PPDA  : d’icône à paria

Image extraite du documentaire diffusé ce jeudi sur La Une (RTBF) © RTBF/FTV/Dreamway Productions

Ex-présentateur star du JT de TF1, Patrick Poivre d’Arvor (74 ans) est au cœur d’un scandale sexuel sans précédent dans les médias français. Ce jeudi à 22h40, La Une diffuse le documentaire «PPDA l’impuni».

Il émane de lui une aura presque palpable. Pas seulement par sa taille surplombant les convives. Pas non plus car il dégage une élégance raffinée naturelle. Pas exclusivement parce qu’il capte au quotidien les regards de 10 millions de téléspectateurs. Quand vous le croisez où le côtoyez ne fut-ce qu’un instant dans une assemblée, Patrick Poivre d’Arvor renvoie un subtil mélange de force et de fragilité, de distance et de proximité, tel un héros de roman. Celles et ceux qui l’ont croisé au sommet de sa gloire médiatique ont pu ressentir cela. Puis sont arrivées les rumeurs et, en 2021, les accusations de viols, d’harcèlement et d’agressions sexuels.

Itinéraire d’un enfant surdoué

En 1962, Patrick Poivre est un adolescent hors du commun. Âgé d’à peine 15 ans, il est déjà bachelier et s’apprête à devenir… papa ! Deux ans plus tard, il écrit son premier roman «Les Enfants de l’aube» et à 22 ans, il est diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris. Mais c’est le journalisme qui l’intéresse. Une fois ses études achevées, une carrière incroyable commence. France Inter, Antenne 2, Canal+, RMC puis, en 1986, TF1. Un an après son arrivée sur la chaîne à peine privatisée, on lui confie les clés du JT de 20 h. Il reste à sa tête jusqu’en 2008, battant tous les records d’audience au point d’en faire le rendez-vous de l’info le plus regardé d’Europe.

Parfums de scandales…

À l’époque, aucun superlatif ne suffit pour saluer la qualité du travail du présentateur, désormais surnommé PPDA. En 1990, quand il exfiltre un bébé de 18 mois retenu en Irak avec son père, on crie à l’héroïsme. Quand, un an plus tard, il trafique pour se l’attribuer une interview de Fidel Castro recueillie lors d’une conférence de presse internationale, on passe l’éponge. Quant à PPD, sa marionnette des «Guignols de l’info» sur Canal+, elle lui assure un capital sympathie. Mais la roue tourne. En 2008, il quitte TF1, «victime d’un licenciement déguisé», déclare-t-il. «Poussé vers la sortie par le président Sarkozy», affirmeront d’autres. L’histoire s’achève : «À ciao, bonsoir…».

… et faits scandaleux

On perd alors le journaliste de vue, on entend sa voix sur différentes radios ou lorsqu’il présente les fêtes de l’Ommegang à Bruxelles. Mais à partir de février 2021, d’autres voix s’élèvent… plus fort ! Viols, harcèlements et agressions sexuels : au total, 25 femmes témoignent contre lui et 15 portent plainte dont 6 pour viol. PPDA se défend, nie et parle «d’accusations fantaisistes». En juin 2021, l’enquête préliminaire est classée sans suite en raison de la prescription ou «d’infractions insuffisamment caractérisées». Écœurées, sept des accusatrices persistent et témoignent à visage découvert. Malgré la prescription, une ancienne stagiaire décrit le viol dont elle a été victime en 1985 «avec l’espoir que cela serve au moins à d’autres», dit-elle.

Omerta autour de PPDA

Derrière le journaliste surdoué, l’écrivain romantique, le séducteur invétéré, le documentaire «Doc Shot» (La Une) raconte la face cachée d’une personnalité toute puissante, les dérives d’une vedette de la télé longtemps impunie. Car flotte aussi autour de lui une sorte d’omerta malaisante…  

Cet article est paru dans le Télépro du 21/4/2022

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