Obséques de Jean-Pierre Mocky à Paris : humour et larmes
L’humour et les larmes se sont mêlés lundi pour les obsèques à Paris du réalisateur iconoclaste Jean-Pierre Mocky, dont tous les hommages ont souligné l’extrême liberté et la générosité.
Une foule dense –personnalités du spectacle et compagnons de route de ses films, mais aussi simples fans de son cinéma déjanté — a accueilli le cercueil dans la vaste église Saint-Sulpice (VIème), alors qu’un orgue de barbarie jouait notamment « Paris Jadis », ode au Paris populaire.
Âgé de 90 ans, Jean-Pierre Mocky s’était éteint jeudi alors qu’il travaillait encore à un projet de film.
En présence du ministre de la culture Franck Riester, de nombreux acteurs ont fait le déplacement: Michael Lonsdale, Dominique Lavanant, Agnès Soral, Dominique Pinon, Daniel Russo, Benoit Magimel, Henri Guybet, Bernard Menez, Daniel Prevost, Elsa Zylberstein… Les chanteurs Richard Gotainer et Tom Novembre, le compositeur Vladimir Cosma ont pris également place dans l’église.
« Il était provocateur et attentionné, tout et son contraire! Le tournage avec lui était un plaisir. Il savait aller sur la pointe des pieds tout en hurlant de temps en temps », a confié aux journalistes Dominique Lavanant.
Ancien aumônier des artistes, le père Philippe Desgens a accueilli le cercueil de bois clair en soulignant que la mère de Mocky, catholique, l’avait fait baptiser, et ajouté, en allusion à un de ses films cultes, qu’il était décidément « un drôle de paroissien ».
Le curé Jean-Loup Lacroix a relevé que « derrière le provocateur, il y a une homme d’une grande sensibilité ». « Il est temps que je m’arrête avant de l’entendre hurler de là-haut, non pas +moteur+ mais +coupez+ », a-t-il conclu avec humour, déclenchant des rires.
Au nom de ses enfants, sa fille Olivia Mokiejewski a salué « un regard critique qui réveillait d’un monde aseptisé ». « Il nous avait convaincu qu’il vivrait cent ans pour faire des films. Rien n’était normal avec lui ». S’il n’était « pas vraiment un père et un mari », il était « génial ». Elle a relevé qu’ils « ne s’étaient pas habillés en noir » et que, dans son cercueil, lui-même avait voulu qu’on lui mette « une veste orange, un chapeau, un pantalon treillis et un caleçon Playboy ».
Divers témoignages ont relevé son caractère de « roi des bricoleurs » qui le faisait toucher à tout, appelant chacun par son prénom, même s’il pouvait les traiter de « cons ». « Son propos sans langue de bois lui a fermé quelques portes », a relevé l’un d’eux.
Le réalisateur devait ensuite être enterré dans le cimetière Prieuré Noir à Saint-Prix dans le Val d’Oise, dans la plus stricte intimité.
Dans le carnet du Figaro, ses enfants avaient invité ses fans à « venir lui adresser un au revoir joyeux plutôt que de pleurer sa mort ».
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