Pierre Palmade, l’humoriste devenu infréquentable
L’humoriste Pierre Palmade, pour qui le parquet de Melun a requis un procès pour homicide et blessures involontaires, est devenu un paria après le grave accident de voiture causé sous l’emprise de la cocaïne, qui a jeté une lumière crue sur ses addictions.
Le 10 février 2023, alors qu’il a passé trois jours à consommer des drogues sans dormir, il prend le volant et percute sur une route de Seine-et-Marne une voiture qui venait en face.
Outre le comédien et metteur en scène alors âgé de 54 ans, l’accident fait trois blessés graves au sein d’une même famille: un homme, son fils de 6 ans et sa belle-sœur, qui perd le bébé qu’elle attend.
L’acteur est hospitalisé, mis en examen, puis placé sous contrôle judiciaire avec obligation de soins.
Pierre Palmade n’avait jamais caché qu’il luttait depuis plus de 30 ans par l’humour contre ses terreurs existentielles.
Après l’accident, révélations en cascade sur ses addictions (alcool, stupéfiants, chemsex), accusations de détentions d’images pédopornographiques, perquisitions à son domicile ont rythmé l’actualité.
Ses proches gardent d’abord le silence. Michèle Laroque évoquera six mois après son « immense chagrin »: « tout ce que j’avais à lui dire, je le lui ai dit, et je continuerai. Mais ça reste entre lui et moi ». Muriel Robin a, elle, définitivement coupé les ponts: « je ne suis plus son amie ».
Avec son regard exorbité, sa silhouette dégingandée, Pierre Palmade avait conquis un large public, enchaînant les succès avec ses spectacles comme « Ils s’aiment » (1996), « Ils se sont aimés » (2001), « J’ai jamais été aussi vieux » (2010), ses pièces de boulevard et des records d’audience à la télévision (« Le grand restaurant »).
Burlesque, son humour cible d’abord l’homme ordinaire avec ses petits mensonges et ses mesquineries puis va, au fil des années, se centrer sur lui-même, fêtard angoissé.
« C’est mon exhibitionnisme intellectuel qui me pousse à monter sur scène. Mes peurs de mourir et mes rapports compliqués aux autres: ma mère, mes amours, ma sexualité », confiait-il à Paris Match en 2001.
Cette même année, alors qu’il est marié depuis six ans avec Véronique Sanson, il révèle sa bisexualité. « Je ne peux me réduire à l’homosexualité sous prétexte que je suis régulièrement attiré par des garçons ».
Monde de la nuit
Après son divorce en 2004, son orientation sexuelle nourrit de plus en plus ses spectacles. Il fera polémique en avouant sa « tristesse d’être homo ».
Né le 23 mars 1968 à Bordeaux, d’une professeure d’anglais et d’un obstétricien, Pierre Palmade affirme avoir perdu « tous repères masculins à 8 ans ».
Son père, appelé pour un accouchement, meurt une nuit, la voiture lancée contre un arbre. Sa mère refuse qu’il assiste aux obsèques, il en garde une impossibilité à faire son deuil.
C’est au milieu de femmes qu’il forme son sens de l’humour, versé dans l’autodérision. Il singe Jacqueline Maillan, fasciné par ses jeux de rupture et son outrance. A 19 ans, il arrête sa prépa HEC et part pour Paris.
Premières rencontres: Guy Bedos interprète ses premiers sketchs puis Sylvie Joly met en scène son premier one-man show « Ma mère aime beaucoup ce que je fais ». Avec « le joint », « le colonel », le spectacle remporte un large succès.
La critique lui reconnaît un talent d’écriture qui ramasse en peu de mots l’absurdité du quotidien et de troublantes intonations communes à Muriel Robin, « son double ».
Il découvre aussi la nuit. « Etre connu me faisait kiffer, la nuit était le prolongement de la scène », confie-t-il au JDD. Après quinze ans de fêtes et une condamnation en 1995 pour consommation de cocaïne, il avoue « être tombé dans une maladie nommée dépendance ».
Deux ans plus tard, il affirme avoir remonté la pente. Mais en 2019, il est placé en garde à vue pour « usage et acquisition de stupéfiants » après avoir été faussement accusé de viol.
En 2020, avec son spectacle « Assume, bordel ! », il abordait toutes les thématiques du couple homo. « Avec cette pièce, j’espère me faire pardonner des gens qui m’ont mal compris ».
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