Patrick Juvet : son «Lundi au soleil» brille pour l’éternité !

Sous son sourire, il cachait une fragilité © Isopix
Alice Kriescher Journaliste

Dans le documentaire «Patrick Juvet : à cœur ouvert» (ce vendredi à 20h50 sur La Une), Nicoletta et Palmade, entre autres, racontent leur ami, un artiste à l’âme tendre et fragile qui nous quittait il y a juste un an.

Avec ses rythmes disco et sa mèche blonde, Patrick Juvet (1950-2021) a marqué les années 1970. De ses débuts à son décès, retour sur sa vie et son œuvre.

Amis bien choisis

Né le 21 août 1950, à Montreux, en Suisse, Patrick découvre tôt la musique grâce à son père. Vendeur de radios et de télés, il se plaît à achalander son commerce de disques venus tout droit d’Amérique. Son fils en raffole. Très bon élève du Conservatoire de Lausanne dès 6 ans, il y décroche le premier prix de piano.

À peine majeur, une agence de mannequins le repère et, en 1971, il «monte» à Paris où, grâce à des amis du showbiz, il rencontre Eddie Barclay. La magie du «Roi du microsillon» opère et, l’année suivante, le premier 45 tours de Juvet, «Romantiques pas morts», voit le jour.

S’ensuit un album, «La Musica», s’écoulant à plus de 300.000 exemplaires ! Le jeune homme plaît aux stars les plus prestigieuses, dont Cloclo pour qui il compose ce qui deviendra le célébrissime… «Lundi au soleil» !

Amoureux éconduit

Après avoir défendu les couleurs de sa Suisse natale à l’Eurovision ’73 (12 e sur 17), Patrick retrouve la scène et «son» public. Lors de sa tournée, un des choristes l’impressionne et il l’invite sur un titre de son album «Chrysalides», en 1974. Son nom : Daniel Balavoine ! L’auteur de «L’Aziza» voit sa carrière décoller.

En 1975, une rencontre bouleverse Juvet : Jean-Michel Jarre. Le blondinet, qui n’a jamais caché sa bisexualité, tombe amoureux fou du parolier. Mais son émoi est à sens unique. Leur travail est néanmoins fructueux : 21 titres, dont le célébrissime «Où sont les femmes ?».

Malgré tout, Patrick a l’obsession de séduire Jarre : «J’arrivais à chanter en pensant à lui», confie-t-il un jour. Le cœur brisé lorsque son amour impossible épouse l’actrice Charlotte Rampling, Juvet part pour Los Angeles.

Démons de la nuit

Avec les années 1980, passe la vogue du disco et Juvet rate le train de la «new wave», puis l’électro, la techno… Sa chute de popularité le fait plonger dans la drogue et l’alcool.

«Quand on tremble dès le réveil, à avoir besoin de n’importe quel alcool pour que ça passe, on a le choix : continuer et sombrer ou se soigner et vivre», confiera-t-il à Gala. «Aux yeux de tous, j’étais foutu. J’ai mis dix ans à m’en sortir».

Ennui mortel

Patrick Juvet ne renouera jamais avec la gloire. Dans les années 2000, débarrassé de ses démons, il s’offre une place au soleil, à Barcelone. Entre 2009 et 2018, le public l’applaudit lors des tournées «Âge tendre et tête de bois»…

Le 1er avril 2021, son agent annonce son décès, alors qu’il était confiné à cause du covid dans son loft catalan. L’autopsie révèle qu’il a succombé à une crise cardiaque. «Il s’ennuyait ces derniers temps. Deux jours avant, il me confiait sa détresse de ne plus faire de concerts», explique l’agent, avant de saluer le talent d’un artiste qui était «tellement plus qu’un chanteur à minettes ou le roi du disco». 

Cet article est paru dans le Télépro du 24/3/2022

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici