Paula Beer («Transit» sur Arte) : «J’aime les rôles complexes»

Dans «Transit», un récit dystopique, elle forme avec Franz Rogowski un couple qui fuit le fascisme © Arte

Jeune, déterminée et surdouée, l’actrice allemande de 25 ans laisse, pas à pas, une forte empreinte dans le cœur du public. Comme dans «Transit», un splendide drame onirique à voir ce lundi à 20h55 sur Arte.

La presse de son pays natal la compare déjà à son aînée, Romy Schneider. Mais sans porter atteinte à la mémoire de celle-ci, il serait injuste de réduire Paula Beer à une sororité, même illustre. La jeune femme au regard de cristal a une personnalité bien à elle. Sans être carriériste, elle a choisi, dès ses débuts, des rôles forts. Son moteur : la passion du 7e art et l’ardent souhait d’incarner des femmes que l’on n’oublie pas.

Multi-primée

Son héroïne dans «Transit», film inédit d’Arte, en est un parfait exemple. Dans ce récit dystopique, inspiré d’un roman de 1944 mais transposé dans le monde actuel, Paula est l’énigmatique Marie, tombée amoureuse de Georg. Tous deux réfugiés teutons antinazis fuient les fascistes et, via Marseille, espèrent partir pour les États-Unis.

«J’ai été touchée par ce côté intemporel qui relate le drame des réfugiés d’hier, d’aujourd’hui et de demain», confie l’actrice. «Marie est perdue dans le temps et ses sentiments, pensant trop au passé et à l’avenir, sans goûter le présent. C’est bouleversant. J’aime laisser ce genre de personnage – aux bagages lourds mais pleins d’espoir -, s’emparer de moi !»

On comprend mieux pourquoi elle a fait des étincelles dans «Frantz» (de François Ozon, avec Pierre Niney), qui lui a valu le Prix Marcello Mastroianni à Venise en 2016, ou dans «Ondine» où elle a ému le dernier Festival de Berlin et reçu l’Ours d’argent.

Âme mûre et libérée

Quel est le secret de ce phénomène au visage de poupée ? Paula s’est initiée au théâtre dès l’âge de 8 ans et a acquis l’esprit d’indépendance de sa famille d’artistes, dont celui de sa mère, peintre. «Elle m’a encouragée à choisir des sujets que j’aime, m’expliquant qu’on ne doit pas prendre de décision sous la pression. Ça m’a apaisée, libérée», ajoute l’actrice.

«Cela a fait d’elle une âme mûre !», ajoute Andrea Lambsdorff, l’agent de la star.

Cette solidité et cette latitude, Beer les cherche dans l’interprétation. «En tournage, j’arrive à un point où je ne me soucie plus de jouer, je lâche prise. Ce pouvoir incroyable me permet de me connaître, de découvrir des facettes inconnues. J’aime m’isoler avant une scène. Car un acteur est totalement dépendant de ce qu’il est à cet instant précis.» L’artiste n’est pas pour autant une solitaire farouche. «Après le travail, j’ai besoin de quitter cette bulle, de m’imprégner des autres. Avoir un environnement privé stable, cultiver mes relations familiales et amicales est sacré !»

Cette richesse sera utile à son avenir : «Je veux continuer de jouer de grands personnages, même dans d’autres pays, d’autre langues.» Restée bonne élève comme dans son enfance, Paula consigne tout dans des cahiers d’écolière : «Il y a des annotations sur les rôles, mes émotions, mes doutes, des dessins gribouillés, des recherches sur moi-même. Je les feuillette ensuite, tels des albums-photo.» De nombreux autres chapitres vont à coup sûr s’ajouter à ce journal intime…

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 5/11/2020

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