Penélope Cruz, la discrète magnifique
Elle brille à l’écran depuis trente ans, mais mène une vie à l’abri des regards, ne sortant que pour défendre des causes philanthropiques. Ce dimanche à 22h55, Arte dresse son portrait avec le documentaire «Penélope Cruz, les reflets de la passion».
«J’ai toujours eu le syndrome de l’imposteur», reconnaît Penélope Cruz, 48 ans. L’actrice oscarisée et muse de Pedro Almodovar, avec lequel elle a tourné sept films, continue de douter. «C’est une question de respect. Envers les autres, envers moi. J’aborde chaque rôle comme si c’était le premier et le dernier.»
Jambon porte-bonheur
Peut-être cette crainte est-elle issue d’un traumatisme de ses débuts… La jeune Espagnole, petite boule d’énergie que ses parents canalisent en l’inscrivant à un cours de danse classique, a toujours voulu faire du théâtre et du cinéma.
Mais l’agent Katrina Bayonas, qui l’auditionne quand elle a 15 ans, refuse trois fois de lui signer un contrat. «Elle me trouvait trop jeune !», se souvient Penélope. «J’ai insisté, j’ai improvisé une scène de colère en évacuant ma frustration !»
L’excès d’ire est payant ! Bayonas la prend sous son aile. La jeune femme démarre au cinéma dans «Jambon, Jambon», en 1992. Cette fiction est sa bonne fée : elle y croise un certain Javier Bardem avec lequel la connexion est immédiate – mais l’actrice étant mineure, son partenaire tient ses distances – et son interprétation interpelle un talentueux cinéaste : Pedro Almodóvar.
Émotive viscérale
Le réalisateur est touché par sa personnalité : «C’est une comédienne très profonde dans la douleur et le drame, authentique, très viscérale. Elle respire la vérité. Mais parce qu’elle est si émotive, chaque fois qu’elle lit un scénario, elle est submergée et pleure. Au début, je l’ai accepté, ensuite je me suis appliqué à la vider de ses larmes ! Il est plus intéressant pour les caméras lorsqu’un personnage retient ses larmes que quand il sanglote.»
Le tandem du 7e art hispanique tourne notamment «Tout sur ma mère», «Volver» et le poignant «Madres Parallelas». Entre-temps, Penelope séduit le tout-Hollywood, reçoit un Oscar pour «Vicky Cristina Barcelona» (de Woody Allen) et est la première star ibérique à avoir son étoile sur le Walk of Fame. Petite amie de Tom Cruise (rencontré sur le tournage de «Vanilla Sky»), de Nicolas Cage, puis Matthew McConaughey, elle se marie discrètement en 2010 avec celui qui l’attendait : Javier Bardem.
Sang amoureux et sens de la famille
Il est lui aussi subjugué par sa sensibilité : «Elle a ce que j’appelle le sang amoureux. La passion pour tout. C’est si attirant.» Le couple tourne ensemble («Vicky Cristina Barcelona», 2008, «Escobar», 2017, «Everybody Knows», 2018) et réduit son temps de travail quand naissent leur fils Leo, en 2011, et leur fille Luna, en 2013. «Tout est différent avec une famille», dit l’actrice. «Tous les enfants du monde donnent aux adultes une leçon de responsabilité, d’empathie et de compassion !»
Une compassion que Penélope a aussi pour autrui. La philanthrope vient en aide à des jeunes et des adultes issus d’anciens gangs de rue, fait du bénévolat en Inde, au Népal, en Ouganda, et verse l’entièreté de son cachet du film «The Hi-Lo Country» (1998) à la Fondation Mère Teresa.
Elle mène aujourd’hui un autre combat. Peu encline à se dévoiler sur les réseaux sociaux, l’actrice s’inquiète de leurs répercussions sur les enfants. «Les miens n’y auront pas accès avant leurs 16 ans !», assure-t-elle. «Je regrette que seule une minorité de parents pense comme moi. Je suis très préoccupée par le fait que les jeunes enfants y soient trop exposés à mesure que leur cerveau se développe. Il faut protéger les jeunes générations !»
Cet article est paru dans le Télépro du 21/7/2022
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