octobre 2002 dans son studio d’enregistrement du Queens, l’arrondissement populaire où s’était formé Run-DMC au début des années 1980, avait été un immense choc pour l’univers du rap.

Deux hommes, Ronald Washington, 59 ans, et Karl Jordan Jr, 40 ans, soupçonné d’avoir été le tireur, comparaissent devant le tribunal fédéral de New York, où les jurés, sélectionnés la semaine dernière, vont commencer l’examen de l’affaire.

Le meurtre, sur fond d’affaire de drogue, de l’artiste, qui laissait trois enfants à 37 ans, avait rappelé les morts violentes de deux autres géants, Tupac Shakur, assassiné à Las Vegas en 1996, et The Notorious B.I.G., tué à Los Angeles en 1997.

Ses funérailles dans la cathédrale d’Allen avaient été grandioses, réunissant le gotha du rap américain de l’époque, de LL Cool J à Queen Latifah, en passant par Chuck D (Public Enemy) et ses compères de Run-DMC, Joseph « Run » Simmons et Darryl « DMC » McDaniels, au milieu de plusieurs milliers de personnes.

Longtemps non élucidé

Si le hip-hop avait déjà connu à l’époque ses premiers succès, avec les chansons « Rapper’s Delight » (The Sugarhill Gang) ou « The Message » (Grandmaster Flash and the Furious Five), Run-DMC est souvent considéré comme l’un des premiers grands groupes de ce mouvement culturel devenu dominant à travers le monde, et dont la naissance il y a 50 ans, en août 1973, dans le Bronx, un autre arrondissement de New York, a été célébrée l’an dernier.

Avec ses tubes « It’s like that » ou « It’s Tricky » et leurs premiers albums « Run-D.M.C. » (1984), « King of Rock » (1985) et « Raising Hell » (1986), le trio a aussi marqué une évolution vers un nouveau style de hip-hop, avec plus de sons rock et de textes politiques, à l’instar des Beastie Boys ou de Public Enemy.

Leur reprise du titre d’Aerosmith « Walk This Way », en duo avec le groupe de rock, est restée un morceau culte. Et le titre « My Adidas », suivi d’une collaboration de Run-DMC avec la marque de baskets, est aussi considéré comme le premier acte d’une longue histoire de partenariats entre les stars du hip-hop et le street wear.

Le meurtre de Jam Master Jay, devenu une figure du hip-hop et un révélateur de talents, était resté non élucidé pendant deux décennies, avant l’annonce en août 2022 par les procureurs de l’inculpation de Ronald Washington et Karl Jordan Jr, poursuivis aussi pour trafic de drogue.

Selon leur thèse, le meurtre aurait été motivé par une dispute entre Ronald Washington et Jam Master Jay, de son vrai nom Jason William Mizell, autour de la revente de plusieurs kilos de cocaïne.

Un troisième suspect, Jay Bryant, avait été inculpé en mai 2023, mais il sera jugé séparément et ultérieurement.

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